12 août 2024 #Tchad #Interview : « En 20 ans, nous avons bitumé 3000Km de #routes », #Aziz_Mahamat_Saleh, ministre des Infrastructures
A l’occasion du 64ème anniversaire de l’indépendance du #Tchad, le ministre des #Infrastructures et du Désenclavement, Aziz Mahamat Saleh, présente des acquis réalisés au cours de ces décennies ainsi que des perspectives pour le développement infrastructurel du pays. Interview.
𝗗𝗲𝗽𝘂𝗶𝘀 𝗹’𝗶𝗻𝗱𝗲́𝗽𝗲𝗻𝗱𝗮𝗻𝗰𝗲, 𝗾𝘂𝗲𝗹𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗰𝗾𝘂𝗶𝘀 𝗲𝗻 𝗺𝗮𝘁𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗱’𝗶𝗻𝗳𝗿𝗮𝘀𝘁𝗿𝘂𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲𝘀 𝗮𝘂 𝗧𝗰𝗵𝗮𝗱 ?
Merci pour l’occasion donnée pour présenter les différents acquis sur le plan infrastructurel depuis les années d’indépendance. Globalement c’est vrai, les acquis sont encore à parfaire et ce sont des considérations historiques.
De 1960 jusqu’en 2000, le Tchad n’avait que 379 km de route bitumée. Donc ce n’est qu’en réalité à partir des années 2000 que la politique d’investissement en termes d’infrastructures a vraiment démarré. Actuellement, nous sommes à 40. 000 km de route et de piste du réseau tchadien. Nous avons 25. 000 Km qui sont de routes d’intérêt national et régional et nous avons 15 000 km de piste. Donc vous voyez, en 20 ans, nous avons pu construire 3 000 km de route bitumée. Globalement c’est ça le bilan en termes d’infrastructures routières. Bien évidemment il y a un certain nombre d’ouvrages comme de dalots, des ponts qui sont réalisés.
Très souvent, il y a des comparaisons qui se font avec d’autres pays qui, en réalité, n’ont rien à voir avec le Tchad. La première difficulté au niveau du Tchad est la largesse de son territoire. Nous sommes, c’est vrai, en retard pour un grand pays, mais nous avons des ambitions pour pouvoir rattraper ce retard pour permettre vraiment que toutes les provinces, par exemple, puissent être reliées et que les interconnexions avec tous les pays également voisins puissent se faire.
𝗣𝗼𝘂𝘃𝗲𝘇-𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗱𝗶𝗿𝗲 𝗾𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗲 𝗿𝗲𝘁𝗮𝗿𝗱 𝗼𝘂̀ 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗹𝗲 𝗧𝗰𝗵𝗮𝗱 𝗲𝘀𝘁 𝗲𝗻𝗰𝗼𝗿𝗲 𝗮̀ 𝗰𝗲 𝗻𝗶𝘃𝗲𝗮𝘂 ?
Les raisons sont liées d’abord à la question de paix. Parce que dès l’indépendance, il y avait eu des années de guerre qui n’ont pas permis de faire une politique d’investissement. Je crois que l’autre élément, c’était la question de ressources. Vous savez, le budget de l’État en 2020, c’était moins de 400 milliards. Avec ça, vous ne pouviez pas faire grand-chose. Aujourd’hui, nous sommes à de proportion de 1 500 milliards de budget annuel. Donc la possibilité d’avoir ce budget a permis de booster effectivement la possibilité de faire des routes bitumées. Mais au-delà de ça, nous avons aussi des pistes et des routes sur tout le territoire qu’on n’a pu pas tout goudronner. Il y a le projet avec la Banque mondiale et la Banque Européenne d’investissement qui font près de 1400 km de pistes qui sont en train d’être entretenues. Nous avons également le fonds d’entretien routier qui entretient des milliers de routes chaque année, donc ce sont les possibilités financières qui ont permis à ce que nous puissions avancer.
Pour savoir pourquoi est-ce qu’on n’a pas pu peut-être aller plus vite ? C’est peut-être l’étude de terrain. Une route, pour qu’elle se fasse, il faut d’abord qu’elle soit pleinement étudiée et l’étude prend du temps. Il faut qu’elle soit disponible. L’autre élément peut-être aussi est le fait qu’il n’y a pas assez de financement extérieur. Vous savez, dans la plupart des pays, les investissements sont pris sur la base de projets financés par les banques de développement. Nous, à notre niveau, nous avons quelques projets financés par les partenaires. Mais c’est à peine 10% de nos investissements. Ça veut dire que 90% sont sur fonds propres de l’État. Alors que les investissements sont assez lourds et donc ça doit être porteurs et ça doit être projetés dans le cadre de services d’investissements.
𝗠𝗮𝗹𝗴𝗿𝗲́ 𝗹𝗲𝘀 𝗲𝗳𝗳𝗼𝗿𝘁𝘀, 𝗯𝗲𝗮𝘂𝗰𝗼𝘂𝗽 𝗱𝗲 𝘇𝗼𝗻𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝗧𝗰𝗵𝗮𝗱 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝘁𝗼𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝘀 𝗲𝗻𝗰𝗹𝗮𝘃𝗲́𝗲𝘀. 𝗤𝘂𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗶𝗳𝗳𝗶𝗰𝘂𝗹𝘁𝗲́𝘀 𝗾𝘂𝗶, 𝘀𝗲𝗹𝗼𝗻 𝘃𝗼𝘂𝘀, 𝗳𝗿𝗲𝗶𝗻𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲 𝗱𝗲́𝘀𝗲𝗻𝗰𝗹𝗮𝘃𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗲𝗳𝗳𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳 𝗱𝘂 𝗧𝗰𝗵𝗮𝗱 ?
En tant que ministre des Infrastructures, en charge de la politique de désenclavement, je ne peux pas être défaitiste et dire qu’il y a un empêchement. Nous nous battons pour que ce désenclavement soit une réalité. Il l’est déjà à travers la route transsaharienne, il l’est déjà à travers également le lien avec le Soudan puisque la construction de la route Abéché-Abougoulem est déjà financée et Abougoulem-Adé la frontière est en cours de financement par la Banque islamique de développement. Nous avons le tronçon Sarh qui va de Maro à Sido qui va également être fait. Donc il n’y a pas en réalité pour le moment outre mesure d’empêchement. C’est pour ça que nous nous avons espoir. Et nous avons un certain nombre d’études qui sont déjà faites. Certains financements sont bloqués et bouclés déjà.
La vraie difficulté en réalité de nos jours, c’est qu’on veut tout, tout de suite. Malheureusement, une route d’abord ça s’étudie, ça boucle le financement. Et même quand on boucle le financement pour faire 100 km on ne le fait pas en quelques semaines. Parfois c’est sur deux ou trois exercices budgétaires que c’est financé. Donc c’est pour dire que la question de l’investissement et du désenclavement est la priorité mais ça prend du temps et on a bon espoir. J’ose croire qu’avant la fin du quinquennat du chef de l’État, nous serions à mesure de pouvoir relier quatre ou cinq pays pour faciliter le désenclavement du Tchad.
𝗘𝗻 𝘁𝗲𝗿𝗺𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗷𝗲𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗼𝘂̀ 𝘀𝗲𝗿𝗮 𝗹𝗲 𝗧𝗰𝗵𝗮𝗱 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲 𝗱𝗼𝗺𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗶𝗻𝗳𝗿𝗮𝘀𝘁𝗿𝘂𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 3⃣6⃣ 𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗼𝗿𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲 𝗽𝗮𝘆𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲́𝗺𝗼𝗿𝗲𝗿𝗮 𝗹𝗲 𝗰𝗲𝗻𝘁𝗲𝗻𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗱’𝗶𝗻𝗱𝗲́𝗽𝗲𝗻𝗱𝗮𝗻𝗰𝗲 ?
Pour le moment, on va toucher du doigt ce qu’on est en train de mettre en œuvre. C’est le point 68 des 100 actions qui sont programmées par le chef de l’État dans son projet de société. Dans cette planification, le point 108 prévoit 7 000 km qui vont être réalisés, ça c’est l’objectif majeur. Nous avons d’ores et déjà 700 km qui sont en cours actuellement de construction. Certaines routes ont besoin d’être réhabilitées. Mais notre priorité, c’est d’abord les études de faisabilité.
L’espoir, c’est vraiment que toutes les provinces déjà soient reliées. Mais vous savez, la technologie évolue très vite. Je regarde déjà que dans certains pays, dans certaines villes, ce sont des drones qui font mouvoir les gens. Donc dans 30 ans, ce n’est pas forcément les bitumes qu’on connaît aujourd’hui. On espère qu’il aura une évolution des modes de transport. Il y a également les aéroports qui sont de plus en plus en construction dans les chefs-lieux des provinces. Donc la route bien évidemment va avoir toujours son rôle, mais on a bon espoir que dans les 36 ans, toutes les chefs-lieux de province du Tchad disposent des routes bitumées.
Tchadanthropus – Tribune avec Tchad Info
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