La Rédaction de Regards d’Africains de France, votre journal en ligne vous donne la parole pour réagir à chaud après les déclarations faites par le président Idriss Deby Itno face aux journalistes de la presse étrangère lors de l’émission « Internationales » de RFI, TV5Monde et le quotidien Le Monde. Le terrorisme, les relations franco-tchadiennes et la crise économique, tels sont les points choisis pour susciter le débat de façon dépassionnée. En toute liberté et dans le respect mutuel, la parole est à vous ! 

 Djibrine Assali Hamdallah, ex-secrétaire général de l’UST : « Tout d’abord, merci beaucoup de me donner l’occasion d’exprimer mon point de vue à propos de cet entretien. Idriss Deby Itno fait comme si ce ne sont que les français, qui ne sont pas au parfum de tout ce qui se passe au Tchad qui vont suivre cet entretien. C’est pour cela qu’il débite tant des mensonges et des contre-vérités. Notamment en déclarant qu’à son arrivée au pouvoir il n’y avait pas de syndicats, Or, tout le monde se rappelle que nous avions créé, le 07 octobre 1979, la Confédération Syndicale du Tchad(CST), qui deviendra grâce à sa fusion, en novembre 1989, avec l’Union Nationale des Travailleurs du Tchad (UNATRAT), l’Union Nationale des Syndicats du Tchad (UNST). L’on se souvient également qu’Idriss Deby Itno avait vainement tenté de dissoudre l’UNST qui, à la suite des grèves suivies et des négociations, est devenue l’Union des Syndicats du Tchad (UST) qui, jusqu’aujourd’hui encore lui donne tant d’insomnies.En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, là encore, personne ne peut croire qu’il n’ait reçu aucune aide de l’extérieur. D’ailleurs s’il avait engagé les troupes tchadiennes sur les différents fronts, c’était surtout pour se refaire une virginité politique et avoir en même temps l’image d’un homme fréquentable auprès de la communauté internationale et surtout vis-à-vis du gouvernement français qui n’appréciait guère ses méthodes dictatoriales, notamment ses violations répétées des Droits de l’Homme. Quant à sa menace de retirer les troupes tchadiennes des différents théâtres d’opérations, elle ne constitue qu’un chantage exercé afin de montrer que son rôle est indispensable et s’attirer plus de soutien. Comme on dit, Il fait comme l’âne qui veut avoir du son. Ce faisant, il cherche par là à obtenir de la part du président Macron, une assurance vie pour son fauteuil. Pour ce qui concerne la situation économique et sociale, il a soigneusement évité les vrais problèmes qui détournent des derniers publics ? Qui encourage le népotisme, la corruption, la pléthore des généraux et de conseillers à la présidence et la primature ?  S’abriter derrière des prétendues enquêtes n’est que de la poudre aux yeux. A propos de sa longévité au pouvoir, attribuer la faute à la guerre civile et à la France n’est pas sérieux d’autant plus qu’il sait très bien que c’est la conférence Nationale souveraine de 1993 qui avait expressément limité le nombre des mandats présidentiels à deux (2). Il sait surtout qu’en quittant le pouvoir, il ne manquera pas de faire l’objet des poursuites judiciaires à cause des nombreuses violations des droits de l’homme et crimes qu’il a commis et en commet encore d’autres. C’est pourquoi, à chaque élection présidentielle, il met en œuvre sa machine de fraudes pour se maintenir à vie au pouvoir. Par ailleurs, il sait aussi qu’avec les institutions à sa dévotion et le système de fraude qu’il a mis en place, le peuple n’a aucune possibilité de le faire partir. En définitive, c’est à beau mentir qui vient de loin. »

Mahamat Nour Adoum Sougoumi, journaliste télévisé : « Le volet lutte contre le terrorisme. Deby a raison. Je suis déçu comme tous les Tchadiens. Nous avons perdu des compatriotes dans cette guerre qui n’est pas la nôtre. Certes, nous avons sauvé nos frères Maliens et le Mali du chaos, mais qu’avions-nous reçu, en retour, rien. Seuls les Français ont reçu les honneurs. Les autorités maliennes se sont foutues de nos gueules en nous insultant lors de l’élection de la BAD et à l’UA. Cette guerre au Mali a mis le pays dans la situation qu’il traverse actuellement, même si une partie est causée par la mauvaise gouvernance.  Les 300 milliards dépensés là-bas auraient pu servi à calmer la grogne sociale actuelle. Nous ne devrions pas envoyer nos soldats au Mali, mais le mal est déjà fait. Maintenant, il faut les rapatrier pour sécuriser nos frontières. Et qu’on arrête de dépenser un centime de plus dans cette aventure sans lendemain. Que nos frères regagnent le pays pour nous protéger au lieu de défendre la cause des autres au péril de leur vie. La situation économique difficile, synonyme de « la fièvre du nouveau riche », pays pétrolier nous a aveuglés et avons complètement oublié nos recettes traditionnelles. Nous avons oublié également que nous avions une agriculture et un élevage à moderniser. Les investissements devraient être diversifiés avec les revenus pétroliers, malheureusement ça n’a pas été fait et aujourd’hui nous subissons la chute drastique du prix du baril de pétrole. Les revenus de l’or noir ont certes gonflé les recettes, mais ils ont aussi creusé un labyrinthe entre les couches sociales qui sont devenues de plus défavorisées. Mais ce qui a le plus impacté nos finances, ce sont les détournements orchestrés à ciel ouvert par ceux qui, au lieu de servir les Tchadiens et leur pays se sont servis pour mettre notre économie en lambeaux. Tous ceux qui ont trempé, de près ou de loin la main dans le trésor public pour soutirer de l’argent public, doivent le restituer illico presto sous peine de répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes. Pour l’affaire Glencore, puisque j’ignore les tenants et aboutissants, je préfère ne pas me prononcer. Quant au volet relations avec Paris, disons simplement, depuis la nuit de temps, Paris a eu des relations un peu louches avec ses anciennes colonies. Malgré l’indépendance, ces dernières restent toujours sur le joug colonial. Cette Françafrique est un handicap pour le développement de l’Afrique, car elle ne sert qu’à satisfaire les besoins de la France, alors qu’une relation avec un Etat devrait être une relation de partenariat gagnant-gagnant, malheureusement, ce n’est pas le cas et c’est depuis des décennies. L’Afrique doit viser ses intérêts. C’est fini l’époque où on sert son maître. Basta à cette forme de néocolonialisme. Soit nous sommes indépendants, soit nous ne le sommes pas. Ça  ne devrait pas être de demi-mesure. La France a toujours intervenu dans nos affaires internes. Que ce soit au Tchad ou ailleurs en Afrique, elle a toujours été présente. Tripatouiller des élections, fomenter des coups d’Etat, soutenir des rébellions, tout est fait pour garantir ses intérêts et toujours en complicité avec nos frères. Rappelez-vous de la Centrafrique, comment la France a dégagé l’empereur Bokassa 1er. Thomas, Sankara disait à propos : « la politique africaine de la France, nous la trouvons très française. Elle ressemble aux autres politiques françaises. Hier, la France est dans tel ou tel pays, soit pour maintenir un chef, un dirigeant, soit pour débarquer d’une caravelle un autre… Aujourd’hui encore, la France procède ainsi ». Trente ans après la mort de Sankara, rien à changer. Maintenant, je crois, c’est à nous africains de prendre conscience et de changer. Quant à la France, elle vise et visera que ses intérêts. Elle s’en fout royalement de notre bien-être. »

 Nadjikimo Benoudjita, journaliste et ancien directeur du journal Notre Temps : « Personnellement, je suis impressionné par la capacité du président de la République à débiter autant d’affirmations contradictoires et d’incohérences dans un même exposé, en l’occurrence cette interview accordée à la presse étrangère. Son affirmation quant aux arriérés de salaires et aux demi salaires des fonctionnaires à son accession au pouvoir est contredite et contestée par des contemporains qui affirment que depuis 1989, le régime de Hissein Habré avait rétabli l’intégrité des salaires des fonctionnaires, salaires qui seraient payés régulièrement. Mensonge donc, sur ce point… Sur les exactions commises par les soldats du contingent Tchadien en RCA, faut-il rappeler la récurrence de celles-ci depuis 2003, depuis les incursions au prétexte de lutter contre les zaraguinas jusqu’à celles qui ont accompagné le coup de force, à partir de Doyaba, à Sarh de François Bozizé. Le contingent tchadien, par le fait de ses exactions a été décrié par les Centrafricains et les ONG et contraint de quitter la RCA, entrainant dans son sillage le rapatriement forcé dans des conditions d’affreuses répressions de paisibles citoyens Tchadiens, installés en RCA au moins depuis deux générations. Les camps des retournés Tchadiens de RCA, au sud du Tchad en témoignent. De même que la complaisance affichée pour ne pas parler de soutien manifeste de N’Djamena au Séléka encore installé avec armes et munitions sur les frontières Sud du Tchad démontrant à suffisance, les velléités expansionnistes ou annexionnistes du Tchad sur le Nord Centrafricain à causes des ressources en hydrocarbures et en métaux précieux dont recèle ce pays voisin. Mais nier l’évidence est de bon augure en politique. Botter en touche en renvoyant à une enquête sur des situations de crimes politiques ou économiques graves est une habitude consacrée par N’Djamena. Les révélations de Swissaid sur les biens mal acquis des membres du clan au pouvoir sont graves et leur évidence, difficilement contestable. Pourquoi, dans quel intérêt un consulat tchadien est ouvert à Montréal si ce n’est pour des valises diplomatiques, car même l’ambassade n’a pas le pouvoir de délivrance de passeports alors à quoi ou à qui sert un consulat Tchadien à Montréal ? L’enquête, autant que pour Zouhoura, pour les événements de février 2008 suivis de la disparition d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, comme la montagne accouchera d’une souris. Le Président de la République ne peut  pas clamer haut et fort la Souveraineté du Tchad, sa qualité d’homme libre en possession de toutes ses facultés intellectuelles et mentales au micro d’un journal, fut-ce celui de Le  Monde pour aussitôt s’emberlificoter dans des déclarations infantilisantes du genre, la France m’a obligé à modifier la Constitutions ou les organisations de la société civile  Tchadienne sont des groupuscules financés par des Occidentaux .Cela lui enlève toute maturité d’esprit  permettant le discernement. Perdrait-il tout raisonnement d’autant que démocrate affirmé ou prétendu, il en vient à revendiquer un mandat de droit divin ? »

Charles Caharel Ngah Nforgang, journaliste et Enseignant-chercheur Camerounais : « Les africains découvrent là les efforts inlassables déployés par le Tchad et le contribuable tchadien pour venir à bout du terrorisme. Pour un pays aussi pauvre, ce sont des efforts très louables. Je pense que tout chef d’Etat doit d’abord penser au bien-être de sa population au moment où il choisit ses priorités. Pour le camerounais que je suis et est affecté par le terrorisme, l’engagement du Tchad était une bonne chose. Je doute fort qu’il en soit de même pour le tchadien ordinaire. Maintenant, il est temps que la communauté internationale vole au secours du Tchad qui est un maillon important dans la quête de la stabilité et de la paix en Afrique. Par ailleurs, je salue l’honnêteté de ce Président qui est décidemment le plus courageux d’Afrique centrale où l’on compte de nombreux dirigeants poltrons et des faire-valoir. Reconnaitre devant son peuple et face au monde qu’on s’est trompé et espéré mieux faire demain est un signe de grandeur et l’expression de la volonté de faire mieux désormais. Indiquer sans crainte, sans détour où est passé l’argent du contribuable et les décisions prises, notamment avec Glencore font honneur à Idriss Deby Itno. On sait désormais où vont les recettes du pétrole tchadien et tout tchadien peut le vérifier. S’agissant des relations avec la France et le rôle trouble joué par la Françafrique, aggravé par la délicate question du FCFA, je salue cet engagement fut-il encore verbal de Deby en faveur de la proposition d’Alpha Condé de couper le cordon ombilical avec l’ingérence de la France. Il faut tout simplement traduire ces pensées en acte. »

Mahamat Bichara, fonctionnaire et homme politique : « A l’analyse des propos de Deby, il faut à l’évidence les situer dans le contexte de simple déclaration sans effet comme on en est habitué. Tout de même, il faut relever certains points qui sont nouveaux qui ne doivent pas passer inaperçus et ceux qui sont des purs mensonges institutionnalisés. L’intervention de la France dans la modification de la Constitution comme il l’affirme est un cas grave qui entre dans les cas de haute trahison. En tant que garant de l’Indépendance et de la souveraineté nationale. La Haute Cour de Justice doit absolument s’en saisir. Pour ce qui est de la gestion du pétrole, Deby trouve encore à maquiller son bilan désastreux résultant autant de ses mauvais choix que de la gabegie. Il oublie le scandale de « Panama papers », qui a mis à jour les pratiques opaques de la finance offshore et des paradis fiscaux, dans lesquelles sont impliquées des milliers de personnes. Lui et ses proches y ont caché leurs fortunes. Si au Panama, c’est plus de 10 milliards de dollars planqués, combien ont-ils caché en Suisse, en France, en Chine, à Dubaï, en Afrique du Sud etc. Le vrai mensonge d’Etat est celui sur la construction de routes et le demi-salaire. Dans tous les discours officiels, c’est 3000 Km de route ; essayons de calculer : N’Djamena-Abéché 700 km ; N’Djamena-Sarh 700 Km ; N’Djamena-Dourbali 100 km ; Karal-Guitté 100 km à peu près. Moundou-Larmanaye 130 km, la bretelle de Bedjondo 35 km. Voici ce qui est de routes bitumées au Tchad. Pour ce qui est de demi salaire, Hissein Habré l’avait annoncé lors du congrès de l’UNIR tenu le 22 novembre 1988 et a été mis en application en 1989. Les fonctionnaires l’ont surnommé SIDA (Salaire Intégral Difficilement Acquis). C’est vrai tout n’est pas rose, il y a le problème d’arriérés de salaires. A l’arrivée du MPS, Deby a payé 2 mois d’arriérés de salaires et puis il sera rattrapé par la réalité et son mouvement fut débaptisé Mensonge par le premier salaire. Quand on est un homme d’Etat, on doit dire simplement ce qui est vrai au lieu de fuir ses responsabilités au point de chercher des boucs émissaires. »

 Mahamat Seïd Abazène Seïd, enseignant chercheur : « Oui, c’est bien ce que j’avais lu. Il n’y a donc pas de rapport avec la révision de 2005. La guerre ou la bataille j’avais eu à l’expliquer comme un jeu monté avec l’union africaine tendant à assassiner le président de la république au cours des combats parce qu’il allait s’y rendre. J’en discutais avec un ami malien qui se félicitait de l’empêchement d’Oumar al Bechir de prendre la présidence de l’Union africaine avec cette précision, je ne me rappelle plus exactement les termes, qu’il règle la situation de la rébellion du Darfour dans les six mois. Je lui disais alors qu’il s’agit d’une menace indirecte contre le Tchad. Ce jeu-là avait été tenté un peu bien avant avec Hissien Habre qui a failli être capturé pendant les combats de l’est. Hissien avait quitté Ndjamena dès son retour du front. Je pourrais me tromper mais c’est ce que je pensais. La même chose a été reprise avec la seconde et dernière attaque de N’Djamena par les forces de l’opposition armée. Il me souvient avoir écrit quelque part, je ne sais plus où, que la réconciliation nationale était impérative avec une réforme de l’arme nationale de sorte que toutes les composantes de la nation tchadienne y soient représentées aussi bien dans la troupe que dans le commandement et la guerre fratricide doit être déclarée hors-la-loi. »

 Mahamat Barh Bechir Kindji, président du parti Rassemblement Patriotique du Renouveau(RPR) et trésorier du Front de l’Opposition Nouvelle pour l’Alternance et le Changement(FONAC)  : «  Après avoir vu, écouté et lis l’interview du désormais Monsieur le gouverneur de France au Tchad, je suis resté bouche bée, abasourdi et j’ai honte et pitié pour mon cher pays. Venons-en aux points qui fâchent : Deby affirme urbi et orbi que c’est la France qui a modifié la Constitution de la République indépendante et souveraine du Tchad pour le maintenir au pouvoir sans son gré, il donne même des précisions, il évoque un constitutionnaliste français envoyé par la France et parle des arcanes utilisés par cette dernière pour le forcer. Une telle déclaration venant d’un chef d’État en fonction est très grave et politiquement, elle implique normalement deux conséquences majeures: – D’abord, le Tchad est une République indépendante et souveraine depuis 1960 et le Président de la République est garant de l’indépendance et de la souveraineté de l’État, si ce même Président déclare aujourd’hui qu’un autre pays est intervenu par force pour modifier la Constitution du Tchad, cela constitue un acte de haute trahison de sa part pour avoir violer son serment de défendre la souveraineté et l’indépendance du Tchad. Et donc il devrait être destitué et traduit en justice pour répondre de ses actes. Le référendum du 06 juillet 2005 dont le rejet par le peuple tchadien et les forces vives de la nation était sans appel est nul et de nul effet. Par cette révélation Idriss Deby Itno vient de reconnaitre qu’il est un Président illégitime et illégal, imposé par une puissance étrangère contre la volonté légitime du peuple tchadien. En ce qui concerne sa gestion catastrophique du pays, comme à son habitude Deby se dédouane de tout et renvoie la responsabilité sur ses collaborateurs.  » Nous, les hommes politiques, nous ne maîtrisons pas les domaines techniques, ce sont les techniciens qui m’ont conseillé  » Quelle irresponsabilité ? Quelle démagogie ? Par cette affirmation Deby reconnaît son incompétence notoire.  Deby reconnaît enfin que sa politique interventionniste dans les autres pays a été une catastrophe pour le Tchad et notre pays n’a aucun intérêt d’envoyer ou de maintenir ses soldats en dehors de ses frontières et l’illusion du gendarme d’Afrique tombe à l’eau. Pour autant il fait des soldats tchadiens un instrument de pression politique sur les occidentaux qui sont hantés par le terrorisme. En conclusion, Idriss Deby Itno est très remonté contre sa marraine la France, il craint d’être lâché par cette celle-ci surtout par le nouveau Président français. C’est pourquoi il fait du chantage à ses maîtres. Cependant, par ses révélations, il devient la risée du monde, il a lui-même affirmé tout haut ce que le peuple tchadien pense et dit tout bas : « Deby est un valet de la France », il se maintient au pouvoir contre la volonté du peuple tchadien pour préserver les intérêts français ». Les tchadiens doivent s’unir dans la lutte pour libérer leur pays, sans cela aucun salut n’est possible ! »

Abakar Khamis Mamondo, chroniqueur sportif : « Le raisonnement de Deby face aux journalistes français peut être diversement apprécié. Pour ma part, je trouve que ce sont de calculs politiciens, des mots pour divertir l’opinion nationale et internationale. Que Deby nous donne ou pas ces informations, en homme averti, nous savons que la France est derrière tous les malheureux événements qu’a connu le Tchad de l’indépendance jusqu’à nos jours. Nous savons aussi que c’est elle qui avait amené et maintenu le président Deby et c’est toujours elle qui va le faire partir. Les arguments déployés par Deby pour dénoncer la mauvaise gouvernance du pays, sont loin de convaincre le peuple. Un gouvernement responsable prévoit et d’ailleurs gouverner, c’est prévoir. Au lieu de construire 3000 km de routes, on aurait dû construire 2000 et les 1000 km doivent être investis dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage. En disant cela aux yeux du monde, le président Deby montre la faiblesse de son gouvernement et nous affirme clairement que son gouvernement ne prévoit rien. Alors, ce n’est pas responsable. Les Tchadiens dans leur ensemble sont généreux. Pousser la générosité jusqu’à laisser mourir son peuple de faim est une faute politique et morale. L’envoi des militaires tchadiens au Mali, Centrafrique ; Cameroun, Nigéria, Niger a coûté au bas mot 300 milliards de FCFA aux finances publiques mettant du coup le pays à genoux d’où les « 16 mesures » impopulaires décidées de façon unilatérale par le gouvernement. Le Tchad est indépendant depuis 1960, nos dirigeants doivent certes se débarrasser des occidentaux comme le laisse penser Idriss Deby Itno, mais ils doivent surtout agir en faveur du peuple pour assurer sa survie. »

Propos recueillis par Ahmat Zéïdane Bichara,validés par Moussa T. Yowanga, Directeur de Publication 

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