L’élévation du président du Conseil militaire de transition au grade de général d’armée et l’adoption de deux projets de loi d’amnistie par le gouvernement sont les deux principaux sujets développés par la presse tchadienne au cours de la semaine du 6 au 12 décembre 2021.

« Signe d’un pouvoir à vie »

Le 1er décembre dernier, à l’occasion de la célébration de la journée de la liberté et de la démocratie, les Tchadiens ont découvert, avec une certaine surprise, que le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, arborait cinq étoiles, ce qui signifie qu’il est passé de général de corps d’armée à général d’armée.

« Mahamat Idriss Déby passe de 4 à 5 étoiles », relève sobrement le Visionnaire qui souligne que cette montée en grade intervient moins de huit (8) mois après avoir succédé à son père. Une élévation qui, pour le journal de Juda Allahondoum, traduit « son désir de conserver le fauteuil (…) hérité de son père, sans le moindre effort ».

Abba Garde pense exactement la même chose en pointant que c’est le « Signe d’un pouvoir à vie ». Selon cet hebdomadaire, le changement de grade est un message fort à l’endroit de ceux qui croient à des futures élections libres, démocratiques et transparentes. « C’est aussi un message envoyé à ceux qui croient encore à la fin d’un pouvoir dynastique déjà mis en place et scellé du plus haut sommet de la loge de la franc-maçonnerie ».

La plupart des journaux sont décidément du même avis. « Nouvelle consécration d’un règne monarchique », évoque de son côté N’Djamena Hebdo. Pour lui, en décidant de s’auto grader, le PCMT « montre aux yeux du monde qu’il ne conduit pas une transition, mais, il est bel et bien le président de la République du ‟Tchad monarchique” dont son feu père l’a préparé pour la succession ».

Doute autour de l’amnistie

Lors d’un conseil extraordinaire des ministres le 29 novembre 2021, deux projets de loi d’amnistie concernant près de 300 politico-militaires ont été adoptés. L’objectif pour le gouvernement est de parvenir à organiser un dialogue inclusif en vue de la réconciliation nationale.

Mais pour Abba Garde, « Cette amnistie qui a sa raison d’être par la seule volonté du CMT, peut-elle amener un pardon sincère ? C’est la question qui turlupine tous les Tchadiens ».

N’Djamena Hebdo quant à lui pense qu’il n’y a même pas de doute. « Amnistie de façade », placarde-t-il à sa Une. Le journal fait le lien entre ces projets d’amnistie et un incident le 1er décembre à la maison d’arrêt de Klessoum où, selon Hebdo, « un prisonnier de guerre mitraillé par 4 balles ; plusieurs blessés ». Cet hebdomadaire pense que l’événement de Klessoum, intervenu deux jours après le conseil des ministres ayant adopté les projets de loi sur l’amnistie, est une « mise en scène pour camoufler les assassinats des prisonniers du Fact (mouvement dont l’incursion en territoire tchadien a occasionné la mort au combat du président Déby en avril 2021, ndlr) ». Et de conclure que le dialogue tant attendu « risque de tomber à l’eau ».

Par Madjissembaye Ngarndinon

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