Confronté à l’épuisement de ses réserves pétrolières et à la crise de son économie, le président tchadien Idriss Déby tente de se réinventer dans les mines, grâce notamment aux Nations unies (ONU), qui financent ce virage sur l’aile. Reste à convaincre opérateurs et investisseurs.

Noria d’experts

 

Une série de spécialistes des mines africaines planche en ce moment sur les décrets d’application du nouveau code minier tchadien, adopté il y a peu par les députés. Pilotée par l’ONU, la révision doit aligner le texte sur l’African Mining Visionde l’Union africaineet surtout encourager l’exploration du potentiel du Tchad en diamants, platine, bauxite, minerais métalliques, mais aussi en or et en sodium, deux seules substances déjà exploitées dans le pays. C’est Claudine Sigam, experte matières premières de l’ONU notamment au Centre africain de développement minier, qui coordonne le projet. Sur le plan juridique, la réforme législative est appuyée par des avocats très présents dans le conseil aux gouvernements africains : Pascal Agboyibor, directeur du practice Afrique d’Orrick, ainsi qu’Yves Moukory Eyoum, à la tête du bureau camerounais de LPA-CGR. Les fiscalistes Pierre Kodjo Avode, associé de Sylla & Partners à Conakry, et Laure Kenmogne Djoumessi, du cabinet Juritax Conseil à Douala, ont aussi participé à la révision. L’équipe de Claudine Sigam aurait également cherché de l’aide auprès de Jean-Jacques Ikama, conseiller pour les hydrocarbures et les mines du Premier ministre du Congo-B, qui réalise régulièrement des missions de conseil aux États sur la fiscalité du secteur extractif. Le banquier Georges Tchokoua, qui a fondé en 2016 le cabinet de conseil financier Africa Rising Invest aux États-Unis, et le consultant tchadien spécialiste de l’environnement et des ressources naturelles Béni Sitack Yombatina, ont eux aussi été sollicité.

Nouveau secteur phare ?

 

Alors que le pouvoir tchadien cherche désespérément des fonds pour sortir de la crise et organiser des élections législatives, maintes fois reportées, mais réclamées par l’opposition, les investissements miniers sont très attendus. Signe de l’importance croissante des mines dans la stratégie de relèvement de l’économie, Idriss Déby a donné à son ministre en charge du secteur, Youssouf Abassalah, la gestion en parallèle des portefeuilles du développement industriel, du commerce et de la promotion du secteur privé. Cadre du régime de longue date, Youssouf Abassalah a été ministre d’un secteur essentiel, le pétrole, puis récemment ambassadeur auprès d’un allié majeur du Tchad, la Russie. Aladji Hamit Elimi Ali Moutaye, ex-directeur des mines au ministère, est quant à lui devenu conseiller spécial d’Idriss Déby.

Cadre plus efficace

 

Le gouvernement a mis en place plusieurs dispositifs pour promouvoir les opportunités minières du pays auprès des investisseurs étrangers, encore peu nombreux. Ainsi, la Société nationale des mines et de la géologie aura pour mission de communiquer sur le secteur en sus de son mandat de gestion des parts de l’État dans des mines. Elle pourra aussi lancer des projets de recherche minière, afin d’accroître les données sur les ressources du sous-sol. Par ailleurs, une nouvelle politique minière a été élaborée. Définissant la stratégie du Tchad pour renforcer ce secteur, elle doit notamment donner des orientations au gouvernement afin de mieux mettre en avant les mines du pays à l’étranger.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent.

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