Depuis plusieurs années, la diplomatie tchadienne s’efforce de positionner ses ressortissants aux postes-clés des organisations internationales, mais elle pourrait perdre deux de ses positions les plus stratégiques en 2021.

Réunis le 26 juin, les ministres de l’Économie des quatorze pays africains membres du Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace) ont élu à l’unanimité le Tchadien Ngueto Tiraina Yambaye en tant que nouveau directeur de l’institution financière panafricaine établie à Cotonou. Dans la capitale béninoise, l’ancien ministre de l’Économie d’Idriss Déby succèdera à la tête du Fagace au Camerounais Basile Tchakounté, qui assurait l’intérim du fonds depuis le départ à l’automne de Minafou Fanta Coulibaly-Koné. Pour faire élire son candidat, N’Djamena n’a pas lésiné sur ses efforts. Face à un short-list d’une dizaine de noms, le ministre des Finances Tahir Hamid Nguilin et celui des affaires étrangères Mahamat Zene Chérif se sont démenés pour porter la candidature de Ngueto Tiraina Yambaye auprès des treize autres États membres de l’institution africaine. Ce dernier rejoint le carré très « sélect » des anciens ministres tchadiens actuellement en poste dans une organisation internationale.

BEAC, Minusma et Union africaine

Avant Ngueto Tiraina Yambayee, c’est l’ancien ministre tchadien des Finances Abbas Mahamat Tolli qui a été nommé en 2017 gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Neveu du président tchadien Idriss Déby, sa candidature avait été à l’époque ardemment soutenue par la diplomatie tchadienne. Principale institution financière de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), la BEAC planche notamment sur l’avenir du franc CFA. Autre placement de taille pour le Tchad : la Minusma. En 2015, N’Djamena était ainsi parvenu à faire coopter son ancien ministre des affaires étrangères Mahamat Saleh Annadif à la tête de la mission onusienne.

Mais la plus belle victoire pour la diplomatie d’influence de N’Djamena reste sans conteste l’élection en janvier 2017 de l’ancien ministre des Affaires étrangères (2008-2017) Moussa Faki Mahamat à la tête de la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA). Élu au septième tour, le diplomate tchadien avait notamment fait face à la candidature sénégalaise soutenue par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’Abdoulaye Bathily et à celle, kenyane, d’Amina Mohamed.

Perte de vitesse

D’une durée de quatre ans, le mandat de Moussa Faki Mahamat à la tête de la Commission de l’UA devrait prendre fin cet hiver, tout comme celui de Mahamat Saleh Annadif à la Minusma. Les négociations pour lui succéder à la tête de la mission onusienne ont d’ores et déjà commencé et plusieurs noms ont été proposés ces dernières semaines (Africa Intelligence du 12/05/20). N’Djamena devrait donc être amputé de deux postes-clés de sa diplomatie d’influence. Maigre consolation pour le Tchad, c’est lui qui devrait succéder en février prochain à la Mauritanie pour prendre la présidence du G5 Sahel, et ce en dépit d’un faible investissement dans les affaires de l’alliance panafricaine.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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