1. Saleh KEBZABO, 1er ministre du Gouvernement d’Union Nationale devant le CNT.

Le Gouvernement d’Union Nationale post DNIS est dirigé par M. Saleh KEBZABO, un ancien président de la Fédération Tchadienne de Basket-Ball. Dans sa nouvelle configuration, le ministère de la jeunesse, des sports et de la promotion de l’entreprenariat est scindé en 2 départements distincts :   Jeunesse et Promotion de l’Entreprenariat, d’une part, et sports et loisirs d’autre part.

Un recentrage qui allège le sport et le replace dans sa dimension la plus large : éducation physique et sportive, compétitions et haut niveau, loisirs, santé et bien-être, etc. Il le remet surtout dans ses valeurs reconnues : de travail d’équipe, d’égalité, de discipline, d’inclusion, de persévérance, de respect des règles, de brassage et de représentation à l’internationale. Ce positionnement serait complet s’il peut être accompagné également de la part des fonds récoltés en son nom, versés au trésor public et gérés par l’Office National de la Jeunesse et des Sports (ONAJES).

Dans la présentation de son programme de politique générale axe 3, issu du cahier des charges du Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS), le jeudi 3 novembre 2022 devant le Conseil National de Transition (CNT), le 1er ministre du Gouvernement d’Union Nationale, déclare :

  • concernant les sports: « mon gouvernement veillera à promouvoir les activités physiques et sportives dans le but de parvenir à une généralisation de la pratique du sport dans toutes les couches sociales. Par ailleurs, l’enseignement de l’éducation physique et sportive (EPS) doit être obligatoire au primaire et au secondaire. Sur le plan des compétitions, le renforcement du sport de haut niveau par la subvention des fédérations nationales se poursuivra et l’Etat mettra en œuvre les différentes conventions signées avec les fédérations » ;
  • en matière de loirs: « mon gouvernement s’attellera à construire et aménager des aires de pratiques de loisirs sains en mettant en lien l’ensemble des acteurs, y compris les communes et le ministère en charge de l’urbanisme ».

Une déclaration qui tient lieu, logiquement, de la politique du gouvernement en matière des sports et des loisirs. Rendre obligatoire l’enseignement de l’éducation physique et sportive (EPS), au primaire et au secondaire, serait un acte salutaire qui doit rappeler aux anciens et aux jeunes, que la base du sport au Tchad repose d’abord et avant tout sur les scolaires. Il serait aussi salutaire de soutenir effectivement le subventionnement du sport de haut niveau, source d’émergence des champions, et des fédérations sportives par la signature des conventions d’objectifs avec elles.

Quant aux loisirs, il fait bien de remettre à l’ordre du jour ce secteur qui participait jadis, à une occupation saine et à l’animation des villes et campagnes. Cependant, il serait bien judicieux de  cibler les loisirs qui cadrent avec la demande et l’attente d’aujourd’hui, dominées par une population jeune tournée vers le modernisme.

S’il est possible de mettre à contribution les communes et le ministère en charge de l’urbanisme pour la construction et la mise à disposition des aires de pratique, Il serait souhaitable d’impliquer également : les ministères des sports et de la santé, pour l’encadrement et le suivi des pratiquants sportifs, et aussi ceux de la culture pour l’animation à travers les jeux culturels, et l’éducation nationale, pour la relance et le soutien du sport scolaire qui fait face à un pléthore d’effectif des classes, un manque d’enseignants d’EPS qualifiés, d’espace de pratique et de récréation.

Osons croire que cette déclaration ne restera pas lettre morte, comme celle faite par le PCMT le 29/12/2021, lors de la clôture du 2ème forum de la jeunesse à Ndjamena : « Je déclare l’année 2022 comme l’année du sport au Tchad, l’année de tous les sports. Pour ce faire, le gouvernement est appelé à relancer tous les championnats des jeunes : les inter-provinces, les inters-villes, les inter-universités et les inter-quartiers, et à y mettre le prix ».

A un mois de la fin de 2022, il est difficile d’établir un bilan de cette « année du sport au Tchad » par rapport aux objectifs déclarés. Tout ce qui peut être retenus, ce sont les résultats des programmes d’actions des fédérations sportives et du comité olympique (COST), issus : des participations aux préliminaires des coupes africaines de football (SAO A et A’/ clubs : Elect Sport de Ndjamena, AS Santé d’Abéché et équipe féminine Espace Culturel et Sportif) ;  de la sortie de l’équipe des jeunes SAO basket-ball, au championnat d’Afrique en Egypte ; de l’organisation du championnat dit national de football à Ndjamena ; de la participation des 8 fédérations aux jeux islamiques en Turquie, etc.

Au-delà de la volonté affichée, le grand défi sera de trouver les moyens financiers disponibles et les ressources humaines suffisantes pour mettre en œuvre les actions visées. Autres difficultés à prendre en compte, c’est le manque des cadres moyens d’enseignement que sont les maîtres d’EPS que l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) ne forme plus. Tout comme  il ne forme ni ne recyclage les cadres techniques spécialisés, indispensables aux fédérations sportives.

En rencontrant le bureau du COST le 9/11/2022, M. PATALET Geo, le tout nouveau ministre des sports et des loisirs, a annoncé que sa priorité est d’organiser les états généraux des sports d’ici la fin de l’année 2022. Bonne résolution certes, mais est-ce bien l’objectif prioritaire du gouvernement ? Que le ministre ne se trompe pas d’objectifs comme son jeune prédécesseur. Le DNIS a établi un cahier de charges décliné en programme de gouvernement que vient de présenter le 1er ministre devant le CNT. Les priorités ne peuvent que découler de ce qui est annoncé et acté pour cette période de transition de 24 mois.

Les états généraux réclamés depuis fort longtemps par le mouvement sportif tchadien ne peuvent être la priorité du gouvernement. Ils étaient déjà prévus dans les 2 programmes des campagnes présidentielles du défunt Maréchal. De plus, c’est un forum qui ne peut être organisé au pied levé. Ils nécessitent des moyens financiers, une minutieuse préparation, une participation de tous les acteurs du sport au Tchad, des partenaires et experts internationaux éventuels, du monde du sport.

L’urgent c’est de prendre la mesure des points énoncés par le chef du gouvernement, et de se soucier de chercher les voies et moyens de leurs réalisations. Par ailleurs, le ministre hérite aussi d’une situation qui n’est pas de son fait et qu’il doit gérer. C’est celle du football tchadien, mis sous tutelle par la FIFA, avec son Comité de Normalisation (CONOR) dont le mandat vient d’être reconduit jusqu’en avril 2023. Il lui revient de veiller à ce que cette fois, ce comité s’occupe de l’essentiel de ses missions plutôt que de se focaliser uniquement sur la gestion des affaires courantes.

                                                                                                                    BANGALI DAOUDA Boukar

                                                                                                                    Bureau d’études et conseils en sport

                                                                                                                    Mail : b.daouda87@yahoo.com

                                                                                                                    Tél : O613829626 / 63633727.

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