Un sommet extraordinaire de la Cemac s’est déroulé à N’Djamena, au Tchad. Au menu, la relance d’une « stratégie commune de sortie de crise », alors que les progrès des économies de la zone restent très mitigés. En 2018, le taux de croissance moyen de l’Afrique centrale devrait être de 1,7 %, a annoncé le président tchadien, Idriss Déby Itno, lors du sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui s’est tenu à N’Djamena le 25 octobre. Un timide rebond, alors que l’année 2016 a été celle de la récession et l’année 2017 celle de la stagnation.

Pour autant, et même si des « avancées significatives ont été enregistrées », le bilan de cette année 2018 reste contrasté, a estimé le président en exercice de la zone, lors de la cérémonie inaugurale qui a précédé la rencontre à huis clos entre les chefs d’État – les présidents congolais et équato-guinéen, Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, avaient fait le déplacement – et les représentants du Cameroun, du Gabon et de la Centrafrique.

 

Des résultats « en deçà des attentes »

 

Selon le président tchadien, une stratégie commune est nécessaire et doit être mise en place d’urgence, « dans un esprit véritablement collectif et solidaire, de mesures appropriées de redressement économique et financier ». L’objectif – même s’il n’a pas été nommément mentionné dans le discours d’Idriss Déby Itno -, est d’éviter une dévaluation dont la menace continue de planer sur la zone monétaire, dont les États membres sont particulièrement endettés.

Sur les six États membres de la Cemac, quatre ont signé, suite à la rencontre de Yaoundé en décembre 2016, des programmes d’accord avec le FMI. Pour autant, deux ans plus tard, les résultats de ces programmes « restent globalement en deçà des attentes », a souligné Daniel Ona Ondo, le président de la commission, dans le communiqué final de la rencontre.

Une croissance économique toujours faible, des réserves de change inférieures à trois mois d’importations malgré une remontée des cours du pétrole et des dérapages budgétaires induits notamment par le défi sécuritaire qui se pose à plusieurs États membres. Autant de fragilités que relève l’ancien Premier ministre gabonais, alors qu’un communiqué publié le même jour par le secrétariat permanent du Programme des réformes économiques et financières des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Pref-Cemac) a fait état d’un taux de réalisation de 32 % de la feuille de route 2017/2019.

 

Congo et Guinée équatoriale : un accord avec le FMI « s’impose »

 

« Cette situation suscite de fortes inquiétudes chez nos partenaires qui ont accepté de nous accompagner dans nos efforts de sortie de crise. Ils attendent de nous des réponses claires aux dysfonctionnements de nos économies », conclut le président de la commission de la Cemac, avant de lister les domaines d’action prioritaires : strict respect de la réglementation des changes, renégociation des contrats d’exploitation avec de grandes entreprises, efforts sur la mobilisation des recettes fiscales, accélération des réformes structurelles pour diversifier les économies, améliorer le climat des affaires et approfondir l’intégration régionale.

Daniel Ona Ondo met aussi l’accent sur l’urgence d’un programme du FMI pour la République du Congo et la Guinée équatoriale – les deux seuls à n’être pas parvenus à un accord avec l’institution internationale. Des discussions sont pourtant, dans les deux cas, amorcés depuis plus d’un an avec l’institution de Bretton Woods, qui leur réclame « des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance ». La conclusion de ces échanges « s’impose avec acuité afin d’éviter le risque de passager clandestin », souligne-t-il.

Tchadanthropus-tribune avec J.A éco.

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