le Ministre d’Etat.

La disparition inattendue du maréchal du Tchad fut un coup dur porté à l’élan engagé de redressement du sport tchadien. Elle a commencé par éroder l’audace montrée, au tout début de la prise de fonction ministérielle par le jeune ministre, ROUTOUANG Mohamed NDONGA Christian. Orphelin du soutien presque affectif du président DEBY, il s’est retrouvé seul à conduire un secteur déjà en proie aux multiples difficultés existentielles.

 

Le Conseil Militaire de Transition (CMT) mis en place pour combler le vide laissé, s’est donné pour missions prioritaires : assurer la continuité de l’Etat et la sécurité du pays, organiser un dialogue national inclusif entre les tchadiens, rédiger une nouvelle constitution et organiser des élections libres et démocratiques. Un gouvernement dit de transition est formé pour conduire les affaires courantes et réaliser les objectifs fixés, dans un délai imparti de 18 mois.

 

Reconduit  dans le nouveau gouvernement, le ministre de la jeunesse et des sports se voit attribuer  également la promotion de l’entreprenariat. Un domaine qu’il connait bien. Il est secondé, pour la première fois dans l’histoire de ce département, d’un secrétariat d’état. Un appui stratégique de marquage du ministre par la primature ou un réel soutien pour l’aider à faire face à une situation du sport tchadien qui se dégrade de jour en jour.

 

Les crises multiples qui secouent le mouvement sportif tchadien, résultant entre autres, du retrait de la délégation de pouvoirs aux fédérations d’athlétisme et de football, ont mis à rudes épreuves l’autorité du ministère de tutelle. Le bras de fer malheureux qui l’opposa à  la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA), une association de droit tchadien, en est l’exemple. Cela  constitue, non seulement une contestation de l’autorité de la tutelle, mais aussi un défi à l’Etat.

 

Il est bien dommage que pour des problèmes d’égos et de calculs sordides,  les fils des SAO dont on vante tant la fierté légendaire, aient offert par cette attitude, un spectacle qui exposa leur propre pays le Tchad, un Etat souverain, aux injonctions de la Fédération Internationale de Football (FIFA), une organisation de droit Suisse. Et cela personne n’a pu épauler le ministre à l’empêcher, ni la primature qui semble prendre en main le dossier, ni le cabinet du président du CMT.

 

Confortées par le recul des autorités tchadiennes, la FIFA  et la CAF  ont effectué à la demande, le déplacement de Ndjamena, pour confirmer leur soutien et rassurer la FTFA. Tous les échanges entrepris avec le 1er ministre et le ministre des sports, risquent d’être de pure forme, tout comme l’oreille attentive tendue à quelques acteurs. D’ailleurs, il ne reste au  gouvernement que d’avoir le courage de laisser l’équipe de la FTFA dont l’élection reste contestée, terminer son mandat déjà entamé. Car, conformément à l’article 37.2 de ses statuts, c’est le 3ème et dernier, surtout que désormais, vigilance oblige, les choses ne seront plus comme avant.

En attendant le verdict de la FIFA qui ne modifiera rien fondamentalement à la FTFA, les conflits se multiplient ailleurs sur le continent africain. Le dernier en date est la dissolution de la Fédération Kényane de Football qui aboutit à l’arrestation manu militari de son président, suite à la diligence d’une enquête conduite par les services d’Etat de ce pays. Cela confirme les difficultés du sport et particulièrement du football, un peu partout en Afrique. Pour ses  valeurs humaines, sociales et pour l’engouement populaire qu’il suscite, le football est devenu malgré lui, un outil de communication et d’enrichissement qui dépasse ses objectifs ultimes d’excellence et  de performance sportive.

 

Le sport tchadien ne fait pas exception. Par complaisance et absence de fermeté des différents ministres, y compris du défunt maréchal, il est aujourd’hui au bord du précipice. Et, ce ne sont pas les opérations de communication et de charme, organisées par le ministère des sports et soutenues opportunément par la primature, l’ONAJES et le COST, dont on ne sait exactement à qui elles profitent réellement, qui lui donneront les lettres de noblesse qui ont fait sa fierté et celle du pays.

 

Dans son ensemble, le mouvement sportif tchadien est aussi déboussolé. Le climat en son sein n’est pas empreint de Fair-Play et ce, à la veille de l’assemblée élective du Comité Olympique et Sportif Tchadien (COST). Les conflits qui se sont multipliés entre certaines fédérations et lui-même, d’une part, et avec le ministère, d’autre part, ont rendu trouble et équivoque, son rôle de médiateur et de représentant auprès des pouvoirs publics.

 

Il reste aux amoureux et acteurs, de plaider le sort du sport tchadien, auprès du Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif (CODNI) et du Ministre d’Etat, pour une invitation à ce forum. Une tribune qui lui permettra d’évoquer et d’échanger sur les difficultés qui minent son développement et sa promotion. Il sera question de l’organisation des états généraux du sport, promis par le défunt président. Ceux-ci mettraient tout à plat et dégager de nouvelles pistes pour l’élaboration d’une véritable politique nationale sportive.

 

Aussi paradoxale que soit, les jeunes qui semblent être oubliés de ce dialogue, se sont déjà emparés du sujet et débattent sur les réseaux sociaux. Ils y vont de leurs critiques, parfois sévères, tout en s’efforçant de se respecter et de respecter les avis contraires des uns et des autres. Forts de leurs vécus et expériences de pratique, Ils proposent, suggèrent et donnent parfois, quelques leçons tirées de l’évolution moderne du sport. Cela prouve à suffisance que la jeunesse, majoritairement née dans les années 80, 90 voire 2000 est attentive et prend des initiatives. C’est tout à son honneur.

 

Certains se sont engagés dans des opérations de soutien, en envoyant du matériel et équipements sportifs à leurs jeunes frères au pays. Bel exemple de solidarité qui démontre toute leur volonté et justifie leur empressement à vouloir tout, tout de suite. Ce qui est bien compréhensible. Mais, pour atténuer leur ardeur débordant, un proverbe africain dit que « l’homme jeune marche plus vite que l’ancien. Mais l’ancien connait la route ». C’est donc ensemble qu’il faut conjuguer les efforts.

 

Bien que ces actions méritent d’être vivement saluées, il ne faut pas perdre de vu qu’elles montreront leurs limites. Car, le développement et la promotion du sport au Tchad est une mission régalienne de l’Etat qui, par délégation de pouvoirs, confie le monopole de leur organisation à des fédérations sportives agréées. Cette mission découlant d’une politique clairement définie, ne sera que l’œuvre du prochain gouvernement, issu des élections libres et démocratiques. Mais d’ici là, toutes les actions entreprises, réalisées ou à réaliser, ne seront que provisoires et susceptibles d’être continuées, modifiées ou purement supprimées.

 

BANGALI DAOUDA Boukar

Bureau d’Etude et Conseils en Sport                                                                                      

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