Jugé trop ambitieux, l’accord signé en octobre entre Khartoum et les groupes rebelles peine à trouver des financements.

Ayant intégré, en vertu de l’accord signé le 3 octobre dernier, les chefs rebelles au conseil de souveraineté et à l’appareil d’Etat (Africa Intelligence du 12/02/21), les autorités soudanaises doivent désormais mettre en application les 231 pages de dispositions de l’accord, qui portent sur la quasi-totalité du territoire soudanais.

Problème : pour mettre en place l’accord dans son intégralité, il faudrait mobiliser au minimum 750 millions de dollars par an pendant une décennie. Or le Soudan n’a pas cette somme et les donateurs ne se bousculent pas pour la lui fournir, inquiets des potentiels retards et multiples dérapages de l’accord (le seul regroupement des différentes milices sous une seule bannière accuse déjà un retard de près de deux mois – Africa Intelligence du 15/02/21).

Plusieurs décennies de sanctions internationales ont mis le pays à genoux et rendu ses finances exsangues. Un retour dans le système financier international est certes prévu, à la suite de la normalisation des relations avec Israël et du retrait de la liste américaine des pays sponsors du terrorisme. Mais le processus sera long et contraignant pour Khartoum (Africa Intelligence du 21/01/21). Or c’est maintenant qu’il faut des financements.

Washington s’est offert un droit de regard

Depuis plusieurs semaines, le vice-président du conseil de souveraineté et patron des Rapid Support Forces (RSF, un corps de l’armée soudanaise), Mohamed Hamdan Dagalo dit « Hemeti« , multiplie les déplacements à l’étranger. En attendant une renégociation de la dette soudanaise en mai à Paris (Africa Intelligence du 09/02/21), Hemeti s’est récemment rendu à Doha. Jusqu’ici réputé plutôt proche des Emirats arabes unis (EAU), il a profité d’un relatif réchauffement des relations entre les pays du golfe pour tenter d’élargir ses soutiens financiers au Qatar.

Faute de financements, les signataires seront contraints de revoir les ambitions de l’accord à la baisse. Selon nos informations, la nouvelle administration américaine s’interroge de plus en plus sur l’éventualité de réduire l’accord de paix à ses seules dispositions sécuritaires (109 pages sur 231).

Officiellement, Washington n’est pas un parrain de la paix au Soudan : signé à Djouba, l’accord s’est fait avec la bénédiction du Qatar et, surtout, des EAU (Africa Intelligence du 09/10/20). Mais en retirant le Soudan de sa liste noire, les Etats-Unis se sont octroyé un droit de regard sur les affaires de Khartoum.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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