Depuis la mort d’Idriss Déby, les consultants occidentaux se présentant comme désireux de faire affaire avec les nouvelles autorités tentent de se rendre à N’Djamena. Un ballet qui mobilise les services de sécurité tchadiens et ses alliés.

Selon nos informations, l’homme d’affaires Kamal Benali (voir notre publication sœur Intelligence Online du 27/10/20), amateur de selfies en compagnie de personnalités, a tenté de faire un saut à N’Djamena à la mi-juillet. Il était accompagné de plusieurs consultants de son entourage, notamment le Français Claude-Ephraïm Cohen, jadis actif dans les mines africaines, Jean-Philippe Amvame, le trader gabonais à la tête du défunt négociant pétrolier émirati Philia (AI du 26/11/20), le consultant français Abdelouahad Enbaoui Nguyen Hong, le Guinéen Adama Touré, le conseiller en stratégie français né au Bénin Idriss Boukari ainsi que du Libyen originaire de Zintan Abobker Masaoud.

Refoulement à la frontière

Benali et son entourage ont été contrôlés dès leur arrivée sur place en jet. Les policiers leur ont alors enjoint de redécoller pour faire demi-tour, arguant de leur absence de visa. Revenus à Paris, ils se sont présentés à l’ambassade du Tchad qui, après des diligences serrées notamment auprès de services de renseignement alliés – Messaoud est notamment apparu comme lié à certains trafics en Libye -, leur a finalement refusé le précieux sésame.

La petite troupe voyageait sur un jet de la société nigériane Luxjets appartenant notamment à l’homme d’affaires local actif dans le BTP Moussa Maazal Izadine, proche de l’équipe de l’ex-première dame Hinda Déby Itno, veuve de l’ex-président Idriss Déby. Il avait engrangé de nombreux contrats de construction sous l’ancienne présidence. Moussa partage la propriété de la société avec l’homme d’affaires d’Abuja Terna Amasetimin et le magnat burkinabé Moussa Koanda.

L’arme du visa

Ce n’est pas le premier homme d’affaires intéressé par le pays à avoir suscité récemment l’intérêt des autorités locales : la rumeur s’est répandue à N’Djamena d’un retour dans le pays, le 24 juin, d’Alexandre Benalla. Alertées par sa potentielle arrivée en jet privé – également affrété par Maazzal Izadine – afin de tenter de rencontrer les nouveaux maîtres du pays, les autorités ont demandé au chef de poste de la DGSE s’il pouvait être envoyé par le président Emmanuel Macron. Le service français de renseignement extérieur a bien confirmé que ce ne serait pas le cas. N’Djamena a alors décidé, au cas où il viendrait, de refuser préventivement un visa à Benalla, lequel affirme ne pas avoir prévu un tel voyage.

C’était déjà lors d’un voyage au Tchad, le 22 décembre 2018, que le président Emmanuel Macron avait communiqué à la presse que son ancien chargé de mission à l’Élysée ne pouvait plus se prévaloir de se déplacer pour le compte de la présidence. Benalla s’était rendu dans le pays quelques semaines auparavant, où il avait pu rencontrer, en compagnie de Philippe Hababou Solomon, le président Idriss Déby et son frère, Oumar Déby (AI du 12/12/18).

Tchadanthropus-tribune avec la lettre du Continent

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