A la veille du prochain sommet Chine-Afrique, qui se tiendra en septembre à Pékin, la diplomatie française multiplie les notes et les réflexions sur la désaffection des pays africains envers la coopération française, délaissée au profit des crédits de Pékin. Une révolution déjà largement engagée dans les échanges commerciaux et qui laisse Paris sur le quai. Branle-bas de combat en avril dans les ambassades de France en Afrique: sur injonction de leur ministère, les diplomates étaient tenus de rédiger des notes sur les projets économiques susceptibles d’être conjointement menés par des entreprises françaises et chinoises. Le Quai d’Orsay et Bercy doivent procéder à une synthèse de ces travaux avant l’été et proposer une feuille de route. Appelée de ses vœux par Emmanuel Macron lors de son déplacement en Chine en janvier, la coopération franco-chinoise en Afrique reste en effet largement virtuelle. Le seul instrument dédié au projet présidentiel est le Fonds franco-chinois pour l’investissement dans les pays tiers. Mis en place en 2016, il associe la branche internationale de la Caisse des dépôts et des consignations et China Investment Corp. Problème : ce fonds n’est doté que de 300 millions d’euros, une somme dérisoire au vu des montants que peut mobiliser l’Exxim Bank of China, pour ne citer qu’elle. Mais surtout, après deux ans d’existence, le Fonds franco-chinois n’a identifié que… deux projets, dont un seul en Afrique (une ferme d’éolienne en Namibie), même si d’autres, notamment dans la logistique, sont actuellement à l’étude.

Une image dégradée de la France

En attendant que la coopération française parvienne à rattacher ses wagons à la locomotive chinoise, Pékin multiplie les initiatives et les crédits sur le continent, au grand dam de Paris. Signe de cette inquiétude, la direction Asie du Quai d’Orsay a rédigé une note très peu diplomatique sur le sujet en décembre 2017, qu’Africa Intelligence a pu consulter.
La note fait le compte rendu d’une rencontre entre des diplomates français et un groupe de sept ambassadeurs africains en poste en Chine (Côte d’Ivoire, Centrafrique, Djibouti, Gabon, Mali, Madagascar et Sénégal).
Interrogés sur les mérites comparés des coopérations françaises et chinoises, les émissaires africains n’ont pas de mot assez dur pour qualifier la politique de crédit française en Afrique : « lenteur »« bureaucratie » et « critères excessifs », sans parler d’une « image dégradée de la France », trop restrictive en matière de visas…

Des taux d’intérêt chinois très attractifs

A l’inverse, l’Afrique aurait « énormément bénéficié des aides » de la Chine, triplement intéressante car assortie « de taux d’intérêt très bas » et centrée sur les « grands projets » et les « industries de transformation ». Au-delà de ces facteurs économiques, les ambassadeurs africains interrogés par Paris ont également souligné que « de nombreuses bourses d’étude étant désormais offertes par la Chine, les jeunes générations étaient moins tournées vers la France que par le passé ».

Face à ces remontrances, pudiquement qualifiées « d’échanges très francs », les diplomates du Quai d’Orsay concluent que ce « discours extrêmement élogieux à l’égard de la politique africaine de la Chine doit conduire à relativiser nos affirmations sur l’existence d’un sentiment antichinois en Afrique » (même si, pas dupes, les auteurs de la note glissent qu’« il n’est pas étonnant que les ambassadeurs africains à Pékin, dont l’une des principales missions est d’attirer les investissements chinois (…), soient émerveillés par les nombreux projets de la Chine sur le continent »).

L’Angola, terre de coopération entre le business français et chinois

La coopération française paraît d’autant plus en retard sur la pénétration chinoise en Afrique que le monde des affaires, lui, s’est rapidement adapté à la nouvelle donne. De nombreux groupes français et occidentaux n’ont pas hésité à s’associer à des entreprises chinoises en Afrique, voire à solliciter des crédits de Pékin pour leurs projets sur le continent. C’est ce que font SuezBolloré ainsi que les géants du BTP Eiffage et Louis Berger qui, comme l’a révélé La Lettre du Continent(ont choisi de s’associer avec des groupes chinois pour développer routes, ports et aéroports en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Mali.

Sentant le vent tourner, certaines têtes de pont des réseaux français en Afrique n’ont pas attendu les notes du Quai d’Orsay pour mettre leur carnet d’adresses au service des intérêts chinois en Afrique. Le premier à sauter le pas fut Pierre Falcone. Dès le milieu des années 2000, l’homme d’affaires a ouvert toutes grandes les portes de l’Angola aux groupes chinois comme l’expliquait alors Africa Energy Intelligence . Il a ensuite été imité par Vincent Miclet, qui a largement épaulé les sociétés de BTP chinoises à Luanda. Depuis, d’autres courtiers français se sont engouffrés dans la brèche, à l’instar de Jacob ‘Jack’ Hazout qui, comme l’a révélé Intelligence Online prospecte l’Afrique pour le compte des sociétés d’armement chinoises Norinco (North China Industries Corp.) et Poly Technologies (Polytech).

Les investissements français pénalisés en Algérie depuis la loi « 51/49 »

Dans d’autres régions d’Afrique, en revanche, réseaux français et chinois se livrent à une concurrence féroce, qui tourne souvent à l’avantage de Pékin. En Algérie, où la France et la Chine se disputent la place de premier partenaire commercial du pays, les investissements français ont été largement pénalisés par la législation dite du « 51/49 ». Promulguée en 2009, elle édicte que tout nouvel investissement soit majoritairement détenu par des intérêts algériens, tout en laissant le contrôle opérationnel à l’investisseur étranger. Cette loi épargne largement les entreprises chinoises, qui interviennent comme maître d’œuvre ou importateur de produit fini, et prennent grand soin de s’associer à des responsables locaux, comme le député FLN de la wilaya de l’Adrar, Ali el-Hamel, partenaire stratégique de plusieurs groupes d’infrastructure chinois, comme l’a révélé Maghreb Confidentiel .

Djibouti, bastion chinois

Enfin, certaines places fortes de l’influence française sont désormais les bastions exclusifs du business chinois. Lourdement endetté auprès de Pékin, Djibouti n’a rien à refuser à son parrain. Comme l’a révélé La Lettre de l’océan Indien Bolloré et CMA CGM ont joué le rôle de figurants lors du retrait brutal, en mars, du contrat de gestion du Doraleh Container Terminal (DCT) à l’émiratie DP World. Aucun des deux groupes français n’a, à ce jour, pu profiter de l’éviction de l’opérateur portuaire d’Abou Dhabi, tant le dossier est verrouillé par les intérêts chinois qui opèrent déjà le Doraleh Multipurpose Port, une extension du DCT.

 

Macron à la remorque de la Chinafrique] 2/3 – Les officiers africains préfèrent Pékin à Saint-Cyr.

 

Moins visible que l’activisme des groupes chinois dans le BTP, l’entrisme de Pékin dans les états-majors africains n’en est pas moins réel et inquiète au plus haut point Paris, qui voit l’un de ses traditionnels relais d’influence sur le continent menacé. Le président chinois Xi Jinping et le président du Congo-B Denis Sassou Nguesso. ©ReutersOn ne prête qu’aux riches : lorsque le responsable de la très puissante association des anciens élèves de Saint-Cyr se déplace en Afrique, les rumeurs fusent. C’est ce qui est récemment arrivé au général Bruno Dary : en déplacement privé au Congo en mars, où il conseille la société agroalimentaire Somdiaa d’Alexandre Vilgrain, le président de la Saint-Cyrienne a très vite été présenté dans le tout-Brazzaville comme l’émissaire officieux du chef de l’Etat français Emmanuel Macron auprès de son homologue Denis Sassou N’Guesso…. une information fausse mais qui a poursuivi l’officier, reconverti dans le civil, jusqu’en Centrafrique, où il a également visité les installations de la Somdiaa. Via Saint-Cyr et ses « crocos », surnom donné aux élèves officiers africains, Paris dispose d’un vaste réseau d’influence en Afrique. Frédéric Bongo, qui dirige les services de sécurité et de renseignement au Gabon, ainsi que le directeur de la police congolaise, André Obami Itou, ont tous deux porté le casoar, comme l’ancien président ivoirien Robert Gueï et tant d’autres.

Le matériel militaire chinois avantagé

Mais le monopole français sur la formation des officiers africains est sérieusement remis en cause par Pékin, comme l’analyse une note confidentielle rédigée par le Quai d’Orsay et révélé par Africa Intelligence. Résumant une série de consultations avec des ambassadeurs africains en poste en Chine, la note explique que « chaque année, plusieurs dizaines [d’officiers africains] sont invités en Chine pour des stages de formation. En conséquence, ces derniers se familiarisaient avec les équipements chinois, ce qui pouvait donner un avantage aux industries de sécurité et d’armement chinoises en Afrique ».

Et, de fait, plusieurs groupes parapublics chinois, aux premiers rangs desquels Norinco (North China Industries Corp.) et Poly Technologies (Polytech), sont à l’offensive en Afrique francophone, notamment en Algérie où Norinco a livré, comme l’a révélé Maghreb Confidentiel des obusiers automoteurs de 155 mm PLZ-45 ainsi que des canons PLL-01, des camions lance-roquettes SR5 et des blindés WZ551. Au Congo-B, les groupes chinois sont également très actifs : fin janvier, le gouvernement congolais a réceptionné, plusieurs conteneurs d’équipement de maintien de l’ordre et d’armes légères en provenance de Chine, seul pays à avoir salué la réélection de Denis Sassou N’Guesso. Le déchargement de ce matériel a bloqué le port de Pointe-Noire pendant plus de 24 heures et n’est pas passé inaperçu des équipages de navires vraquiers, qui ont dû interrompre leur opération de manutention pendant toute la durée des opérations. Les équipements chinois ont ensuite été transportés de nuit, par camion, jusqu’à Brazzaville.

« Une ou deux places par an » à Saint-Cyr

En comparaison, notent les ambassadeurs africains discrètement interrogés par le Quai d’Orsay, « la France n’offre qu’une ou deux places par an » aux officiers africains désireux de suivre une formation à Saint Cyr. Les diplomates français ont eu beau rappeler à leurs interlocuteurs que « les formations offertes par la France » sont « moins nombreuses » mais « exactement les mêmes que celles dispensées aux élèves officiers français, ce qui n’est pas le cas en Chine, où les stagiaires participent à des cours pour étrangers », ils ont été peu entendus par leurs interlocuteurs.

Participation accrue de la Chine au maintien de la paix

Même constat sur la contribution chinoise au maintien de la paix sur le continent : les diplomates français ont beau rappeler que c’est la France, et non la Chine, qui assure l’essentiel du financement Barkhane au Sahel et qui a le leadership diplomatique sur l’opération anti-terroriste dite « G5 Sahel« , leurs interlocuteurs africains ne voient, eux, que la hausse spectaculaire de la contribution chinoise au travail des casques bleus de l’ONU. Sous l’impulsion du président Xi Jinping, la Chine a notablement augmenté, depuis quatre ans, ses efforts financier et militaire à l’ONU, portant sa participation au budget du maintien de la paix de 3 à 5% et fournissant près de 400 soldats et instructeurs à la Minusma, le détachement militaire de l’ONU positionnée contre les milices djihadistes actives au Nord-Mali. La Chine a également envoyé près de 200 soldats et officiers au Congo-K pour participer à la Monusco, et un contingent chinois sert également au Darfour, sous la bannière de l’Unamid.

Dans ses projections militaires sur le continent, la Chine privilégie systématiquement les missions multilatérales (ONU ou Union africaine – UA) au détriment des détachements comme le G5 Sahel, où un pays – en l’occurrence la France – a le leadership. Paris a essayé à maintes reprises de convaincre Pékin de contribuer au financement du déploiement antiterroriste au Sahel, à ce jour sans succès. La Chine a préféré, à la fin de l’année dernière, faire une promesse de don de 100 millions $ à l’UA plutôt que de mobiliser des fonds pour la mission sahélienne, dont les principaux contributeurs financiers restent l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, ainsi que l’Union européenne et les Etats-Unis.

Poste avancé sur la mer Rouge

Mais, parallèlement à ses contributions onusiennes, Pékin mène sa propre diplomatie militaire en Afrique. Dès 2015, La Lettre de l’océan Indien avait révélé que Pékin travaillait à mettre en place une base militaire à Djibouti afin de disposer d’un poste avancé sur la mer Rouge, pièce centrale des nouvelles « routes de la soie » qui constituent le cœur de la stratégie de développement économique menée par Xi Jinping. Cette base a finalement été inaugurée en août 2017, mais présentée par Pékin comme une simple « base logistique » (voir notre dossier sur le sujet). Signe que la caserne est cependant bien une plateforme militaire, le contingent chinois à Djibouti travaille d’ores et déjà à l’organisation de manœuvres dans le pays.

FSG au service de la diplomatie chinoise

Le dernier vecteur d’influence militaire de Pékin en Afrique est sans conteste le plus mystérieux, mais certainement pas le moins efficace. Fondée par l’américain Erik Prince, la société de logistique et de sécurité privée Frontier Services Group (FSG) compte parmi ses actionnaires le fonds d’État chinois Citic et coordonne régulièrement ses actions avec la diplomatie chinoise. FSG assure notamment la sécurité des opérations des pétroliers chinois au sud-Soudan ainsi que des entreprises minières de Pékin au Congo-K, comme l’a révélé Intelligence Online dans une longue enquête. En outre, la société d’Erik Prince n’hésite pas à mener des opérations plus offensives pour le compte des gouvernements africains alliés à Pékin. En été 2016, FSG a traqué, pour le compte de Djouba, l’ancien leader sud-soudanais Riak Machar, devenu un opposant au pouvoir sud-soudanais.

 

Macron à la remorque de la Chinafrique] 3/3 – Paris écrasé par les grands travaux de Pékin

 

 

C’est en menant à bride abattue les grands projets transnationaux qu’aucune institution occidentale ne voulait financer que les entreprises chinoises se sont imposées sur le continent au détriment de leurs homologues européens, en particulier français. Un retard que Paris a désormais toutes les peines du monde à rattraper. La Chine double la France sur les projets à la rentabilité hasardeuse. Ici, un chantier au Kenya. “La Chine voit grand. » C’est la réponse presque existentielle qu’ont faite les ambassadeurs africains à Pékin discrètement sondés par leurs homologues français. Résumé dans une note confidentielle révélée par Africa Intelligence (voir « Le Quai d’Orsay tétanisé par l’activisme de Pékin » et « Les officiers africains préfèrent Pékin à Saint-Cyr »), leurs réactions illustrent de manière crue le fossé qui s’est creusé entre la coopération française et chinoise sur le continent. « Quand bien même certaines études de faisabilité avaient pu montrer que de telles infrastructures seraient difficilement rentables, l’expérience montre que celles-ci pouvaient largement excéder les attentes », écrivent, surpris, les diplomates de la direction Asie du Quai d’Orsay, citant notamment l’exemple de « la route en Kaye et Bamako au Mali ». En réalité, ce projet n’est pas une route mais une vaste boucle ferroviaire entre Dakar et Bamako, mené tambour battant par China Railway Construction Corp pour 2,5 milliards de dollars, comme l’a détaillé une enquête de La Lettre du Continent (article du 21/02/18. Sur ces grands programmes d’infrastructure à la rentabilité hasardeuse, la Chine double systématiquement ses concurrents français. Ainsi, Bolloré Africa Logistics, filiale du groupe éponyme, a bien tenté de monter un mégaprojet ferroviaire régional devant permettre, à terme, de relier le Bénin, le Niger, le Togo, le Burkina et la Côte d’Ivoire (voir notre dossier sur le sujet). Las ! L’entreprise a très vite été parasitée par un arbitrage lancé par l’homme d’affaires béninois Samuel Dossou, également détenteur d’un contrat de concession pour un projet similaire. Ce programme a sombré corps et biens pour être récupéré par… la Chine, qui négocie depuis l’année dernière avec le Bénin et le Niger pour récupérer ce projet initié par Vincent Bolloré.

Lenteur des bailleurs occidentaux

 

Non seulement la Chine voit grand, mais elle est rapide. « Plusieurs ambassadeurs [africains] ont critiqué la lenteur de la mise en œuvre de projets quand ceux-ci étaient réalisés par des bailleurs occidentaux, résume la note du Quai d’Orsay. La Côte d’Ivoire a notamment signalé qu’un projet de train urbain était toujours en discussion depuis plus de dix ans alors qu’un pays voisin qui travaillait avec la Chine avait en très peu de temps déjà lancé la construction. » Même constat de l’autre côté du continent : « L’ambassadeur de Djibouti a pris le cas d’une usine de dessalement d’eau de mer, d’un montant pourtant modeste qui, après 20 ans, n’avait toujours pas pu être financé par des fonds européens alors que récemment, et en quatre mois, la Chine avait amené de l’eau dans le village concerné en la faisant venir d’une source à 300 kilomètres. Les diplomates français ont beau mettre en avant les multiples travers de la coopération chinoise – médiocre « qualité des projets »« emploi de main-d’œuvre chinoise » au détriment de l’emploi local, « exploitation des ressources naturelles » et creusement de la dette -, leurs interlocuteurs ne désarment pas, même quand leurs pays sont lourdement endettés envers Pékin. Mieux, ils critiquent la règle « qui permet aux pays occidentaux d’avoir des niveaux d’endettement pouvant aller jusqu’à 250% de leur PIB sans que cela pose de difficulté, alors que les grandes institutions financières internationales se montrent intraitables avec les pays africains sur les questions d’endettement ». La Chine, elle, est jugée bien plus compréhensive…

Emprunts contre pétrole ?

 

Le point aveugle de la note du Quai, ce sont les modalités de remboursement des méga-crédits accordés par la Chine pour financer les projets d’infrastructure qu’elle mène sur le continent. Les ambassadeurs africains se gardent bien de l’évoquer, mais les emprunts sont le plus souvent remboursés en pétrole, dans des conditions particulièrement opaques. Africa Energy Intelligence a notamment enquêté sur les arrangements conclus par le Congo-B avec le trader chinois Unipec pour rembourser les chantiers menés par les groupes de BTP chinois sous la houlette du ministre des grands travaux Jean-Jacques Bouya, interlocuteur privilégié de Pékin à Brazzaville. Ces accords sont gardés comme un secret d’Etat, et leurs conditions transmises au goutte-à-goutte au Fonds monétaire international (FMI), qui négocie depuis l’année dernière avec le Congo. Même la banque Lazard et le cabinet de consultant Parnasse de Dominique Strauss-Kahn, qui épaulent tous deux Brazzaville dans ses pourparlers avec l’institution financière, n’ont pas accès à tous les chiffres…Il faut dire que ceux-ci donnent le vertige : sur la totalité de la production congolaise de brut, près de la moitié est gagée envers Unipec, comme l’a révélé Africa Energy Intelligence (article du 10/11/15)… La dette globale de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) envers les traders culmine à 2,3 milliards $, soit un quart de la dette globale du pays (9,14 milliards $). Sur cette somme, près de la moitié est due à Unipec… Une situation qui permet au trader chinois d’avoir systématiquement la priorité sur ses concurrents lorsqu’il s’agit d’enlever un cargo de brut congolais. Pour que la SNPC soit en mesure de rembourser, Pékin est même prêt à lui fournir des crédits relais ! Créée en 2015 à Brazzaville et détenue à 50% par l’Agricultural Bank of China, la Banque sino-congolaise pour l’Afrique a ainsi discrètement fait entrer à son capital la société nationale pétrolière congolaise et lui a prêté au début de l’année près de 10 milliards de F CFA, soit 15,25 millions d’euros (article d’Africa Energy Intelligence du 24/04/18).

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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