L’humanité a « brisé le cycle de l’eau », sa « substance vitale ». Les mots prononcés à New York par le secrétaire général Antonio Guterres, au deuxième jour de la conférence des Nations unies sur l’eau, résonnent tout particulièrement en Afrique. C’est le continent qui souffre le plus, et de manière grandissante, des problèmes d’accès à l’eau.

Depuis 2010, il y a eu quarante fois plus d’émeutes de la soif en Afrique. La situation est meilleure en Côte d’Ivoire et au Mali qu’au Cameroun ou en République démocratique du Congo. Mais en moyenne, 40% de la population africaine n’a pas d’accès sécurisé à l’eau potable.

 

Alors que la population grandit, le changement climatique multiplie et aggrave les épisodes de sécheresse, comme en Afrique de l’Est en ce moment. Dans certaines régions du Kenya, le prix de l’eau a quintuplé.

 

Ailleurs, en Afrique centrale et dans le Sahel, ce sont les inondations qui ont, ces derniers mois, souillés les sources d’eau propre. Dans un cas comme dans l’autre, le manque d’eau potable, à l’origine de 80% des maladies, provoque une recrudescence du choléra dans quinze pays d’Afrique. Près de 70% des Africains sont privés de système d’assainissement, c’est-à-dire de toilettes et de traitement des eaux usées.

 

Besoin d’adaptation et d’investissements

 

Le secteur de l’eau et de l’assainissement va donc devoir s’adapter dans son ensemble, explique, depuis New York, le directeur général du Programme Solidarités Eau, Christophe Le Jallé.

 

« il y a quelques années, on a eu sur une trentaine d’heures plusieurs centaines de millimètres [de pluie, NDLR] sur Ouagadougou. Quel système peut supporter ça? C’est très complexe. Si on parle d’assainissement, ce sont souvent des formes d’assainissement non collective, ce sont des fosses. Lorsqu’il y a une inondation, ces fosses débordent avec les problèmes sanitaires que ça pose […] La solution, c’est qu’au moins les premiers niveaux des murs de la latrine soient en durs, donc en ciment »

 

L’insécurité ne facilite pas les investissements. Les progrès sont trop lents pour que le sixième des objectifs de développement durable de l’ONU, l’accès à l’eau potable, soit atteint en 2030. Pourtant, un dollar mis dans ce secteur en économise jusqu’à six en temps de corvée d’eau, en production agricole et industrielle, et en bénéfices éducatifs et sanitaires.

Le Tchadanthropus-tribune avec Rfi

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