Les médias sénégalais observeront ce mardi 13 aout une “journée sans presse” à l’appel du Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse au Sénégal (Cdeps). Cette initiative intervient dans un contexte où le secteur traverse l’une des crises les plus graves de son histoire, marquée par des difficultés économiques croissantes et des tensions avec les nouvelles autorités en place depuis plus de quatre mois.

Durant cette journée, les journaux ne seront pas publiés, les émissions de radio et de télévision seront suspendues, et les sites d’informations appartenant à des entreprises de presse ne diffuseront aucun contenu. Le Cdeps, qui regroupe des éditeurs privés et publics, dénonce une série de mesures prises par le gouvernement, notamment le blocage des comptes bancaires des entreprises de presse, la saisie de leur matériel de production, la rupture unilatérale de contrats publicitaires, et le gel des paiements dus aux médias. Ces actions sont perçues comme une tentative de contrôle de l’information par les autorités.

Le secteur des médias au Sénégal fait face à des difficultés structurelles depuis plusieurs années, avec des conditions de travail précaires et des dettes fiscales importantes. La situation s’est aggravée récemment, comme en témoigne la suspension de deux quotidiens sportifs majeurs, “Stades” et “Sunu Lamb”, fin juillet, après plus de vingt ans de publication.

Selon Reporters sans frontières (RSF), 26 % des reporters au Sénégal n’ont pas de contrat de travail, et la crise actuelle a exacerbé la méfiance entre les médias et le public. L’ONG appelle les autorités à engager un dialogue avec les acteurs des médias pour trouver des solutions durables qui respectent la liberté de la presse, mise à mal ces dernières années. Depuis 2021, le Sénégal a reculé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, reflétant une dégradation continue sous les nouvelles administrations.

Cette journée de mobilisation souligne la gravité des défis auxquels le secteur médiatique est confronté au Sénégal, mettant en lumière les tensions entre le gouvernement et les professionnels de l’information, dans un pays autrefois considéré comme un modèle de liberté de la presse en Afrique. ( AFP)

Tchadanthropus – Tribune

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