Diversion, digression, distraction, subterfuge ; confusion, sensation, publicité, etc. ? En tout cas, rien ne semble moins être les stratégies politiques du Président-Général Idriss Déby. Les cartons rouges attribués à Sarh à certains responsables administratifs ne sont que des arbres qui cachent la forêt.  De sources présidentielles, une visite du Président Déby ne figurait pas dans son agenda des voyages. Cette mission du Président est dictée par des remous qui embrasent la ville de Sarh, pourtant acquise à la cause du parti au pouvoir, quand on sait que lors de l’élection présidentielle d’avril 2016, le MPS y avait raclé environ 90% des voix. Depuis la promulgation des décrets qui consacrent la création du sultanat suivie de l’installation du sultan dans cette localité, les Sarhois semblent nourrir de facto le sentiment du rejet et de rupture avec le pouvoir en place : tous, y compris les cadres et députés du MPS de ladite province, se sont unis pour dire non à un sultanat à Sarh ! Et, c’est avec une détermination qui ne souffre d’aucune ambiguïté. Et l’atteinte à la sécurité publique n’est point une hypothèse à occulter. 

Le Président, Idriss Déby Itno, semble avoir entendu les populations de Sarh dans leur ras-le-bol. Ce déplacement circonstanciel a été vu comme une mise en bière de cette chefferie battue en brèche et qui, de surcroit, agace et fâche plus qu’un. 

Déby dissimule la question de sultanat.

 

Simple coïncidence ou stratégie politique, le président chef du gouvernement a pris de cours tous les Sarhois par de remarquables révocations et emprisonnements de quatre responsables des douanes, pour la plupart ses proches [Hachim Haroun, chef de circonscription des douanes ; Ali Morno Djouma, chef de bureau de douanes ; Mahamat Açyl Dagache, chef de bureau de douanes adjoint ; et Zacharia Djerou Limane, chef de brigade de douanes de Sarh, pour détournement de 168 000 000F CFA, selon le rapport de la mission de l’IGE/FAR/IFG du 4 octobre 2018, NDLR]. Et, il n’y a pas qu’eux ! A l’issue de la mission, l’on ne retient de la principale question, à savoir le sultanat, qu’une promesse de réfléchir à ce sujet. 

Curieusement, ce sont ces révocations qui préoccupent les esprits des gens, dissimulant ainsi le vrai débat. 

Décidément, ces arrestations apparaissent comme un moyen pour détourner l’attention de l’opinion sur les questions brulantes et jouer au dilatoire. Rien, en réalité ne justifie un contrôle d’inspection générale d’Etat concomitamment avec la visite présidentielle. De toutes les façons, l’expérience nous montre que depuis quelque temps, Déby semble employer toujours ces manœuvres consistant à créer plusieurs débats à la fois, à la suite de certains de ses actes qui touchent à la vie de la nation, pour détourner l’attention de ses concitoyens. 

Déby se retrouve avec une patate chaude à la main après l’installation, avec forcing, du sultanat à Sarh en juillet dernier. Une intronisation dénoncée par les ressortissants de cette province. Un mois plus tard, le président de la République reçoit le comité ad hoc des ressortissants de Sarh. Rencontre à l’issue de laquelle Idriss Déby promet un retrait de tous ces décrets. Mais que nenni. Les ressortissants se sentent doublement blessés dans leur amour propre, lorsque fin septembre dernier, le forum des chefs traditionnels et coutumiers voient Mahamat Moussa Bezo, le sultan contesté, invité à ce forum. Ce que tous les Sarhois trouvent inadmissible. Ils décident d’observer une journée ‘’ville morte’’, à la lettre. 

L’on a beau croire qu’Idriss Déby foule le sol de Sarh ce 4 octobre pour donner raison aux contestateurs et mettre fin à cet épisode. Mais, hélas ! Idriss Déby a choisi de tourner en bourrique les Sarhois en ouvrant d’autres parenthèses telles que les révocations et emprisonnements de ces responsables de douanes, dont le jeune écrivain Mahamat Açyl Dagache, connu pour ses compétences, son parcours universitaire sans faille et son amour pour son pays. Açyl, tout comme ses autres coaccusés, est donc un candide terni pour un autre but, à savoir faire endormir les gens sur la vraie question, celle de sultanat. Abrogera ou n’abrogera-t-on pas le sultanat de Sarh ? La réponse à cette question demeure dans le secret de Dieu. Et la pression qu’ont mis les ressortissants du Moyen Chari pour en découdre avec cette chefferie non grata ne semble pas suffisante pour faire fléchir Déby. Et, on est loin de sortir de l’auberge.

 

Tchadanthropus-tribune avec Alwihda

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