Dans une publication qui est parue dans une rubrique « Coup de Badangaï (203) depuis le 2 novembre 2017 et titrée « Comment les médicaments de la gratuité se retrouvent dans nos rues sans atteindre les bénéficiaires ? », signé du Coordinateur National du Programme de Lutte contre le paludisme au Tchad, docteur Djiddi Ali Sougoudi, mettant à nu les défaillances du ministère de la Santé publique pour bien contrôler ses dotations en matière de médicaments. L’auteur démontre personnellement en maître du lieu que : « Les médicaments mis gratuitement à la disposition de la population par le gouvernement ou par certains bailleurs et partenaires se retrouvent dans une grande quantité dans un marché parallèle chez les vendeurs illicites. Les médicaments de la gratuité et ceux provenant des partenaires se volatilisent lorsqu’ils sont enlevés par les responsables de délégations régionales au niveau de la CPA ou au niveau des PRA (pharmacie régionale d’approvisionnement). »

Selon son propre regard, le Coordinateur National du Programme de Lutte contre le paludisme au Tchad constate aussi que : « Ces responsables, une fois en possession des produits, sont les seuls maîtres de ces produits dont les destinations frauduleuses sont connues par eux et sont multiples (itinéraires sans contrôle, retour vers les marchés Choukou ou Djim, retour vers les pharmacies privées). Les détournements des médicaments sont très courants au point d’en devenir des coutumes. L’autorité publique et le système sanitaire ne punissent pas les receleurs qui vendent à leur vu et su. Ces vendeurs au cœur de ce circuit prohibé sont protégés par ces tolérances inadmissibles. Les médicaments antipaludiques et les moustiquaires se retrouvent dans les rues chez des revendeurs qui ne sont jamais arrêtés ni poursuivis ni auditionnés. Pourtant il suffit d’arrêter ces receleurs pour retrouver les vrais coupables. Et d’ailleurs les receleurs sont aussi les pires coupables dans la chaîne de responsabilité. »

 

Il ne s’arrête pas là. Docteur Djiddi Ali Sougoudi démontre avec beaucoup de précisions que : « Le retour des médicaments dans ce circuit prohibé arrange bien des gens cupides qui officient aussi bien dans le ministère que dans les délégations sanitaires régionales. Certains délégués sanitaires régionaux sont inamovibles dans certaines régions et deviennent des vrais intouchables qui prennent en otage toute une région par la force et le poids de commissions et des pots-de-vin. Revendre les produits mis gratuitement à leur disposition est une méthode d’enrichissement personnel qui leur permet d’acheter les consciences au niveau décisionnel du ministère de la santé. Il est aujourd’hui urgent d’arrêter tous les voleurs tapis aux différents maillons de ce trafic honteux qui spolie les populations vulnérables. »

 

Dans cette analyse très brave, le Coordinateur National du Programme de Lutte contre le paludisme au Tchad désigne en suggérant à l’Etat de son pays ceci :« Les délégués sanitaires régionaux véreux doivent être démis et les receleurs doivent être arrêtés et auditionnés sans délai afin de remonter à rebours ce maillage crapuleux pour punir tous les trafiquants. Les médicaments gratuitement remis n’atteignent que rarement les populations bénéficiaires car leur gestion et distribution ne sont pas lucratives pour le système sanitaire tchadien au niveau des provinces. Les responsables sanitaires provinciaux préfèrent vendre les médicaments de la rue ou ceux des pharmacies privées en créant une pénurie artificielle et une rupture insidieusement organisée. Exemple : lors des supervisions, nous découvrent de nombreux centres de santé qui vivent la rupture des antipaludiques parce qu’une rupture artificielle est rondement organisée et cela n’émeut pas la hiérarchie sanitaire qui est incapable de sévir contre les autres connus ou identifiables. L’anarchie autour du médicament a trop duré. Il faut agir et vite. Tout un système sanitaire d’un pays, le nôtre, est en train de s’écrouler sous nos regards impuissants. La place de tous ces vendeurs illicites et ces trafiquants, c’est la prison de Koro-Toro et d’Amsinené !!! », suggère-t-il.  

Tchadanthropus-tribune avec Mr Ahmat Zéïdane Bichara pour le blog regards Africain de france

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