La Rédaction de Regards d’Africains de France, votre journal en ligne vous donne la parole pour réagir à chaud après les déclarations faites par le président Idriss Deby Itno face aux journalistes de la presse étrangère lors de l’émission « Internationales » de RFI, TV5Monde et le quotidien Le Monde. Le terrorisme, les relations franco-tchadiennes et la crise économique, tels sont les points choisis pour susciter le débat de façon dépassionnée. En toute liberté et dans le respect mutuel, la parole est à vous !

Abakar Assileck Hallata, ex-porte-parole et chargé de communication du Front pour le Salut de la République(FSR) : « Pour le bien-être des Tchadiens, le changement s’impose. Le terrorisme est un mal planétaire, nous devons lutter contre ce fléau car il menace la paix mondiale et nuit au vivre ensemble. Ce combat doit être mené sous mandat des institutions nationales et internationales. Deby pense avoir dépensé 300 milliards de FCFA pour lutter contre le terrorisme et qu’il est le seul face à cette lutte. Je peux dire que les aventures militaires de Deby ont commencé en 1998 en République démocratique du Congo (RDC) pour aider Kabila père à faire face à ses ennemis régionaux. Ce mercenariat s’est soldé par la mort d’environ 500 soldats Tchadiens. Rappelons aussi son immixtion en 2003 en Centrafrique pour destituer l’ex-président centrafricain Ange Félix Patassé. L’intervention de Deby au Mali a pour objectif de bénéficier la clémence des Français et protéger son pouvoir,mais pas par humanisme.Car son départ brusque de la Centrafrique montre que M. Deby a agi par opportunisme au Mali. À ma connaissance, ce ne sont pas les États membres de la région qui ont mandaté Deby à aller livrer la guerre aux djihadistes. Rien ne justifie que Deby s’engage à débourser 300 milliards de FCFA dans sa lutte contre le terrorisme, lui qui subtilise les salaires payés par l’ONU à ses soldats. Dire que le Tchad sera dans l’obligation de se retirer  » des opérations militaires en Afrique est une autre manière de soutirer de l’argent à la communauté internationale et faire le chantage à la France. Les raisons de cette sévère crise sont la mauvaise gestion de nos ressources communes, la corruption ambiante quasi-institutionnalisée, les détournements massifs de nos biens par Deby, sa famille et ses proches collaborateurs. Pour illustration, son petit-frère utérin, l’ex-Directeur Général des douanes n’avait-il pas été pris en flagrant délit de vol d’une faramineuse somme de plus de 136 milliards de FCFA d’argent liquide, retrouvée dans son bureau et ses appartements ? Idriss Deby Itno  est mal placé pour signifier le mal être des tchadiens. Avant son immixtion, dans la région du lac Tchad, le Pays n’a pas connu des attaques terroristes. Le maitre chanteur Deby fait de la lutte contre le terrorisme son cheval de bataille et un fonds de commerce. Que cela cesse …Durant 27 ans de règne sans partage, qu’a fait Idriss Deby Itno pour booster l’économie et créer l’emploi ?  Au contraire, il a ruiné les opérateurs économiques, les fournisseurs de l’Etat, qui éprouvent d’énormes difficultés  pour récupérer leur argent investi. J’ose dire que Deby a fait un investissement sans retour, par exemple  la construction de sa ville d’Amdjarass ne rapporte rien à l’économie du pays : un aéroport international, des hôtels de haut standing sans clientèle, etc. Il pouvait aider à développer les villes touristiques (parcs de Manda et de Zakouma, par exemple …) ou investir à mécaniser l’agriculture en exploitant les oasis du nord, les polders du lac et désenclaver la région-grenier du Tchad qui est coupée annuellement du pays lors de la saison pluvieuse. Ou encore, injecter des moyens financiers pour créer des groupements des agriculteurs et d’éleveurs, financer les PME à créer des emplois et générer des ressources. Depuis son engagement dans la lutte contre le terrorisme aux côtés de nos voisins de l’ouest du pays, la vente des bétails sur pieds s’est arrêtée. Et rien n’a été fait. Aucun moyen de substitution n’a été pensé pour aider ces éleveurs. M. Deby parle du prêt de 2 milliards d’euros qu’il a contracté auprès de GLENCORE, je dois rappeler que depuis 2003 le Tchad a engrangé 13 milliards de dollars des recettes du pétrole, seulement le pétrole, et ne parlons pas d’autres entrées des régies traditionnelles tels que la Douane et les impôts. Qu’est-ce qu’il en a fait exactement de cette colossale somme ? Il y’a deux types d’opérateurs économiques : le lambda qui fournit à l’Etat ce dont il a besoin pour ses grands travaux mais n’aura plus son argent ou bien il l’obtiendra avec un  certain pourcentage à verser à un proche de Deby. Le second opérateur économique, du genre SNER (du grand frère du président Deby) qui était exonéré de la douane et autres taxes, ou bien comme la SOGEC-Tchad qui rafle les marchés sans aucun appel d’offres. Nous pouvons citer la société en charge des fabrications des cartes d’identité, des passeports etc.…Après 26 ans d’exercice au pouvoir Deby, avoue sa méconnaissance de diversifier l’économie et il reconnaît que la démarche du prêt avec GLENCORE est irresponsable Sans appel Deby a échoué. L’échec est cuisant, il doit partir de gré ou de force. Il n’aime pas ce pays ni ce peuple, car à chaque fois qu’il parle de la guerre, il se rappelle que de ses frères tués mais pas des autres tchadiens, c’est comme si les autres tchadiens n’ont pas payé un lourd tribut. Deby a investi l’argent du Tchad dans l’armement en justifiant lui-même quelques années auparavant : «  qu’on ne peut faire le développement sans la sécurité » et l’argent investi dans cette ferraille va continuer à endeuiller les mères tchadiennes. Il est temps d’investir dans l’humain, l’éducation, l’emploi, la formation, la santé. Bref pour le bien-être des tchadiens, le changement s’impose.Ingrat plus que Deby, tu meurs ! Rappelons que depuis le départ de la droite, Deby n’a pas eu une relation aisée avec la France. La gauche a voulu avoir sa peau n’eut été le bon conseil de ses amis en treillis qui l’ont conseillé d’intervenir au Mali. En homme égaré, il saisit l’occasion en quittant la Centrafrique bien que ses compatriotes sont en train de subir le génocide, Idriss Deby Itno, en son temps, déclare un bon matin :  » qu’on ne peut pas laisser la France seule mener la guerre contre les djihadistes « une intervention qui engage le Tchad, mais il croit prendre seul la décision mais aujourd’hui, il parle au nom des tchadiens, qu’ils sont déçus et estiment à tort et à raison que le Tchad en a trop fait etc.  Que des mensonges pour masquer son échec et se faire bonne conscience. Deby accuse ses amis français de créer de groupuscules appelés sociétés civiles pour déstabiliser les pays africains. Pourtant, il est le premier chef d’Etat à susciter sa propre société civile (Touche pas à mes acquis, CASIDHO) pour combattre la vraie société civile. En ce qui concerne la Françafrique que Deby juge que les Français n’en veulent pas etc., il faut reconnaître que c’est un combat de longue haleine mené par la société civile africaine, les ONG françaises comme Survie et les activistes et blogueurs qui continuent de jouer un grand rôle pour que cette relation entre l’Afrique et la France prenne le circuit des instances officielles, qui était jusqu’à là une relation de copinage marquée par l’influence des relais civils et militaires occultes et douteux. La Françafrique est déphasée, elle doit être vaincue pour l’intérêt de nos peuples. Comme on dit, chaque génération est un nouveau peuple et ce nouveau peuple dont fait partie le nouveau président français, Emmanuel Macron, rejette cette Françafrique qui nuit à la bonne relation entre l’Afrique et la France. Il faudra une coopération d’égale à égale, mue par un élan humaniste, posée sur un socle de justice sociale et de l’égalité des citoyens. De sa longévité au pouvoir Deby dit : «  le jour où le peuple tchadien me dira de partir je partirai », or nous savons tous qu’il n’a jamais gagné les élections depuis 1996.Il doit reconnaître son échec et céder  le pouvoir à ce nouveau peuple conscient de l’enjeu de l’heure et capable de prendre son destin en main. D’abord mener la vraie lutte contre le terrorisme, en investissant dans l’éducation, la formation, l’emploi, le développement équitable, mais surtout la justice sociale. Deby dit n’avoir apporté ni or ni argent, mais la liberté … (en 1990). Au contraire il a emmené de l’or et de l’argent à ses proches et amis, la misère et la désolation pour le peuple tchadien. Deby doit partir. »

 

Acyl Djimet Daba, porte-parole du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) : « Lamentation ou cri d’alarme ? Il n’y a rien de plus mauvais voire saugrenue de voir un chef d’État, d’un côté dirigé son pays dans la catastrophe avec une main de fer, et de l’autre envoyé ses troupes aveuglement partout là où ça détonne, en Afrique. Le seul mobile : protéger à tous prix les intérêts des occidentaux pour qu’en contrepartie obtenir le soutien de la France en vue de s’éterniser au pouvoir. En effet, quand on a passé au peigne fin les propos de Deby interviewé ce jour 25/06/2017 par la presse Française (TV5, le journal le monde, France24), le constat est net : Défaillance avérée du Président à diriger le pays. Et de surcroît, il a autant cherché à faire la honte des Tchadiens. D’abord en ce qui concerne la gestion des ressources pétrolières notre analyse introspective nous montre que les choses ont été auparavant mal négociées et les ressources très mal gérées. Eu égard à cela, les questions qu’on se pose sont les suivantes : Le Tchad n’a- t-il pas des experts en la matière ? Ou bien ceux-ci ont été tout simplement remplacés par des personnes inexpérimentées et proches du pouvoir dans le seul but d’instaurer le gâchis ? Deby envisage de retirer ses troupes de l’ONU en opération au Mali. En effet, auparavant, tous les dirigeants Africains étaient concentrés d’envoyer leurs troupes au Mali, dans le même cadre (combattre le terrorisme). A leur grand étonnement, ils étaient surpris par l’attitude néfaste de Deby de les avoir trahi en envoyant seul ses troupes au front par anticipation afin d’en faire sa sordide négoce sans parvenir à neutraliser ni AQMI ni Boko-Haram. Par là il a essayé de tirer le diable par la queue. Donc il doit roter seul les conséquences de ses actes. Son ego le rend aveugle. Il faut aussi savoir que cette manière de faire à créer des désaccords entre les Présidents et aura des répercussions graves sur les questions monétaires. Il est notoire que Deby est en connivence tacite avec le Général Aftar, l’homme fort de la Cyrénaïque. Cette relation peut s’expliquer par deux volets : Réarmer ses paires Toro -Boro du Soudan et ensuite chercher à anéantir les rebelles de FACT. C’est tout. En ce qui concerne sa volonté de s’éterniser au pouvoir, Deby pointe deux choses : la guerre et la France. C’est faux. C’est lui-même qui allume le feu, l’active et après il joue le pompier. Deby, s’il n’avait pas dû faire le marché avec la France, celle-ci ne lui imposerait rien. Pour finir, de fond en comble, la défaillance de Deby  à diriger le pays, était notoire. Maintenant tout le monde a compris sa ruse et il se lamente. C’est aussi les pleurs d’un dictateur malade. « Je suis un homme seul ». Ce cri d’alarme lancé ressemble à un scénario digne d’un employé suppliant son salaire auprès de son employeur. »

Abakar Djoufoune, écrivain et président de l’Association des enfants de Toumaï pour le Développement du Tchad (ASET-DT): «Je trouve que c’est une interview très offensive envers l’occident et plus précisément la France qui vient de changer d’exécutif. Mais à mon avis, cette sortie n’aura pas trop d’impacts sur les relations franco-tchadiennes, car tous les deux pays ont des intérêts réciproques à protéger. Pour ce qui est du changement de la Constitution par la France, en tant que citoyens de ce pays, ça fait mal d’entendre notre président avouer haut et fort que la Constitution a été changée par un autre pays et cette affirmation joue sur la souveraineté de notre pays et aussi sur la responsabilité de nos dirigeants. Concernant la lutte contre le terrorisme, normalement, le Tchad avant même d’aller sur le théâtre des opérations au Mali, aurait pu réfléchir sur le coût de cette intervention. Nous avions répondu à l’appel de la France et du Mali sans aucune condition. Il ne sert à rien de se faire passer pour des victimes  devant la terre entière. C’est le même cas pour la guerre contre Boko Haram où le Cameroun était prêt à supporter le coût, mais nous ne lui avions pas demandé ni exiger une contrepartie. De toute façon, le Tchad doit revoir sa méthode d’intervention à l’extérieur. Il est aussi logique qu’aujourd’hui, le Président demande aux partenaires de soutenir le pays dans sa lutte contre le terrorisme sinon, il se retire car il n’a pas les moyens. La principale cause de la crise financière au Tchad est la somme de nos actions passées et en grande partie la mal gouvernance et le manque de vision. Gérer, c’est prévoir, comment le gouvernement n’a pas pu  prévenir cette crise ? On a fait une grande opération avec Glencore et deux semaines après, le prix du baril chute à 50%. Sur ce point, le Président Idriss Deby Itno a reconnu la responsabilité de son gouvernement par rapport à la signature de ce contrat. »

Doki Warou Mahamat, homme politique et Consultant : « Le mensonge de fin de règne du système Deby. Il n’est un secret de polichinelle que tous les Tchadiens savent que Deby est un menteur. Un chef de l’Etat doit comprendre une chose très simple de la vie, respecter ses paroles, ses engagements et être à l’écoute de son peuple et non de ses bouffons qui gravitent tout autour de soi. Notre président et sultan d’Amdjarass n’a rien de tout ça. Il est aujourd’hui l’un des chefs d’Etats le plus médiocre que le Tchad ait connu. Sinon comment comprendre après 27 ans de pouvoir sans partage, Deby n’arrive jamais à regarder dans le rétroviseur ? A-t-il pensé une seconde qu’il a la charge de toute une nation ? C’est pathétique ! Le général président et sultan d’Amdjarass, disait haut et  fort avec arrogance que : C’est la France qui l’avait forcé à changer la constitution du Tchad pour qu’il reste à vie. Imaginez-vous un instant, un président d’un pays souverain, dire de tel propos devant la presse internationale ? Donc, on attend quoi d’un tel président ! Tellement il n’a jamais été sérieux notre sultan Deby Itno, il ment sur sa propre famille en gonflant le nombre de ses frères jusqu’à 17. Tous sont morts et il est seul survivant. Alors que c’est archi faux ! Il n’y a que Brahim Itno,qui est décédé dans les geôles de la DDS. Ce dernier a été blessé et laissé sur le terrain de combat par son propre frère Deby Itno qui avait pris la tangente et se retrouver au Soudan. Déby Itno est en train de vivre la fin de son règne. Il y a des indices qui ne trompent pas. Si un chef met en avant son arrogance et son mépris vis-à-vis de son peuple, le glas sonnera dans peu de temps. Malheureusement, comme souhaite Idriss Deby Itno, si les Tchadiens ne prennent pas conscience du danger qui nous guette, on va droit à une guerre civile insensée. La Seule chose qui nous éviterait de ses affres que Deby Itno voulait et souhaiterait nous léguer, c’est  d’accepter de vire dans la cohésion avec tous les Tchadiens sans exclusion. Ça serait alors la fin d’un système imposé par Deby et son Mouvement Patriotique du Salut (MPS) , celui d’opposer les tchadiens les uns aux autres. Le mensonge passera et la vérité restera pour toujours. Que Dieu sauve notre pays des griffes de ce Satan qui est Déby Itno. »

Ramadan Souleymane, Huissier de justice et homme politique : « Idriss Deby est un fieffé menteur !  Pourquoi ment-il ? À qui ment-il ? Certainement à ceux des tchadiens qui ont une mémoire de poule, ou à ceux qui ont bien choisi délibérément de vendre leur âme au diable. À son arrivée au pouvoir en décembre 1990, les fonctionnaires n’accusaient pas plus de 6 mois d’arriérés de salaire et aucun d’entre eux ne percevait le demi-salaire. Les fonctionnaires tchadiens gagnaient la totalité de leur salaire à compter du 31 janvier 1989 conformément à la déclaration de Habré en novembre 1988 lors du congrès extraordinaire de L’UNIR.  Le tripatouillage de la constitution est bien son œuvre. La France n’a que faire et son compagnon alias Bavure qui avait cru au respect de cette loi fondamentale l’apprendra bien à ses dépens.  Aucun technicien ne l’a induit en erreur. Il avait délibérément choisi de pervertir la fonction publique en y introduisant des analphabètes, des gabelous et autres corrompus sortis de sa propre formation. Le vendeur d’hommes, c’est bien lui Deby. Doublé de dealer et de faussaire maladroit. Les tchadiens avertis ont noté le parcours de Bozizé à N’Djamena. Ceux qui l’ont encadré, équipé et logé etc. Nous avions tous vu les soldats de Deby traversant Moundou, certains avaient même tiré des rafales en traversant la ville. Ils sont allés bousculer Patassé, installés Bozizé, tués et violentés les centrafricains qu’ils ont honteusement et systématiquement pillés et humiliés. Les gardes du corps de Bozizé étaient pour la plupart des tchadiens bons teints. Une partie des tchadiens considérait même la Centrafrique comme la quinzième préfecture du Tchad. Deby est-il né avant la honte ? C’est à se demander si, après cette interview, il aurait le courage de se mirer. Les fonctionnaires tchadiens qui revendiquent inlassablement  le rétablissement de leurs indemnités réduites ne sont pas des pantins de l’Occident mais des honnêtes travailleurs qui ne revendiquent que leurs droits (acquis). Ils sont mécontents parce qu’ils savent que les ressources du pétrole n’ont pas servi à autre chose qu’à enrichir Deby et sa famille, ses laquais et autres sous fifres. À acheter des armes, à financer la débauche organisée en système d’État. Voilà la triste réalité. »

Propos recueillis par Ahmat Zéïdane Bichara, validés par le  DP Moussa T. Yowanga

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