(Africa Diligence) Pays enclavé d’Afrique centrale, le Tchad a connu une forte croissance au cours de la dernière décennie, grâce notamment à l’entrée en production de plusieurs gisements de pétrole. Les experts en intelligence économique estiment cependant que le pays devrait davantage se tourner vers des ressources hors pétrole pour consolider sa croissance.

La croissance a fortement chuté en 2013 (3.4% contre 9.1% en 2012). Cela est dû au recul de la production agricole et, dans une moindre mesure, à des problèmes techniques survenus dans les champs pétroliers. Elle devrait fortement repartir en 2014, avec des prévisions allant jusqu’à 11.2%. La baisse des prix des produits alimentaires sur la plus grande partie de 2013 s’est traduite par un recul de l’inflation (0.4%). En fin d’année, toutefois, les prix des combustibles devraient être ajustés à la hausse et ceux des denrées agricoles devraient être en progression. L’inflation devrait être proche de la cible régionale de 3% à la fin 2014.

L’économie tchadienne demeure très vulnérable aux conditions climatiques et à des chocs négatifs des prix du pétrole. La dépendance à l’or noir restera forte dans les années à venir même si la production est appelée à diminuer progressivement après 2015 (vieillissement des puits), à cause de l’absence de nouvelles découvertes. Le pétrole représente à l’heure actuelle 74% des recettes budgétaires et près de 90% des exportations de marchandises. Les comptes publics ont eu récemment tendance à s’améliorer du fait de la réduction progressive des dépenses liées à la sécurité. Cependant, les résultats budgétaires évoluent essentiellement au gré des recettes pétrolières. Après une baisse en 2013, ces dernières devraient à nouveau augmenter en 2014, du fait de la hausse en volume des exportations de brut, entraînant une contraction du déficit budgétaire.

Le rebond des exportations de pétrole devrait permettre de réduire le déficit courant en 2014, même si les importations de biens et services progressent. La couverture du déficit courant devrait continuer à être assurée par des emprunts auprès de la Chine et des investissements directs à destination du secteur pétrolier.

Le développement économique reste handicapé par de nombreuses contraintes : faiblesse de la taille du marché local, crédit encore peu disponible, manque de main d’œuvre qualifiée et d’infrastructures, capacités administratives insuffisantes, graves problèmes de gouvernance. Le pays affiche toujours des scores parmi les plus faibles au monde en matière de développement humain, de transparence et de qualité de l’environnement des affaires.

La gestion des finances publiques reste peu satisfaisante. Les autorités se sont toutefois engagées à mettre en place des réformes visant à assurer un meilleur contrôle des dépenses et à améliorer la mobilisation des recettes non pétrolières. La viabilité de la dette publique demeure un sujet préoccupant, dans l’attente de l’aboutissement de la renégociation d’un important accord-cadre de financement conclu avec la Chine.

Depuis la fin de la guerre civile au début de 2010, le pays est entré dans une période de stabilité politique relative. Le président Idriss Déby, réélu en avril 2011 (lors d’un scrutin boycotté par les principaux candidats de l’opposition) dispose d’une large majorité à l’Assemblée nationale et tient fermement les rênes du pouvoir. Cette stabilité retrouvée reste néanmoins fragile en raison des tensions religieuses et sociales et une tentative de coup d’Etat aurait été déjouée en mai 2013 par les autorités. En outre, si les relations avec le Soudan se sont améliorées depuis la signature de l’accord de paix avec ce pays en janvier 2010, privant du même coup la rébellion tchadienne de ses bases-arrières, la situation sécuritaire régionale s’est détériorée. Le Tchad a d’ailleurs accru son influence dans ce contexte, participant activement aux efforts entrepris pour rétablir l’ordre au Mali et en République Centrafricaine et contrecarrer les menaces émanant du sud de la Libye.

Au cours de la dernière décennie, l’appui de la Banque mondiale (BM) au Tchad a fondamentalement porté sur le projet d’oléoduc Tchad-Cameroun (CCPP). La BM a contribué au financement de l’oléoduc avec trois crédits conditionnés au respect d’un accord sur l’utilisation des recettes pétrolières. Le gouvernement tchadien n’a cependant pas respecté les clauses de l’accord initial, ni celles d’un protocole d’accord ultérieur qui en portait modification. En février 2008, à la suite de l’attaque lancée par des rebelles contre la capitale N’Djamena, la BM a fermé son bureau dans cette ville. Au mois de septembre suivant, le gouvernement a remboursé le solde des crédits accordés au titre du projet d’oléoduc et l’appui de la BM au secteur pétrolier tchadien a ainsi pris fin. La BM a rouvert son bureau de N’Djamena en janvier 2009.

L’exécution satisfaisante de l’accord en cours avec le FMI, qui n’implique pas d’aide financière, pourrait ouvrir la voie, en 2014, à l’approbation d’une Facilité Elargie de Crédit et à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. En 2013, le FMI a jugé que les résultats macroéconomiques et la gestion des finances publiques du pays s’étaient améliorés ces dernières années. Le Tchad a engagé un processus de privatisation afin d’améliorer l’ensemble de son économie mais, peine encore à la diversifier. Depuis plusieurs années, le Tchad est confronté à une situation socio-économique complexe. Le FMI invite également les autorités tchadiennes à ancrer leur politique budgétaire sur une réduction du déficit primaire hors pétrole, notamment grâce à des réformes de la gestion des finances publiques. La diversification de l’économie qui s’impose alors pour la rendre plus compétitive à moyen et à long termes passe forcément par une amélioration du climat des affaires pour le secteur privé, une promotion des activités agricoles et un développement de l’accès aux services de base et aux services financiers.

(Knowdys Database, Avec la Banque mondiale, le FMI, CIA et Coface)

 

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