Pourquoi Bruxelles était un fiasco ?

Parce que le président de la transition Mahamat Idriss Déby ne l’avait pas bien préparé, ou du moins son staff a pris cette mission à la légère. Dommage…

On a fait place nette à un entourage féru aux frais de missions qu’à la technicité des rapports. On a géré cela entre soi sans impliquer en amont des techniciens du domaine financier, économique et diplomatique.

Dans ces genres de rencontres pour mieux y tirer profit, on envoie une équipe de précurseurs et de diplomates pouvant faire le lobby avant l’arrivée de la délégation présidentielle. Cela est pour faciliter tous les contacts pour le président de la transition, et y tirer un profit gagnant pour le Tchad. Mais hélas, « sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Au-delà du débat suscité sur le changement vestimentaire du PCMT et son élégance lorsqu’il se drape d’un costume 3 pièces qu’est-ce qu’il en est ressorti de la mission de Bruxelles ? Rien de bien consistant à se mettre sous la dent et cela est dû tout simplement à la légèreté avec laquelle cette mission a été préparée.

Bruxelles, reconnu comme plaque tournante de la diplomatie européenne et internationale et cercle d’influence politique et économique internationale, a été un fiasco pour la délégation tchadienne. Tout d’abord par le fait que ne soient pas impliqués dans cette mission des techniciens et conseillers du président rodés, compétents, habitués à ce genre de dossier. Au lieu de cela c’est une bande de copains et fidèles de la cour qui a constitué le gros de la délégation pour venir faire du shopping à Paris et Bruxelles.

Ensuite, la non-implication sérieuse de la mission diplomatique tchadienne en Belgique et les autres poids lourds diplomatiques disponibles sur place, qu’on peut citer ; Ahmat Awat Sakine (représentant UA à Bruxelles), Banata Tchalet (Sous-secrétaire générale, ACP), Djimet Adoum (représentant de la Coalition pour le Sahel) et l’ambassadeur Mahamat Mamadou Adji. C’est un vrai coup de chance et du destin que d’avoir à Bruxelles cet ensemble de diplomates de tailles qui ont chacun sa mission et son champ d’influence et de compétence qu’on n’a pas su exploiter.

On apprend qu’ils n’ont d’ailleurs même pas été reçus par le PCMT alors que ses ressources auraient dû être exploitées en amont en vue de préparer le travail de coulisse et d’influence pour appuyer la politique du président de la transition et Dieu sait combien les besoins sont énormes et nécessitent le soutien de Bruxelles.

N’est-ce pas à Bruxelles que le Premier ministre de la transition Pahimi Padacké est parti chercher l’appui pour le financement de la feuille de route de la transition ?

Le séjour du PCMT à Bruxelles n’a accouché que de deux rencontres sans importance majeures. Un tête-à-tête avec le Président centrafricain, le Professeur Touadera et une autre avec le Président de la banque d’investissement AFREXIMBANK qui dispose des capitaux chinois. Rien de bien consistent alors qu’étaient sur place tous les patrons de grandes banques (Banque mondiale, FMI, Banque européenne d’investissement, etc.). Pendant ce temps les autres présidents étaient dans des apartés, des déjeuners et des dîners de travail, des rencontres dans les palaces, notamment celui de Steigenberger Wiltcher’s Palace où sont descendus les délégations présidentielles telle celle de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, Botswana, et autres où se jouaient en partie dans les chambres de conciliabules.

Les nôtres sont descendus à deux minutes à pied dans un hôtel de gamme inférieur, un 4 étoiles appelées Thon Hôtel de gamme Novotel. Les Tchadiens de la Belgique ont fait le pied de grue dans le hall de l’hôtel à leur grande surprise avec l’ambassadeur le pauvre qui ne voyait lui aussi pas clair dans l’affaire, assis en train de poiroté là sans être reçus par le PCMT.

Il est temps pour le PCMT de se ressaisir et faire le ménage autour de lui, du moins s’entourer des gens sérieux et les laisser travailler pour le bien du Tchad. Les affaires de l’État ne se gèrent pas en famille, entre amis et copains, c’est beaucoup plus sérieux que ça. La conséquence de cette légèreté c’est ce tourisme à grands frais au compte des contribuables sans que cela n’apporte rien au pays.

Comment peut-on expliqué que le Tchad dans la situation dans laquelle il se trouve peut se permettre l’économie d’un travail de fond et de lobbying à Bruxelles, nous avons le pré dialogue à venir dont on sait que rien n’est encore définitivement ficelé avec le Qatar malgré l’annonce du PCMT, le dialogue à venir, les élections qui suivront et au vu de tout ça, le Président de la transition n’ai pas pu avoir un rendez-vous avec Joseph Borel, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité que le Premier ministre a vue lors de son passage. Pas de rendez-vous avec Charles Michel, Président du Conseil européen, pas de rendez-vous avec Ursula Von der Leyen, Présidente de la

Commission européenne, rien de tout alors que les Présidents des pays sérieux ont multiplié des rendez-vous avec eux. C’est un gâchis, alors que le Tchad vu le contexte et tout ce qui se passe aujourd’hui en Afrique conduit sa transition sans grande difficulté et présente le bulletin d’un bon élève qui aurait dû profiter de cette occasion pour faire entendre sa voix et gagner l’appui et le soutien des puissants de ce monde. Des millions de FCFA dépensés et une occasion gravement ratée ! 

Tchadanthropus-tribune

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