Depuis la soirée du mercredi 25 juillet 2018, la ville de N’Djamena vit au rythme d’une pénurie de carburant. De longues files d’attente sont observées dans plusieurs stations-service, pendant que certaines sont même fermées.

Les raisons : les gérants refusent de s’approvisionner en carburant parce que les nouveaux prix fixés par le gouvernement à savoir 518 FCFA pour l’essence et 548 FCFA pour le gasoil ne sont pas à leur avantage. Ils ont une marge bénéficiaire de 8 FCFA par litre sur l’essence et 6 FCFA par litre sur le gasoil qui « ne couvre même pas leurs charges courantes». Selon la nouvelle structure des prix de carburant, les transporteurs ont 3 FCFA/litre, les gérants ont 8 FCFA/litre sur le super et 6 FCFA/litre sur le gasoil, et les frais de dépôts sont fixés à 4 FCFA/litre. Pour les acteurs du secteur pétrolier, cette nouvelle structure des prix comporte des « erreurs graves » faisant porter des risques majeurs sur l’ensemble des acteurs de la distribution pétrolière. Ils soulignent que cette structure de prix ne permet pas aux transporteurs, aux marqueteurs et aux distributeurs de super, gasoil et Jet A1 de couvrir leurs charges. Les pétroliers avaient prévenu le gouvernement que : « l’application intégrale de cette structure engendrera inéluctablement et indépendamment de leur volonté, des ruptures en station, à l’aéroport, et des fermetures des dépôts et des stations-service ». Ils avaient demandé au gouvernement de revoir cette structure pour éviter les ruptures actuelles, même les efforts des autorités pour réduire les prix de carburant au Tchad sont salutaires. Car cette réduction des tarifs de carburant selon permettra d’enrayer la contrebande de produits pétroliers dont ils sont les premières victimes.

 

En clair, en élaborant la nouvelle structure des prix, pour réduire les tarifs de carburant à la pompe le gouvernement a touché beaucoup plus les marges de bénéfice des autres acteurs, sans toucher ses taxes. Pour les pétroliers, s’il faut consentir un sacrifice, chaque partie doit faire de concession pour juguler ensemble le phénomène de la fraude des produits pétroliers qui envahissent le marché national.

 

Pour rappel, depuis plusieurs mois, le marché tchadien des hydrocarbures est envahi par des produits pétroliers venant des pays voisins (Nigeria, Cameroun, Soudan et la Libye). Ces produits sont vendus moins chers et accessibles partout. Cette situation a obligé le gouvernement à revoir sa structure des prix de carburant. Voilà en voulant résoudre un problème, le gouvernement en crée un autre. Toutefois, des sources rapportent qu’une discussion serait engagée entre les deux parties pour trouver un terrain d’entente.

Tchadanthropus-tribune avec Tchadinfos

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