La Gazette du Pays et du Monde – N° 118 du 14 au 24 juillet 2011 – P17

Il l’avait dit à Abdoulatif Coulibaly, il y a 10 ans : « Pour moi, il n’y a pas de doute, c’est l’exécution d’un complot visant mon élimination physique. »

Sé-ré-ni-té. Ce dimanche, vers 16 h, à quelques heures de son «extradition» vers le Tchad, Hissène Habré, ex homme fort de Ndjaména affiche plutôt une mine déconcertante.

La menace d’une mort certaine ne semble guère l’ébranler. Mental de rebelle ou confort d’une solidarité savamment mijotée avec ses hôtes ? Sans doute, les deux à la fois. Blessé de guerre et maintes fois miraculé, Habré, 69 ans, ne vit pas la mortification d’un supplicié en sursis. A l’entrée de son domicile, où les forces de sécurité restent médusées de nous entendre dire que nous avons rendez- vous avec le maître de céans, rien n’indique que le monde entier bruit de la folle décision de renvoyer Habré au Tchad. Calme plat.

L’immense portail en fer lourd franchi, on aperçoit Habré, lunettes correctrices au montant gris, sur le perron de sa villa cossue nichée au quartier résidentiel des Almadies. Sa belle demi-saison en lin d’un blanc immaculé, joliment brodée, semble quasiment mouler un corps chétif. L’écharpe et le bonnet blancs sont toujours là, en fidèles compagnons. A l’annulaire gauche, une bague légèrement flottante sertie sans doute de diamant.

Habré est quasiment resté le même. Il a certes davantage blanchi. Mais l’homme entretient toujours une fine moustache et une barbiche grisonnantes. Sa poignée de main est vigoureuse, son débit lent, sa voix parfois gutturale. Une double entrée donne accès au salon où Habré et son épouse nous accueillent. A l’intérieur, sur les murs sont tapissés de Tableaux de paysage, de représentations humaines. Et cette odeur d’encens qui titille les narines. Pas l’ombre d’un journal ou d’un livre. Moquettes, lustres, meubles de coins complètent un décor bien sobre et charmant.

Tchadanthropus-tribune avec ZommTchad.

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