Le fils de l’ancien chef de l’État, désormais à la tête du Conseil militaire de transition, a choisi de modifier l’organigramme de la Société des hydrocarbures du Tchad sur les conseils du ministre du pétrole Oumar Torbo Djarma.

Seulement un an après leur nomination, le directeur général de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), Ibrahim Mahamat Djamous, et son adjoint Abderahim Mahamat Acyl, ont été remerciés fin mai. Cette décision a été entérinée par un décret signé le 28 mai par le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby, dit « Kaka », fils de l’ancien président Idriss Déby. Selon nos sources, ce choix a été largement influencé par le ministre du pétrole Oumar Torbo Djarma. Ce dernier a plaidé pour remplacer Djamous par un autre ingénieur de son ministère, Michel Boayam.
 
Le départ d’Abderahim Acyl, surnommé « Abbo », petit frère de l’ex-première dame, Hinda Déby Itno, est un signe de la perte d’influence des réseaux de cette dernière au sein du secteur pétrolier. Ces dernières années, plusieurs proches de l’épouse du président avaient été nommés à des postes à responsabilité au sein de la SHT, mais aussi à la tête de l’Autorité de régulation du secteur pétrolier aval du Tchad (Arsat – AI du 27/08/19) et même – de façon plus éphémère – au poste de ministre du pétrole (AI du 29/01/19).

Guerre ouverte entre le ministère et la SHT

Le ministre du pétrole Torbo Djarma entretenait des relations conflictuelles avec le management de la SHT, qu’il soupçonnait notamment d’avoir réalisé des transferts de capitaux vers l’étranger depuis le décès d’Idriss Déby, annoncé le 20 avril. Il a demandé aux banques Ecobank, SGTchad, CBT, BCC, Orabank, BAC, UBA, BSIC et BHT, de procéder au blocage de tous les comptes de la SHT à partir du 5 mai 2021. Un ordre qui outrepasse d’ailleurs ses compétences :
 
la SHT est régie par les textes Ohada (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires) et dispose de son propre conseil d’administration, qui lui confère, en principe, une autonomie dans sa gestion, notamment bancaire.
 
Très endettée, au point de considérer la vente partielle de ses actions dans l’oléoduc Tchad-Cameroun (AI du 09/03/21), la SHT fait par ailleurs l’objet depuis le 17 mai d’une « mission d’instruction générale d’Etat », chargée de rendre un rapport sur les activités pour l’exercice 2020-2021. Contactés, le ministre du pétrole et l’ancien directeur général de la SHT n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent.

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