Affirmer cela n’est pas une simple vue de l’esprit, mais un constat qui, malheureusement, ne peut être étayé par des statistiques établies par le ministère de la santé ou par des relevés compilés et disponibles auprès des services des urgences des hôpitaux et de la croix rouge de N’Djaména. Pourtant, les cas sont nombreux et le taux ne cesse de grimper ces dernières années.

Le plus récent cas connu est celui survenu au stade Idriss OUYA, fin janvier 2019, entrainant dans une chute mortelle, en pleine séance de marche sportive, le contrôleur de douane et  ancien joueur de Renaissance Football Club de N’Djaména, Mahamat ABDOULAYE « BETTEGA » (photo). Selon certains témoins, cet accident inattendu n’est qu’un AVC. Il a secoué les adeptes de la pratique physique et le microcosme N’Djaménois que fréquente régulièrement le défunt, notamment chez : Abba ALIFA MAMAR (son ami d’enfance), Abdoulaye Konguil  ou Abba Ramat.

Au delà de son côté dramatique, cette disparition a suscité interrogation et crainte dans le milieu des pratiquants des activités physiques et sportives de santé et d’entretien.  Elle provoqua une peur qui influa sur le rythme des séances sur certains terrains. Ce cas comme tant d’autres et celui entrainant il y a quelques jours, le décès de l’ancien basketteur, Idriss BELLO, même s’il n’émeut personne, doit interpeller les autorités en charge de la santé et leurs partenaires internationaux qui se réunissent tous les mois autour du président DEBY, pour un examen de la situation sanitaire au Tchad.

Pourtant, l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est un mal aussi ravageur que le cancer et le paludisme, objets de forums et campagnes de sensibilisation. Il est vrai que le sujet n’intéresse même pas les médias nationaux, intéressés par des encarts publicitaires et autres faits sensationnels. Cependant, des sources citées par l’AFP, donnent des pourcentages au niveau mondial :

  • 1990 : 2,9 % chez les 20 à 64 ans ; 3,3 % chez les 65 à 75 ans ; 3,7 % chez les + de 75 ans,
  • 2000 : 4,4 % chez les 20 à 64 ans ; 4,8 % chez les 65 à 75 ans ; 5,4 % chez les + de 75 ans,
  • 2010 : 5,15 % chez les 20 à 64 ans ; 5,22 % chez les 65 à 75 ans ; 6,42 % chez les + de 75 ans.

Ces chiffres établis sur 10 ans, montrent la progression du fléau, passée du simple au double dans les différentes catégories d’âge. Ils ne sont, certes, pas très significatifs dans les pays nantis, disposant des moyens de lutte et de prévention efficaces. Mais, en Afrique subsaharienne et particulièrement au Tchad, le constat est suffisamment alarmant pour attirer l’attention.

L’AVC n’épargne personne. Des personnalités connues comme Abdéramane MOUSSA, Orozi FODEIBOU et Ali Adoum DJAYA, ou encore  d’anciens joueurs de football comme Douba DJORIO, gardent pour le restant de leur vie des séquelles. Des sportifs de haut niveau régulièrement entrainés, en sont victimes à l’exemple du footballeur camerounais VIVIEN FOE, foudroyé en plein match opposant son pays à la France. La pratique des activités physiques et sportives reste un des  meilleurs moyens de prévention que conseillent les médecins. Elle est de plus en plus prescrite dans le cas des maladies chroniques.

Au Tchad, on en est encore loin, surtout que, les difficultés sociales, aggravées par les 16 mesures toujours en vigueur, augmentent et accentuent les facteurs de risques qui sont :

  • l’âge,
  • certaines maladies cardiaques nécessitant un traitement anticoagulant,
  • l’hypertension artérielle,
  • l’hypercholestérolémie,
  • le diabète,
  • le tabac,
  • l’alcool,
  • la sédentarité.

L’AVC se caractérise par l’arrêt brutal de l’irrigation sanguine du cerveau, entrainant l’absence d’oxygène dans les zones touchées. Il se manifeste par les symptômes fréquents suivants :

  • paralysie d’une partie du corps,
  • étourdissements, vertiges et pertes d’équilibre,
  • troubles de la vision, difficultés d’élocution et de compréhension,
  • maux de tête accompagnés de nausées et de vomissements,
  • paralysie soudaine du visage ou d’une partie entière du corps, etc.

L’efficacité de toute action de prévention par la pratique des activités physiques et sportives, doit être complétée par une véritable formation aux gestes du premier secours et notamment, l’apprentissage du massage cardiaque et  l’attitude à avoir face aux cas qui peuvent se présenter partout, comme au stade OUYA, ou ailleurs, lors des déplacements aux cimetières et dans les places mortuaires, surtout par un temps de forte chaleur. Cette formation peut être systématisée et généralisée dans les établissements scolaires, auprès des associations, des regroupements sportifs et autres services publics.

Dans les nations avancées, les secours sont complété par un nouvel appareil appelé défibrillateur, aujourd’hui démocratisé en France et en Suisse. Cet outil est destiné à relancer un cœur arrêté afin d’irriguer au plus vite le cerveau. Les autorités sanitaires et autres organismes comme la Croix Rouge ou l’association « Club Santé Plus » du docteur KODINGAR Kevin qui organisa le dimanche 31 mars 2019 à N’Djaména, une conférence sur « la place du sport dans la prévention de l’AVC », pourraient prendre contact et solliciter l’aide et l’appui en la matière, auprès de ces pays amis.

En attendant, il appartient au gouvernement tchadien de prendre  la mesure du phénomène et aux ministères de la santé et des sports de se saisir de la question afin de trouver les voies et moyens pour le prévenir. Ensemble ils pourront élaborer un programme d’actions de sensibilisation, de formation et d’encadrement des manifestations et autres regroupent sportifs. Ce sera le début d’une lutte déclarée contre ce fléau.

           BANGALI DAOUDA Boukar

       Professeur de sport

        Bureau d’Etude et Conseils en Sport

        Email: b.daouda87@yahoo.com

                                                                                                                                     Tel : +336 13 82 96 26 

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