Le processus de refondation du Tchad enclenché dès le 21 avril par le Conseil militaire de transition (CMT), au lendemain de la disparition brutale du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, ne connaît depuis aucun répit.

Mahamat Idriss Deby Itno, Président de la République Tchadienne
© Mahamat Idriss Deby Itno, Président de la République Tchadienne

Après avoir d’abord assuré la continuité de l’Etat, puis lancé les bases d’un dialogue national et inclusif à travers l’ensemble du territoire, le nouveau Chef de l’État multiplie les actes de réconciliation, aussi bien vers l’intérieur que l’extérieur, au nom de l’unité du Tchad, préalable obligé à une transition réussie.

Que de chemin parcouru par le Tchad en un peu plus de six mois ! Depuis le décès, aussi tragique qu’inattendu, survenu le 20 avril, du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, président de la république tout juste réélu, le pays a inauguré une période de transition inédite. Tout en veillant à garantir la stabilité et la sécurité du territoire alors menacé sur ses frontières, le Conseil militaire de transition (CMT), mis en place dès le 20 avril et présidé par le Général Mahamat Idriss Deby Itno, a promulgué une charte de transition dans laquelle sont associées toutes les forces vives de la Nation – politiques, sociales, religieuses –, avec l’objectif de consolider l’État et ses acquis, tout en renforçant ses institutions.

Dialogue national et réconciliation

Très vite, un gouvernement de transition et d’union a été mis en place, placé sous la responsabilité d’Albert Pahimi Padaké. Sa feuille de route vise à assurer la continuité de l’État, à préserver la paix et la stabilité, à poursuivre le développement du pays pendant une période de transition qui s’achèvera par l’organisation d’élections générales. Son action est complétée depuis le 5 octobre par celle du Conseil national de la transition (CNT), parlement intérimaire nommé sur décret par le président du CMT, Mahamat Idriss Deby Itno qui, en tant que chef de l’État, promeut également depuis sa prise de fonction, les impératifs de dialogue national et de réconciliation entre tous les Tchadiens et les Tchadiennes.

La composition du CNT illustre cette volonté d’ouverture, puisque ses 97 membres représentent la diversité de la société tchadienne. Un tiers est constitué d’anciens députés de l’assemblée sortante, les autres viennent des différents courants politiques et « politico-militaires », des mouvements syndicaux ou religieux, de la société civile. Un ministère de la Réconciliation nationale et du dialogue a même vu le jour, confié à Acheikh Ibn Oumar. Il coiffe le Comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI), en charge du processus et représentatif lui-aussi de toutes les composantes politiques et sociales du Tchad. Chargé d’indiquer le cap à tenir, il a envoyé de nombreuses missions à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour initier des pré-dialogues avec la population, ainsi que des consultations avec les mouvements politico-militaires.


280 millions d’euros

La somme nécessaire pour financer la transition. L’UE contribue à hauteur de 100 millions d’euros, sous forme d’appui budgétaire ou d’assistance technique.


Les 13 et 14 novembre 2021 à Paris, lors du CODNI (comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif), consultations des forces vives de la diaspora tchadienne en Europe.
© Les 13 et 14 novembre 2021 à Paris, lors du CODNI (comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif), consultations des forces vives de la diaspora tchadienne en Europe.

Engouement sans faille

Le CODNI a présenté le 25 novembre, les conclusions de ces travaux. Elles confirment d’abord l’engouement sans faille des Tchadiens, décidés comme jamais à s’exprimer, comme leur a demandé à plusieurs occasions de le faire le président du CMT : « tout le monde peut le faire, il n’y a pas de sujets tabous ». À charge ensuite pour le comité technique du CODNI de faire la synthèse des idées et des propositions de chacun et de rédiger le rapport remis aux autorités fin-novembre. « Nous sommes dans le bon timing », a assuré Mahamat Idriss Deby Itno, lors de son passage sur la chaîne France 24 quelques semaines plus tôt. Le chef de l’État a également saisi l’occasion pour promettre à nouveau des élections « libres et démocratiques », alors que le contexte sécuritaire se détend à mesure que les menaces militaires migrent vers la Libye.

« Pour bâtir ensemble un Tchad de paix, de stabilité et de sécurité », comme il s’y est engagé lors de son allocution à la nation, à l’occasion du 61ème anniversaire de l’indépendance du pays, le président du CMT défend le principe d’une « réconciliation sincère et intégrale » et multiplie, comme son Premier ministre, les messages d’unité, invitant chacun à prendre ses responsabilités, pour saisir l’opportunité de maintenir le Tchad sur les rails du progrès. Un appel entendu par la population, ainsi que par de nombreux courants politiques et mouvements de la société civile, de la Convention tchadienne pour les droits humains (CTDDH) à la Convention tchadienne pour la paix et le développement (CTPD), qui tous ont confirmé, au fils des semaines, leur participation au processus de réconciliation, dont le point d’orgue sera le Dialogue national inclusif, attendu pour démarrer dans les prochaines semaines.

Table-rase du passé

Plusieurs cadres de l’Union des forces pour la résistance (UFR) sont également rentrés au pays, pour répondre à la main tendue par les autorités militaires de la transition. D’un certain passé, l’heure est venue de faire table-rase. Et c’est au nom de cette union sacrée que les autorités tchadiennes ont accordé l’amnistie générale à ceux qui avaient choisi la voix de l’exil ou de la violence pour exprimer leur divergence politique. Deux projets de lois ont été présentés lors du Conseil extraordinaire des ministres du 29 novembre, en présence du chef de l’État. Le premier propose une amnistie générale pour les faits d’atteinte à l’intégrité de l’État et de délit d’opinion ; le second pour les faits d’acte de terrorisme, de complicité, de recrutement et d’enrôlement de mineurs dans des forces armées. Près de trois cents personnes au total devraient bénéficier de ces mesures.


« Nous sommes dans le bon timing », assure Mahamat Idriss Deby Itno.

Un jugement partagé par les partenaires du Tchad et par les tchadiens eux-mêmes.


Le président Mahamat Idriss Deby Itno a également profité de ce conseil pour rappeler à tous ses ministres les critères de compétence, d’expérience et d’équité à respecter au moment de constituer leurs équipes. « Chacun doit assumer pleinement ses fonctions, dans le strict respect de ses prérogatives et de ses attributions », a insisté le chef de l’État. Comme il l’a lui-même confirmé, le processus est dans les temps et respecte aujourd’hui encore le chronogramme défini à l’origine. Pour faire de la transition tchadienne, une transition modèle.

Soutien tous azimuts de la communauté internationale

Depuis son arrivée au pouvoir, le président Mahamat Idriss Deby Itno et le Premier ministre de la transition, Albert Pahimi Padacké, multiplient les missions auprès des différents partenaires internationaux pour mieux plaider la cause de la transition en cours et mobiliser les ressources financières nécessaires à son financement. Le chef de l’État avait ouvert la voie en se rendant au Qatar le 13 juillet, pour s’entretenir en tête-à-tête avec l’Émir Tamim Ben Hamad Al-Thani, pour donner « une nouvelle dimension à la coopération » entre les deux pays. Il s’est ensuite rendu à Paris mi-novembre pour assister au Forum de la paix, ainsi qu’à la conférence internationale sur la Libye. Il avait déjà raffermi les liens avec la France, en venant rendre visite au président Emmanuel Macron début juillet.

De son côté, le chef du gouvernement a fait escale à Bruxelles les 16 et 17 novembre. Il a pu s’entretenir avec Janez Lenarcic, le commissaire européen en charge des questions d’urgence humanitaires, ainsi qu’avec sa collègue aux partenariats et à la coopération économique, Jutta Urpilainen. L’occasion pour Albert Pahimi Padacké de confirmer la volonté du CMT de respecter ses engagements ainsi que les trois priorités fixées par l’UE : l’organisation du dialogue inclusif ; la rédaction de la constitution ; l’organisation du référendum constitutionnel et des élections libres et transparentes qui mettront un terme à cette période de transition.

Source : Présidence de la transition

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