Paris, qui veut participer à la reconstruction libyenne, doit encore faire oublier son soutien passé à l’homme fort de l’Est, Khalifa Haftar. Et Abdelhamid Dabaiba est très soutenu par la Turquie, dont Emmanuel Macron tente de limiter l’influence en Afrique.

Le premier ministre Abdelhamid Dabaiba est attendu à Paris le 1er juin, dans la foulée de ses déplacements à Alger le 30 mai et à Rome le 31 mai. Si l’agenda de cette visite n’est pas encore calé, le chef du Gouvernement d’union nationale (GUN) aura notamment un entretien avec Emmanuel Macron, pressé de concrétiser le repositionnement de Paris sur l’échiquier libyen et faire oublier l’appui dont a longtemps bénéficié l’homme fort de l’est libyen, le général Khalifa Haftar. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’était rendu dans la capitale libyenne avec ses pairs allemand et italien le 25 mars et l’ambassade de France avait rouvert ses ports dans la foulée. Mais la confiance n’est pas entièrement rétablie. Le représentant de la Tripolitaine au Conseil présidentiel, Abdullah al-Lafi, n’avait pas pris part à la réception le 23 mars à l’Elysée de ses deux autres membres, le président Mohamed al-Manfi (représentant la Cyrénaïque) et Musa al-Koni (Sud). Or Mohamed al-Manfi n’a rien fait pour démentir, ces dernières semaines, sa proximité avec le général Haftar…

Tchad, soutien turc : tensions en vue

Les sujets de discorde ne manqueront pas entre Abdelhamid Dabaiba et Emmanuel Macron. Paris cherche à stabiliser le grand sud libyen – le Fezzan – d’où est partie l’attaque du groupe rebelle FACT qui a débouché sur la mort du président tchadien Idriss Déby le 20 avril (AI du 21/04/21). Tripoli veut aussi affirmer son autorité sur cette turbulente région, mais celle-ci est contrôlée, de manière lâche, par l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar. Et Dabaiba est très soutenu par la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, dont Macron tente de circonscrire au maximum l’influence en Libye, en Méditerranée, et en Afrique. Paris réclame d’ailleurs le départ de toutes les troupes étrangères de Libye : mercenaires syriens et russes, mais aussi les nombreux militaires turcs qui soutiennent Tripoli, ce dont Abdelhamid Dabaiba ne veut pas entendre parler.

Un saut au Medef pour parler reconstruction.

Paris veut aussi se ménager une porte d’entrée au colossal marché de reconstruction de la Libye, où les entreprises françaises risquent d’être distancées par des firmes turques ou italiennes (AI du 07/04/21). Abdelhamid Dabaiba se rendra donc, après ses entretiens politiques, au siège du Medef pour rencontrer les industriels tricolores. Le conseil d’affaires France-Libye de l’organisation patronale française est présidé par Patrick Kadri, PDG de Vinci Construction Grands Projets.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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