Me Théophile Bongoro, le candidat d’une partie de l’opposition affrontera le président sortant Idriss Déby aux prochaines élections. Ce dernier dirige le Tchad d’une main de fer depuis plus de 30 ans déjà.

A peine désigné candidat par une partie de l’opposition que Théophile Bongoro est déjà critiqué. Face à lui, le président sortant Idriss Deby Itno, archi favori du scrutin.

Il faut dire que le système auquel les opposants doivent faire face est très bien organisé, c’est ce qu’explique le politologue Roland Marchal.

« Cette stratégie de candidat unique de l’opposition est quelque chose qui d’une certaine façon essaie de rompre avec un passé de division. Maintenant on peut douter que cela ait un impact réel. Idriss Déby et son régime sont passés maîtres dans la capacité à créer des oppositions fictives, des divisions et donc au moment du vote on peut penser qu’il y aura plusieurs candidats… « 

Une stratégie qui semble fonctionner. A 68 ans, dont plus de 30 à la tête du Tchad, Idriss Déby Itno est toujours au pouvoir.

Un soutien international

Si sur place, la situation socio-politique est suivie de près, hors des frontières tchadiennes également, elle ne laisse pas indifférents des Tchadiens comme Hilaire Takilal Ndolassem, un activiste qui réside en France.

« La France, l’Union européenne soutiennent Déby parce qu’ils disent que c’est un rempart contre le terrorisme. Moussa Faki, le candidat de Déby, a été réélu à l’Union Africaine. Tout est fait aujourd’hui pour biaiser le jeu. La preuve : Macron sera à N’Djamena pour le sommet du G5 » explique-t-il.

Un sommet du G5 Sahel ou il sera question de lutte contre le terrorisme…

Malgré les fréquentes violations des droits de l’homme dénoncées par les ONG qui mettent en cause l’État tchadien, le président Déby reste en effet largement soutenu par la communauté internationale et pour cause : il est considéré comme un allié essentiel pour la stabilisation de la sous-région alors même que le Tchad est entouré de pays instables comme la Libye, la Centrafrique ou le Soudan.

Thomas Dietrich, écrivain et spécialiste du Tchad, insiste également sur ce soutien international qui aide le pouvoir à se maintenir.

« Idriss Déby est l’allié incontournable de la France au Sahel. On sait que N’Djamena est le siège de Barkhane… Paris n’hésite pas à débloquer des fonds pour le Tchad quand Idriss Déby n’arrive plus à payer ses fonctionnaires. Les grandes organisations internationales débloquent des sommes folles pour le gouvernement tchadien sans qu’on n’ait véritablement de résultat dans l’amélioration de la gouvernance ou le développement. On sait par exemple que l’Union européenne soutient la justice au Tchad… et pourtant cet argent n’a pas permis de développer une justice équitable au Tchad » précise-t-il.

De l’avis de plusieurs observateurs, le régime d’Idriss Déby a de fortes chances de rester en place. Une situation qui n’empêche pas l’opposition de s’organiser comme elle peut pour lui faire face.

Tchadanthropus-tribune avec Deutsch Welle via Opéra news.

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