Les équipements lourds de l’armée tchadienne, achetés pour l’essentiel dans les pays de l’ex-bloc de l’Est, ont été durement affectés par les combats contre le FACT.

Jusqu’ici dépendant de ses fournisseurs ukrainiens et russes, le Conseil militaire de transition veut moderniser son arsenal et mettre fin aux réseaux d’approvisionnement établis sous le règne d’Idriss Déby.

Si les Forces armées tchadiennes (FAT) ont mis hors d’état de nuire mi-avril le gros des troupes du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), c’est au prix d’un coût matériel élevé : dépourvue de bombes guidées, la flotte tchadienne de douze avions Su-25 a été durement touchée lors des survols des colonnes rebelles et quatre appareils ont vu leur fuselage suffisamment endommagé pour ne plus être en mesure de voler.

L’état-major tchadien, qui venait tout juste de faire réparer certains de ces avions dans l’usine géorgienne Tbilaviamsheni (AI du 20/04/21), à Tbilissi, n’a pas encore décidé s’il convient de les renvoyer en Géorgie.

Le même problème se pose pour les hélicoptères Mi-24, eux aussi remis à neuf : trois ont été criblés lors des combats et un définitivement abattu.

Sur le papier, l’armée de l’air tchadienne possède trois chasseurs MiG-29 qui pourraient, théoriquement, pallier les dommages infligés aux Su-25. Problème : un seul de ces appareils, acheté au prix coûtant à l’Ukraine au milieu des années 2010, a été effectivement livré à N’Djamena. Les deux autres feraient partie du lot saisi par l’armée russe lors de l’invasion de la Crimée en 2014. C’est en tout cas ce qu’a affirmé la partie ukrainienne au Tchad qui, bien qu’il ait payé pour trois avions, n’a jamais été remboursé ni compensé, à la grande irritation de l’état-major.

Les conseillers défense d’Idriss Déby marginalisés

Tous ces problèmes viennent s’ajouter aux difficultés qu’ont connues les équipages des Mi-24 avec leurs roquettes S-5 et S-8, achetées, là encore, dans les pays de l’Est et qui ont dysfonctionné par paniers entiers contre le FACT.

En conséquence, les réseaux d’approvisionnement bien établis tissés par le Tchad avec l’Ukraine et la République tchèque, entre autres, se retrouvent sur la sellette. Sous la houlette d’Oumar Déby, frère cadet d’Idriss Déby, et du chef d’état-major particulier de l’ex-président, Mahamat Taher Orozi, ces circuits passent par une petite société tchèque, Max Merlin, qui mène, pour le compte du ministère tchadien de la défense, les achats de matériel et de munitions dans les pays de l’ex-bloc de l’Est. D’autres sociétés ont également été incorporées, notamment en Estonie.

Idriss Déby disparu, Oumar Déby et Mahamat Taher Orozi se retrouvent marginalisés par la nouvelle génération de conseillers qui opère autour des membres du Conseil militaire de transition (CMT). Outre l’Ukraine, l’un des fournisseurs réguliers de l’armée tchadienne est Israël : Elbit System a doté, l’an dernier, une partie de la flotte des Mi-24 tchadiens de boules infrarouges. Cependant, les équipages n’ont pas été formés à l’emploi de ce matériel précieux, mais complexe.

Tchadanthropus-tribune avec la lettre du Continent.

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