De prime abord, qu’il me soit permis de remercier infiniment, l’éminent Professeur, Djona Atchénémou Avocksouma, pour avoir pris la peine de me lire (parce que beaucoup de Tchadiens semblent ne pas aimer la lecture) et avoir eu le temps de réagir, par écrit, à mon écrit pour prendre part au débat sur la corruption. Je trouve cela très encourageant parce que l’enjeu est de taille et demande la participation active de tout le monde, et surtout des grands intellectuels comme lui.

 

Cependant en lisant sa réaction, avec une petite nuance, il me semble que nous nous acheminions vers la même conclusion : la gravité du fléau et l’urgence de mobiliser toutes les forces vives de la nation et du monde –oui du monde parce que, selon certaines sources, une grande partie de nos fortunes serait déposée au Panama lointain (the Panama Papers). Si aujourd’hui ce fléau est un monstre avec une adresse bien connue, les autorités pourraient mobiliser l’armée pour aller le vaincre, mais hélas, il est un monstre asymétrique et insaisissable. Aussi convient-il avec moi que beaucoup d’efforts ont été déployés, jusqu’ici, pour vaincre ou tout au moins atténuer ses impacts néfastes mais ces tentatives ont presque toutes fini en queue de poisson !

 

Quand Prof écrit « Pour moi, tout mettre sur le dos la religion, c’est tout simplement tenter de noyer le poisson. » je suis parfaitement d’accord avec lui. L’objective même de mon écrit c’est un peu cela. Cette guerre contre la corruption, n’a rien à avoir avec la religion de qui que ce soit. Le serment n’est qu’un outil parmi tant d’autres déjà tentés au Tchad et ailleurs. Je veux tout simplement que l’on de-confessionalise la bataille contre la corruption, en particulier et la mauvaise gouvernance en général, pour que « l’anathème soit jeté sur » ceux qui pillent nos ressources. Quand on lit ailleurs des titres, assez séditieux, tel que « Quand Dieu/Allah est une arme de purge politique » c’est du faux fuyant !

 

Aussi voudrais-je rappeler ici que le serment confessionnel est une nouveauté au Tchad, certes, mais il n’est pas quelque chose de nouveau dans le monde et chez nos voisins, comme j’ai bien expliqué dans mon écrit. J’aimerais également ajouter que le serment confessionnel est la toute dernière arme utilisée dans la bataille, mais non pas l’arme ultime ou la fin de l’Histoire (chère à Fukuyama). Ils appartiennent, donc, aux Tchadiens, surtout aux intellectuels comme notre éminent Professeur, universitaire, écrivain et plusieurs fois ministre, de faire des recherches pour trouver d’autres outils, armes ou moyens innovateurs, plus efficaces, pour combattre ce fléau qui rend l’avenir de notre génération et les générations futures plus que hypothétiques.

 

Aussi, faut-il rappeler que celui qui a prêté serment n’est pas exonéré des poursuites judiciaires quand il est pris la main dans le sac. Bien au contraire, celui-là sera, même, punis doublement : ici-bas et à l’au-delà.

 

Le Ministre Avocksouma, s’interroge en, enfin, en ce terme : « depuis quand a- t-on déjà utilisé tous les outils qu’il cite dans son point de vue pour faire arrêter ce phénomène ? » je veux de toute suite lui rappeler ce qui suit :

 

–     La structure du Contrôle d’Etat existait au Tchad depuis fort longtemps.

–     A la faveur du remaniement du Gouvernement du 23 juillet 2003, il a été créé un nouveau ministère dénommé Ministère chargé du Contrôle Général d’État et de la Moralisation. M. Ahmadaye Al-Hassane a été nommé pour diriger ce nouveau Ministère.

–     Après la « moralisation » du Ministre Alassane, lui-même, c’était M. Abdoulaye Sabre Fadoul qui a été appelé à cumuler ce poste avec son poste de Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, en 2012.

–     Puis, à la faveur du Gouvernement Dadnadji, en 2012, le ministre Fadoul a été déchargé de la direction du ministère et le Juriste Hinsou Hara a été nommé pour diriger le MCGEM.

–     puis, à la faveur du remaniement du gouvernement Kalzeubet le Ministre Hara cède sa place au Ministre (défunt) Abdéramane Salah qui verra son ministère purement et simplement supprimé avec le remaniement du 7 aout 2015.

–     En suite, la création de l’Inspection General d’Etat qui est directement rattachée à la Présidence de la République ;

–     Et enfin la récente création de la Cour spéciale pour juger les crimes économiques.

Comme on le constate, ce sont là toute une série de tentatives visant à combattre, ce que Prof décrit comme des, «…phénomènes récurrents et graves que sont la fraude fiscale, les détournements des fonds, la concussion, le parjure. » Il convient avec que moi que, ce changement en continue démontre bien l’insuffisance des dispositifs déjà expérimentés. Il faut, donc, explorer toutes les possibilités !

Al-Amine Mohammed Abba Seid

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