D’abord je tiens a’ vous informer, Mr. le ministre, que j’ai déjà écrit 10 lettres destinées au ministère de l’éducation. Je ne sais pas si mes lettres sont restées lettres mortes ou si elles ont contribué a’ apporter un changement quelconque au niveau de l’éducation du Tchad. Depuis quelques mois j’ai décidé d’écrire 10 lettres additionnelles pour le ministère de l’enseignement supérieur. Les 3 lettres précédentes sont adressées a’ Ahmat Taboye, votre prédécesseur, un homme calme, compétent et modeste.

En son temps, Mr. Taboye voudrait exiger une moyenne de 10 avant de pouvoir composer le BAC. Cette exigence est une bonne idée. Des nullards avec une moyenne de 5 ou moins doivent reprendre la classe de terminale pour être a’ la hauteur du BAC avant de le composer. En outre, le fait qu’il ait dorénavant une et une seule session de BAC (pas de Bac orale) c’est aussi une très bonne initiative. Car déjà durant le BAC, bcp d’élèves essaient de corrompre les profs. Et pendant le BAC orale, c’est encore pire. Hier le 19 juin 2012, nous avons appris par les différents medias que quelques centaines d’élèves ont été renvoyés de l’examen du BAC pour avoir tenté de tricher. On sent que les choses s’améliorent au niveau de l’éducation "bancale" du Tchad. Tant mieux.

Bref, j’ai aussi quelques propositions: 1- Dans les classes de terminales et de 3ieme, je propose 2 profs dans une seule classe (et cela’ pour toutes les matières nécessaires). Pourquoi? Au Tchad, dans la plupart de classes de 3ieme et terminales il y’a entre 80 et 100 élèves. Un seul prof ne peut pas aider un tel nombre des jeunes a’ bien se préparer aux examens. Le fait d’avoir 2 enseignants dans une même classe facilite la gestion. Un prof peut intervenir auprès d’un élève en difficulté pendant que l’autre poursuit la démonstration magistrale pour le reste du groupe. Le hic, il faut une certaine chimie et entente entre les 2 profs en question.

2- A long terme, je propose carrément l’abolition de Brevet et du BAC. Durant l’année scolaire si l’élève réussit a’ trouver une moyenne de 10 ou plus, qu’il passe pour la 2nd s’il est en 3ieme ou on lui donne son diplôme d’étude secondaire (BAC) s’il est déjà en terminale. Au canada par exemple, pas de brevet ni de BAC (ne confondons pas avec BAC a’ l’université qui a une équivalence d’un licence en Afrique). L’élève doit faire ses devoirs et a’ la fin de l’année s’il arrive a’ avoir une moyenne de 60% (12/20), il passe. C’est aussi simple que ca. Je trouve ce système de tres géniale.

Le Brevet et le BAC apportent trop de stresse chez les jeunes. En sus, il y’a trop des pressions de la part de leurs parents et entourages. Si un élève rate son Brevet ou son BAC, presque tout le monde dans sa ville le trouve pour un paresseux, un nullard qui n’étudie pas bien. Pourtant ce n’est pas toujours le cas. Au Brevet et au BAC il arrive que les profs même corrigent mal les copies. Surtout au BAC, comme les profs sont payés 100 fcfa par copie, ils donnent des notes arbitraires au plus vite pour corriger les plus des copies possibles. Une fois, un abéchois brillant a raté son BAC. Pour reprendre la classe de terminale, il devait présenter son relevé des notes. Il est parti pour Ndjamena, on lui a donné un relevé des notes dont il se rappelle qu’en Math il a eu 8,5 et en physique 9.75. A son retour, il a égaré son relevé des notes. Le censeur du Lycée, Mr. Ibrahim Moursal lui a exigé d’aller chercher un autre relevé des notes. Il est encore reparti pour Ndjamena. A sa surprise, le 2ieme relevé des notes est différent du premier. Il constatait qu’en Math, cette fois-ci, il a juste 5/20 au lieu de 8,5 et en physique 7/20. Il demande des explications mais on lui a fait savoir qu’ils ne sont pas obligés de donner d’explications a’ tous ceux qui ont raté au Bac blablabla. Le malheureux élève s’est vu obliger de venir a’ Abéché avec un "2ieme faux relevé" pour pouvoir reprendre la classe de terminale. Voyez vous. Donc le Brevet et le BAC ne déterminent pas vraiment le niveau de l’élève. Ce n’est pas parce qu’un élève rate au Brevet au BAC qu’il est nul ou paresseux. A titre d’exemple, en 1994, j’ai raté au Brevet. Pourtant j’avais une moyenne de 12,90 (j’étais parmi les 10 premiers dans une classe de 60 élèves) mais au Brevet je ne comprends pas ce qui m’est arrivé pour le rater. Pourtant des médiocres qui faisaient l’école buissonnière avec une moyenne de 7 ou 8 ont passé au Brevet.

En 1996, Mon ami et camarade de classe de 10 ans (de cp1 jusqu’en 3ieme) Mht Aht Wardougou (actuel directeur du transport aérien a’ l’ADAC) qui était premier de la classe en TleD avait raté au BAC. L’autre camarade de CP1 jusqu’en 6ieme, Mht Souleymane Bassy qui était toujours parmi les 3 premiers a aussi raté son BAC avant de pouvoir passer l’année suivante. Le fils d’Adjoint préfet d’Abeché (1996), Seid, un étudiant tres brillant a été 2 fois TOM avant de pouvoir décrocher son BAC en 1997. Alain, le premier de notre classe en TD en 1998, a raté aussi 2 fois son BAC a’ Moundou avant de venir composer avec nous a’ Abéché pour passer en 1998. De tels exemples sont légions. Dans des examens comme le Brevet ou le BAC, ils arrivent souvent des nullards passent (on ne sait pas par quel miracle) mais des élèves brillants ratent. La plus simple solution c’est d’abolir le Brevet le BAC du Lycée. Pour passer, il faut bosser et il faut que l’administration tienne compte du travail de l’élève durant toute l’année scolaire.

Aujourd’hui tout le monde est conscient que le niveau de l’élève tchadien est trop bas. Un élève de 3ieme n’est pas capable de bien s’exprimer ou de rédiger une bonne lettre. Un autre de terminale ne peut pas faire un rapport en bonne et due forme. Les enseignants sont obligés de laisser passer certains élèves malgré leur médiocrité. On ne peut pas faire chuter la majorité comme c’était le cas au BAC en 2011 (juste 13% d’admis d’office). Non, cela’ est inacceptable. Malheureusement comme les élèves qui terminent les 1ier Cycles sont moins bien formés , les 2nd cycles doivent ensuite adopter leurs programmes a’ cette nouvelle clientèle. Ensuite, au tour des universités ou instituts de revoir leur exigence a’ la baisse pour tenir compte des capacités des étudiants. Résultat: A l’exception de quelques brillants étudiants tchadiens tels que Mini Mini Medar, AbdelHamid Mht Aalim (dit gabonais), Brahim Guihini Dadi et mon excellent neveu, le Dr. Djiddi Ali Sougoudi etc… la plupart des étudiants tchadiens occupent la queue de peloton dans la poursuite de leurs études supérieures une fois a’ l’extérieur du pays. Être le dernier a’ l’étranger ou montrer sa médiocrité dans de grandes écoles renommées n’honore jamais son pays.

Qu’est-ce qui rend l’élève ou l’étudiant tchadien médiocre? En grande partie c’est le manque de moyen. L’état n’investit pas bcp dans l’éducation. Les quelques milliards de fcfa investis de temps a’ autres sont mal gérés ou détournés. Nous constatons avec amertume que nos écoles manquent de moyens et les conditions de vie des jeunes en cours d’études sont de plus en plus difficiles: Fourniture, logement, transport et nourriture posent des problèmes financiers a’ plusieurs d’entre eux. Au lieu d’aider ces misérables de sortir la tête de l’eau, on les enfonce pour le noyer carrément en détournant les milliards investis a’ cet égard. Même le président de l’Assemblé nationale actuel, Haroun Kabadi, a connu la prison pour avoir détourné en complicité avec d’autre cadres l’argent destinée a’ l’éducation. A quand la conscience chez nous tchadiens ?

Pour terminer, Mr. le ministre, j’ai une question pour vous. Pourquoi, 50 ans après l’indépendance, notre enseignement est soumis aux critères français et les nombreuses reformes de l’hexagone se répercutent encore et encore sur les programmes tchadiens? A quand une reforme typiquement tchadienne? Une reforme qui va effectivement abolir un jour des niaiseries telles que le Brevet et le BAC. Merci pour votre lecture et bonne journée.

Votre ami et frère,
Mahadjir.Fils
Amérique du Nord.
www.enfantdutchad.com

 

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