D’où vient cette impression que toute une ethnie ou une communauté vous déteste ? Pourquoi le Gorane ou Zakhawa pense que l’autre le déteste ?

Les gens ont tendance à avancer des subjectivités pour blâmer l’autre.

Peut-on détester quelqu’un sans raison ? Cette question est pertinente, et mérite d’être posée. On ne peut pas détester une personne qu’on ne connaît pas ou qu’on croise dans la rue. On ne déteste que ceux qu’on connaît ou qu’on aime. Toutes ces guerres successives de pouvoir et d’ego dans ces différentes rebellions claniques ont placé de l’aversion et du dégout dans les cœurs des uns et des autres. C’est la première raison évidente de cette détestation, qui manifeste souvent des réactions émotionnelles et impulsives parmi les jeunes. Ces problèmes claniques étaient au départ une opposition des hommes d’élites pour l’accès au pouvoir avant de se cristalliser sur l’appartenance ethnique.

Nul ne peut nier l’existence d’un problème entre Gorane-Zaghawa. En revanche, l’ethnie n’est pas la cause exclusive du conflit. Si tel est le cas on ne parlerait pas des liens de parenté Gorano-Zaghawa. Les ethnies sont des vecteurs incontournables dans les conflits tchadiens surtout la rébellion armée pour les hommes qui cherchent le pouvoir. Dire qu’il n’y a pas un problème c’est un mensonge, ces personnes qui se mettent en contradiction avec leur propre conscience sont des hypocrites. 

Les gens s’enferment dans une spirale négative de ressentiment, de frustration et de mépris dans un orgueil excessif et héréditaire. Chacun pense qu’il est noble, digne et courageux plus que l’autre par ses ancêtres et par la « grandeur » de sa lignée, une sorte d’arrogance aveugle trempée dans une moralité incrédule.

Chacun est fier de son ethnie, de sa culture et de son histoire, l’exprimer publiquement n’est qu’une répétition fastidieuse et provocatrice.

Ils soulèvent des sujets sensibles sans évoquer les questions fondamentales et raisonnables. Ils évitent de parler de l’essentiel, ils usent des faux-fuyants tels les liens, la région pour échapper aux vraies interrogations. Jusqu’à quand les gens veulent fuir sans évoquer le vrai problème entre les Gorane et Zaghawa ?

Chaque tribu ou ethnie a sa culture, ses mœurs et ses traditions. On se tromperait sérieusement à insister pour les changer ou les adapter ou les faire ressembler à ce qu’on voudrait. Les luttes se sont toujours succédé dans l’histoire de l’humanité : esclavage, colonisation, apartheid, etc.…Il existera toujours des méfiances et des préjugées. Les auteurs des discours de haine les répandent sur les réseaux sociaux et les concernés répondent par d’autres messages de haine, ça devient un cercle vicieux autour de la haine.

Seule la vérité nous apporte la clarté dans notre obscurité.

Pensons Tchad, pensons à l’unité de notre pays. Le Tchad est un monde en miniature avec plus de 200 groupes ethniques. Se limiter au conflit d’orgueil et de supériorité Gorane-Zaghawa, c’est se moquer de la conscience des autres dignes fils du pays.

Biress-Mi

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