Quatre journalistes africains, dont le directeur de publication de Tchadinfos Madjissembaye Ngarndinon, participent du 27 juillet au 2 août 2024 à un programme de visite de journalistes au Japon. Ce programme organisé par le ministère japonais des Affaires étrangères est axé sur le thème de la politique africaine du Japon. L’équipe composée de journalistes du Tchad, du Cameroun, du Gabon et de la République démocratique du Congo a commencé cette visite par Hiroshima, l’une des deux villes japonaises ravagées par la bombe atomique larguée par les Américains en août 1945 lors de la seconde guerre mondiale.

Hiroshima. L’évocation du nom de cette ville japonaise fait penser tout de suite, avec celle de Nagasaki, aux bombardements ravageurs américains des 6 et 9 août 1945. Des bombardements qui ont emporté la reddition japonaise et la fin de la seconde guerre mondiale. La ville, située à environ 800 kilomètres en train de Tokyo la capitale, est reconstruite. Elle accueille de très nombreux touristes chaque année.

Mais le poids de l’histoire est toujours là. Après avoir sillonné le parc du mémorial de la paix, l’emplacement où la bombe atomique est tombée le 6 août 1945, nous sommes guidés au musée de ce mémorial où nous attendait Kiyomi Kohno, une des survivantes du bombardement d’Hiroshima. A 93 ans, elle est toujours vigoureuse. C’est avec émotion et une mémoire fraiche comme si c’était hier qu’elle nous a raconté cet événement dans les détails, avec des photos et dessins à l’appui.

 

Madame Kiyomi Kohno

Kiyomi Kohno et ses parents habitaient à 35 kilomètres de l’hypocentre de l’explosion. Le 6 août 1945, elle se rappelle avoir entendu un bruit semblable au tonnerre. Lorsqu’elle est sortie de la chambre, elle affirme avoir vu une énorme fumée dans le ciel d’Hiroshima.

Sur la demande de ses parents, la fille de 14 ans part au centre-ville à la recherche de ses deux sœurs aînées qui y travaillaient. Elle y découvre l’horreur : des corps partout, des blessés qui hurlaient et trainaient leurs peaux comme des monstres et que les hôpitaux, saturés, ne pouvaient contenir, une odeur irrespirable. Le centre de la ville est quasiment devenu un terrain plat. « Lancée à hauteur de 10.000 mètres, la bombe a explosé à 600 mètres du sol. La température au sol après l’explosion était de 3.000 à 4.000 degrés Celsius », se souvient Mme Kiyomi.

Des touristes au musée du mémorial de la paix de Hiroshima

En termes de bilan, la survivante qui cite des chiffres officiels rapporte que du 6 août au 31 décembre 1945, il y a eu 140.000 morts (à cause des effets de la radioactivité, des gens continuaient à mourir des suites de cancer longtemps après l’explosion). Lors des commémorations du 6 août 2023, le chiffre actualisé est de 339.227 personnes qui ont péri. « Il y a toujours des gens âgés qui souffrent encore des effets de ce bombardement », assure Kiyomi Kohno.

Mais elle ne se laisse pas gagner par la fatalité. Au contraire, à l’image de la ville de plus d’un million d’habitants reconstruite et qui se veut le symbole de la paix, elle caresse l’espoir d’un monde débarrassé des armes nucléaires et de la guerre. Ainsi, en mendiante de la paix, elle raconte son histoire à ceux qui viennent vers elle mais également partout où elle va pour que l’histoire d’Hiroshima ne se répète pas. « Les catastrophes naturelles sont des cas de force majeure. Mais les armes, les bombes nucléaires, on peut arrêter de les fabriquer. Nous devons, nous avons l’obligation de transmettre le vœu de paix à tout le monde entier », souhaite ardemment la nonagénaire, invitant la jeunesse à prendre le flambeau pour être le porteur de ce message d’espérance.

Tchadanthropus-Tribune avec TchadInfos

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