Le pays d’Idriss Deby a sollicité le « cadre commun » mis en place entre le Club de Paris et le G20 pour le traitement de la dette. Ces bailleurs vont par ailleurs sans doute prolonger jusqu’à fin 2021 le moratoire dont bénéficient une cinquantaine de pays, pour la plupart africains.
Comptant déjà parmi les bénéficiaires de l’Initiative pour la suspension du service de la dette (ISSD), le Tchad vient de solliciter officiellement une restructuration de sa dette auprès des grands créanciers publics en parallèle à un accord de soutien conclu avec le FMI.

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Il s’agit de la première initiative de ce type dans le cadre du « cadre commun » mis en place en 2020 entre le G20 – sous présidence saoudienne – et le Club de Paris pour faire face aux risques d’insolvabilité des pays les plus vulnérables apparus suite au ralentissement économique engendré par la crise du Covid-19. Relativement peu endetté, (4 2% du PIB selon le dernières données FMI, dont 25,6 points de dette garantie par l’État), le Tchad approche toutefois la crise de liquidités en raison d’une chute des recettes fiscales et à la baisse des recettes pétrolières. Fait notable, à côté de ses bailleurs extérieurs publics, le Tchad a contracté une très importante dette auprès du trader basé en Suisse Glencore gagée sur des ventes de pétrole, qui représente plus d’un tiers de ses encours extérieurs.

Sous programme avec le FMI

Le pays présidé par Idriss Deby va, par ailleurs, bénéficier d’un programme de soutien du FMI. À la suite de plusieurs réunions virtuelles en décembre et pour la dernière le 25 janvier, Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien des Finances, a indiqué ce 27 janvier que « le Tchad et le FMI [s’entendaient] sur un nouveau programme de réformes économiques de quatre ans appuyé par une Facilité élargie de crédit et un Mécanisme élargi de crédit, pour un montant de 560 millions de dollars. Ce programme est en outre soutenu par tous les partenaires du Tchad”.

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Formellement actée le 13 novembre 2020 lors d’une réunion des ministres des Finances et gouverneurs de banque centrale du G20, le « cadre commun » sur la dette sert désormais d’épine dorsale au traitement de la dette des pays les moins avancés à l’ère Covid. Tous les créanciers publics conduisent ainsi le processus de concert et avec la même approche, y compris la Chine, habituée à traiter les négociations avec ses créanciers sur un plan bilatéral.

Club de Paris, Chine et prêteurs privés logés à la même enseigne.

« Les derniers travaux conduits au sein du G20 ont permis de s’assurer que la Chine, créancier majeur de l’Afrique, avait la volonté de s’intégrer à cette démarche commune », indique une source proche des autorités françaises.

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Sur une autre question sensible, celle de la participation des créanciers privés aux restructurations de dettes, la même source indique que le Club de Paris et le G20 ont convenu que désormais aucune action de restructuration ne serait prise sans que les créanciers privés ne participent à même hauteur que les bailleurs publics. « Les États débiteurs concernés devront prendre un engagement express en ce sens », résume-t-on du côté du Club de Paris. Une décision qui prendra tout son sens au Tchad.

Bientôt au tour de la Zambie et de l’Éthiopie ?

Dans le cadre de l’ISSD, une cinquantaine de pays en grande majorité des États africains ont obtenu un moratoire sur leur dette publique. Après le Tchad, d’autres pays pourraient solliciter un réaménagement de leur dette ces prochains mois, notamment la Zambie et l’Éthiopie, selon nos sources, le cas assez critique du Soudan faisant l’objet d’un traitement différencié.

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L’ISSD qui devait s’achever fin 2020, a été prolongé de six mois par le G20 et le Club de Paris lors du sommet du 13 novembre. Selon une source proche de Bercy, « il est très probable que cette suspension ISSD soit à nouveau étendue à l’ensemble de l’année 2021 au vu de la situation économique et sanitaire mondiale ». La question sera tranchée en avril prochain dans le cadre du G20, désormais présidé par l’Italie.

Tchadanthropus-tribune avec Jeune Afrique

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