Baisse des cours du baril de pétrole, réserve de change, franc CFA…, les équations qui attendent le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, nouveau gouverneur de la BEAC. 

En prenant ses fonctions de nouveau gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) à Yaoundé, au Cameroun, ce vendredi 31 mars, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli sait que de nombreux dossiers l’attendent avec une certaine urgence. Au programme de ces tout prochains mois, notamment, il est attendu pour relever le défi du retour de la croissance, le débat sur l’avenir du franc CFA. Mais plusieurs autres chantiers font encore du surplace dans la sous-région. Succédant à Lucas Abaga Nchama à la tête de la banque des six États d’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo, Centrafrique, Tchad et Guinée équatoriale), Abbas Mahamat Tolli doit gérer les conséquences de la baisse des cours du baril de pétrole pour les six économies depuis 2014. Mais cet impératif est une priorité, parmi tant d’autres.

Enrayer la fonte des réserves de change

L’ancien ministre des Finances du Tchad veut enrayer la fonte des réserves de change – 5,9 milliards de dollars en août 2016 contre 15,1 milliards de dollars fin 2014. Des chiffres qui inquiètent le Fonds monétaire international (FMI). Les six États de la Communauté économique d’Afrique centrale (Cemac) sont actuellement en négociation avec le FMI, qui devrait annoncer des programmes d’ici à la fin du premier semestre, après avoir envoyé des missions d’experts au Gabon, au Cameroun, en Centrafrique, au Congo…

Le défi d’un retour de la croissance

Selon les dernières données macroéconomiques émanant de l’institution, la zone Cemac connaît un ralentissement économique marqué par la chute des cours du baril de pétrole et l’atonie de la demande intérieure. Conséquence, le taux de croissance du PIB en 2016 se situe à + 0,2 %. Le taux d’inflation ressort à 1,1 %, en recul par rapport à 2015. Le nouveau gouverneur s’est tout de même félicité le 22 mars des « financements extérieurs qui aideront à réduire les déficits budgétaires et permettront de réaliser des investissements ». Inversement à l’Afrique de l’Ouest tirée par le Sénégal et la Côte d’Ivoire, les États de la Cemac ont vu leur croissance du PIB passer de 5 % en 2014 à 1 % en 2016.

Les comptes publics et extérieurs sont déficitaires, s’établissant respectivement à – 5,6 % du PIB et – 12,4 % du PIB. Les perspectives pour 2017 tablent sur un regain de la croissance économique avec un taux de 1,6 %, si la remontée des cours du brut suit son cours. Le nouveau gouverneur mise également sur les réformes lancées, dans la zone, notamment avec un fort accent mis sur la gestion des finances publiques. Lors de la conférence extraordinaire qui s’est tenue à Yaoundé le 23 décembre 2016, les chefs d’État de la zone ont décidé d’un programme ambitieux intitulé « Programme de réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac) ». Objectif : relancer les économies et accélérer la diversification.

Politique monétaire

Autre chantier pour Abbas Mahamat Tolli, 45 ans, la politique monétaire de la zone Cemac. À l’heure où monte le débat sur le franc CFA, monnaie commune au sein de la Cemac dont la valeur est garantie par le Trésor public français, la banque d’Afrique centrale a publié le 22 mars dernier sa volonté de changer la donne : « Nous avons tenu compte de la conjoncture de la zone et avons décidé de mettre la politique monétaire en cohérence avec les politiques budgétaires des États. » Concrètement, il s’agit de renforcer la gestion de la monnaie en consolidant le dispositif de la réglementation des changes.

 

PAR

Le Point Afrique

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