Vladimir Poutine a poussé les intérêts russes lors de la visite d’Ali Bongo à Moscou en juillet. ©Reuters Si la sécurité et les industries extractives restent la principale porte d’entrée de ses intérêts en Afrique francophone, notamment depuis la fin de 2017, la Russie post-soviétique entend très rapidement diversifier son offre en s’intéressant à d’autres secteurs. L’énergie, les télécommunications et les services sont privilégiés.

Guerre froide en Ebrié

 

En Côte d’Ivoire, où elle dispose d’un précieux relais via la Chambre de commerce et d’industrie ivoiro-russe(Cirus) fondée en 2016 par l’expert pétrolier Henri Doué Tai, Moscou vient d’entrer en concurrence directe avec la société Uber. Le 4 octobre, les responsables du groupe Yandex, dont le directeur du développement Moucheg Sahakian, ont lancé à Abidjan leur application de commande de taxis à partir de téléphones mobiles. Cette société s’appuie sur plusieurs parcs automobiles, dont celui du réseau de la compagnie Ivoire Taxi, lancée en 2017 avec le soutien du gouvernement à la veille de la 8e édition des Jeux de la francophonie. Ce projet est également facilité par les activités, aujourd’hui moribondes, d’Africab, société de VTC créée par Vangsy Goma, le petit-fils de la première dame du Congo-B, Antoinette Sassou Nguesso.

Les Russes bousculent Uber, qui prévoyait d’officialiser le même type d’offre dans le pays en novembre. Pour ce projet, le géant américain s’est adossé à Lucie Barry-Tannous, secrétaire générale de Sifcavia ATC Comafrique, une des filiales du premier groupe privé ivoirien fondé par la famille Billon. Lucie Barry-Tannous est une parente de Kada Sidibé-Billon, la mère de Jean-Louis Billon, l’ancien ministre du commerce d’Alassane Ouattara devenu opposant au régime.

Drapeau gabonais

 

Dopé par le Mondial de football organisé en juin et juillet derniers en Russie tout comme par les nombreux échanges bilatéraux qu’il a eus avec les chefs d’Etat africains en marge de cet événement, Vladimir Poutinea placé sa diplomatie au service des groupes économiques moscovites. Flairant la possibilité d’une implantation majeure au Gabon – les présidents Poutine et Ali Bongose sont entretenus les 14 et 27 juillet – après l’expropriation de Veolia, l’opérateur RusHydro mène toujours un intense lobbying à Libreville. Objectif : récupérer la concession de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), détenue jusqu’en février dernier par le groupe français. L’ambassadeur dans la capitale gabonaise, Dmitri Kourakov, en fait un dossier prioritaire.

Ce contrat permettrait de faire oublier le calamiteux projet porté par Zarubezhvodstroy (ZBS) au Niger. En 2011, cette société avait été retenue pour construire le barrage de Kandadji, à 180 km au nord-ouest de Niamey. Ce chantier lui a finalement été retiré, officiellement pour non-respect du cahier des charges, puis rétrocédé au China Gezhouba Group Corp.

Dette – Denis Sassou Nguesso a déjà une longue tradition de relations poussées avec Moscou depuis l’adhésion du Congo-B au marxisme-léninisme dans les années 70. Il se rendra de nouveau en Russie début 2019 pour tenter de sortir du marasme économique. Si l’état d’avancement d’un projet de gazoduc entre Pointe-Noire et Ouesso via Oyo, fief du chef de l’Etat congolais, ainsi que la coopération en matière de nucléaire civil seront évoqués lors de cette visite, Sassou Nguesso compte surtout sur son homologue pour trouver de l’argent frais.

Patron de la société pétrolière Orion Oilet conseiller spécial chargé des financements extérieurs au palais du Plateau, Lucien Ebataest à la manœuvre sur ce dossier. Autre acteur des « affaires russes » à Brazzaville, bien que ce dernier ait été relégué au second plan sur les questions de dette : l’homme d’affaires Maxime Gandzion, proche d’Antoinette Sassou Nguesso.

Tchadanthropus-tribune avec la lettre du Continent.

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