Tchad, un jeu dangereux Le 20 avril dernier, le président tchadien Idriss Déby, seul allié fiable de la France dans la région, a été tué en combattant des rebelles.

Pragmatique, la France ne s’est pas opposée à ce que son clan garde le contrôle du Tchad. Se prévalant de ce précédent, un colonel s’est emparé du pouvoir à Bamako, capitale du Mali, le 25 mai. Ce nouveau coup d’État inquiète la France car les militaires maliens sont plus accoutumés aux intrigues de palais qu’à la guerre et la France ne leur accorde aucun crédit pour combattre le Djihadisme local.

Aussi, le 30 mai, le président Macron a-t-il menacé de retirer les 5000 soldats français déployés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.

Le fait qu’un coup d’État militaire soit en cours en Afrique n’est pas nouveau. Surtout au Mali. Mais qu’un gouvernement de transition formé après le renversement d’un autre coup d’État est une innovation malienne. D’où l’intransigeance de la communauté internationale. En particulier, la CEDEAO, qui s’est montrée plus indulgente, sinon complaisante, lors du premier coup d’État de l’année dernière.

Cette fois, l’organisation ouest-africaine a décidé de suspendre le Mali jusqu’à ce que la légalité soit rétablie. Une décision qui a probablement été prise en consultation avec le reste de la communauté internationale. En particulier la France, à laquelle le Mali doit sa survie en tant qu’État indépendant et souverain.

En effet, sans l’intervention de la France, on aurait vu la « somalisation » du Mali pendant plusieurs années. Ou du moins une situation similaire à celle de la Libye voisine, dont l’éclatement est à l’origine de la crise malienne. Pour cette raison, l’armée malienne, indignée par le double poids entre son premier coup d’État et celui que le Tchad a vu récemment, a décidé de se remettre aux affaires. Pour les Maliens, comme beaucoup d’Africains, la France a donné un licenciement aux militaires tchadiens, alors qu’il était insoluble avec ceux du Mali.

Pourquoi alors, deux poids deux mesures entre le Tchad et le Mali ?

La France a donné le feu vert à la succession de père en fils et en particulier à la prise du pouvoir par un militaire au détriment de la constitution tchadienne et a approuvé un coup d’État militaire. Mais elle ne veut pas le faire au Mali. Ce qui irrite les putschistes. La violation de la constitution tchadienne avec l’approbation de l’Élysée au nom d’une prétendue stabilité du Tchad a profondément scandalisé les Africains. Et d’abord et avant tout les auteurs du coup d’État au Mali.

Mais ce que les mêmes soldats prétendent ignorer, ce qui différencie leur armée de celle du Tchad. Les soldats tchadiens peuvent défendre le jeu. Ce n’est pas le cas de l’armée malienne. Sans la présence française au Mali, les anarchistes, appelés à tort djihadistes, seraient désormais à Bamako. Cependant, Emmanuel Macron, essayant d’enregistrer les morceaux déchirés par François Mitterrand au Rwanda, ne veut pas rejoindre les soldats maliens dans leur aventure. La France a clairement indiqué qu’elle ne soutiendrait pas le coup d’État au Mali.

Cela signifie que tandis que Joe Biden se prépare à quitter l’Afghanistan, Emmanuel Macro pourrait emboîter le pas en quittant le Mali. Dans les deux pays, ce départ pourrait être une bénédiction pour les groupes armés de prendre le pouvoir ou de reprendre le pouvoir à Kaboul et Bamako.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gang d’Assimi Goita n’a rendu service à personne. Ni en France ni dans la sous-région et encore moins au Mali. Car aussitôt le dernier soldat français quittera Bamako et le premier terroriste entrera dans la capitale malienne. Parce que l’armée malienne est capable de tout sauf de défendre l’intégrité du territoire national.

Tchadanthropus-tribune avec Herodote.net

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