
8 avril 2025 #TCHAD #Afrique centrale : À l’UA, l’Afrique centrale part en guerre contre le panel des éminents Africains.
Les diplomates de la région ont vivement réagi et pris des mesures communes pour contester le rejet des treize candidatures aux deux derniers postes de commissaire de l’Union africaine. Ce qui ouvre un conflit sans précédent au sein de l’organisation panafricaine.
Les États d’Afrique centrale et leurs représentants auprès de l’Union africaine (UA) ont fini par protester face au rejet par le panel des éminents Africains des treize candidatures aux deux postes de commissaire revenant de droit à la région. Doyen des ambassadeurs d’Afrique centrale à Addis-Abeba, le diplomate de RDC Jean-Léon Ngandu Ilunga a ainsi adressé, le 31 mars, une note verbale à l’attention de la représentation de l’Angola, qui assure la présidence tournante de l’UA, ainsi qu’à la nouvelle Commission, dirigée depuis février par le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, et au bureau de la conseillère juridique de l’organisation panafricaine, Hajer Gueldich.
Dans ce document, consulté par Africa intelligence, l’ambassadeur congolais fait part de la « profonde déception » et de « l’indignation » de l’Afrique centrale, qui tient à exprimer son « rejet total » des conclusions du panel des éminents Africains. Le 24 mars, ce groupe chargé de présélectionner les candidatures avait retoqué l’intégralité des dossiers en prétextant qu’ils ne remplissaient pas les « conditions requises » (AI du27/03/25).
De facto, le panel, dirigé par l’Éthiopienne Kongit Sinegiorgis, a donc suspendu le processus de sélection des candidats aux deux derniers postes non pourvus au sein de la Commission de l’UA. Il s’agit des postes de commissaire au développement économique, au commerce, au tourisme, à l’industrie et aux mines (DCIM), et de celui à l’éducation, à la science, à la technologie et à l’innovation (Esti).
Position commune
Cette fois, les chefs de diplomatie d’Afrique centrale ont acté une position commune, partagée par l’ambassadeur de RDC dans cette note verbale. La région souligne « l’inopportunité » de la réouverture d’un cycle de candidatures et exige le « maintien intégral » des treize dossiers transmis au panel en vue d’une élection normalement prévue en avril par le conseil exécutif de l’UA. Enfin, les diplomates d’Afrique centrale recommandent à l’unisson une contre-expertise sur l’évaluation des candidatures examinées par le panel. Ils expriment leur souhait de voir les deux postes pourvus au cours du mois d’avril afin de compléter et de finaliser la composition de la Commission de l’organisation panafricaine.
Quatre jours plus tôt, à Libreville, la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait informé les ministres des affaires étrangères des États concernés de sa saisine du département légal de l’UA. Dans la foulée, l’ambassadeur de RDC à Addis-Abeba a réuni tous ses homologues de la région en fonction dans la capitale éthiopienne et auprès de l’UA afin de coordonner la riposte. Si la présidente du panel des éminents Africains cristallise la colère des diplomates d’Afrique centrale, les trois autres membres du groupe, le Burundais Paul Ngarambe, la Sud-Africaine Nozipho Mxakato–Diseko et le Ghanéen Patrick Hayford ne sont pas en reste.
Faute de justifications considérées comme recevables et vraiment argumentées, leurs conclusions sans appel éveillent les soupçons sur leur dessein présumé d’étirer le processus de recrutement en vue d’augmenter leurs revenus. Selon une grille interne, la présidente du panel est rémunérée 900 dollars par jour de travail et 700 pour les autres membres. C’est la première fois dans l’histoire de l’UA que les candidatures à des postes stratégiques sont rejetées en bloc et que le processus se retrouve ainsi paralysé. Au risque de créer des tensions embarrassantes au sein de la nouvelle Commission.