Madame La Présidente,

Le discours de N’djamena qui a exposé finalement votre vision sur les futures relations franco-africaines, si le peuple français aura choisi la candidate du FN en mai prochain , n’est pas passé et ne passera pas inaperçu chez nous, tchadiennes et tchadiens, qui tenons arme à la main depuis plus d’ une décennie face à une redoutable dictature à laquelle la France appuie et soutient en dépit des violations massives des droits humains, du non droit, de la mauvaise gouvernance et du misérable aplatissement du peuple tchadien.

Ce discours tenu à l’Assemblée Nationale dont la majorité mécanique fait d’elle une chambre d’enregistrement au service exclusivement du régime et non du peuple qui ne s’y reconnait point constitue une énième gifle administrée au peuple tchadien par un membre de la France officielle que vous êtes, une France partie prenante dans la tragédie africaine et non malheureusement une solution aux problèmes africains.

Nous aurions souhaité cependant écouter une nouvelle voix, celle de l’espérance, celle de la coopération dans la dignité réciproque, celle de l’amitié historique de deux peuples et celle de la souveraineté. Oui Madame, la souveraineté qui n’est pas celle qui est développée de façon biaisée dans votre discours mais celle qui donne au peuple tchadien la possibilité d’être maitre de son destin et de choisir librement, sans aucune influence des forces néocoloniales occultes, ses dirigeants et non d’accepter sans broncher des régimes militaristes et dictatoriaux parachutés et soutenus par des locataires à l’Elysée se succédant à tour de mandat présidentiel  et ce, depuis l’indépendance nominale du Tchad en 1960

Madame La Présidente, vous aurez beaucoup à apprendre de l’Afrique et surtout du Tchad que vous venez de visiter. Ce n’est pas le tapis rouge qui vous est déroulé qui vous permet d’apprécier de façon claire les relations franco-tchadiennes entachées par des hypocrisies , des liaisons mafieuses et de l’exploitation de l’homme par l’homme plus persistante qu’au temps colonial . Tous ces méfaits ont développé dans l’esprit de chaque tchadien digne de nom l’aversion et le rejet du néocolonialisme français.

Vous venez à N’djamena pour conforter et rassurer un allié de taille de votre pays, le bras armé qui exécute tous les plans de déstabilisation de la région africaine au nom de la prétendue lutte contre le terrorisme.

A cet égard, il est de bonne manière de vous concéder le droit de soutenir une dictature criminelle asphyxiant presque trois décennies son peuple. Mais sachez aussi que le peuple tchadien ne restera point les bras croisés pour accepter l’humiliation , la spoliation et l’asservissement. Nous aurions pensé que la posture de président de la République Française que vous souhaiteriez avec le concours du suffrage universel endosser ait permis une certaine cohérence dans vos analyses sur la politique africaine et surtout tchadienne.

Pour notre part, nous attendons du futur président français quelque soit l’issue du vote de prendre en compte les aspirations légitimes du peuple tchadien et particulièrement de respecter le destin du peuple à disposer de lui-même sans lequel le flux migratoire envahissant votre pays et votre continent ira en crescendo, les crises sociopolitiques nées de gouvernance arbitraire et antidémocratique provoqueront toujours d’incessantes rebellions et le terrorisme que vous entendez combattre (alors que vous l’entretenez à dessein) demeurera la plus grande escroquerie de notre siècle , faite sur le sang des millions d’ innocents pauvres par des financiéristes mondiaux.

Toujours, pour notre part, face à la foudroyante dictature qui nous écrase depuis presque trois décennies, nous avons été obligés de choisir l’option de la lutte armée non pas pour conquérir le pouvoir pour le pouvoir mais plutôt contribuer à restaurer la dignité , l’honneur et toutes les libertés fondamentales aujourd’hui bafouées et bannies par le régime de Ndjamena auquel vous ne cessez de tarir autant d’éloges.

Le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République, fruit de la résistance nationale à la dictature de Ndjamena, ne saura poursuivre sa lutte pour un Tchad meilleur où des valeurs d’alternance démocratique, de paix sociale , de justice équitable et d’égalité citoyenne devenant véritablement les fondements de notre république. Pour cela, au-delà des sacrifices humains et matériels que nous consentons quotidiennement et depuis des longues années, l’apport des vrais amis du Tchad et de son peuple dans ce combat est plus que jamais nécessaire. Et nous pensons finalement que tout dirigeant français, chef de parti ou président de la république , doit avoir à l’esprit que pour freiner le flux migratoire, pour que la paix règne en Afrique et particulièrement le Tchad, il faut aider les tchadiens à assoir une bonne gouvernance, une gouvernance émanant de la volonté populaire.

Veuillez, croire Madame la Présidente du Front National, à nos distinguées salutations.

Ahmat Yacoub Adam

Membre du Comité Exécutif

du Conseil de Commandement Militaire

pour le Salut de la République

Commission Administration et Communication

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