Quatre mois après le début de la transition, le Tchad s’apprête à se doter d’un organe législatif provisoire. Composition, candidatures, calendrier… JA livre le mode d’emploi du nouveau conseil.

C’est l’une des étapes les plus scrutées d’une transition qui a débuté voici quatre mois, après le décès du maréchal-président Idriss Déby Itno. Le Tchad doit se doter dans les prochaines semaines d’un Conseil national de transition (CNT), qui remplacera l’actuelle Assemblée nationale et fera office, jusqu’à l’organisation de nouvelles élections présidentielle et législatives, de parlement. Selon nos sources, le CNT devrait être constitué au plus tard au milieu du mois de septembre.

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Les grandes manœuvres ont évidemment déjà commencé. Depuis le 13 juin, par décret du président du Conseil militaire de transition (CMT), Mahamat Idriss Déby, un comité ad hoc de sélection des candidatures pour le CNT a été nommé. À sa tête se trouve le général de division Djimadoum Tiraina, vice-président du CMT. Le président du Rassemblement démocratique tchadien (RDP, allié du Mouvement patriotique du Salut, l’ancien parti présidentiel), Mahamat Allahou Tahir, en est le premier vice-président.

La mali et le soudan peuvent nous servir d’exemple

 Jean-Bernard Padaré, secrétaire général et porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), occupe le poste de deuxième vice-président, tandis que Mahamat Hamid Koua (ministre MPS) et Ziang Saint Léon (RNDT le réveil, formation de l’actuel Premier ministre de la transition, Albert Pahimi Padacké) sont rapporteurs. Six autres membres composent le comité : Allamine Abakar Dangaya, président du Conseil national de la jeunesse du Tchad (CNJT), Celestin Topona, premier vice-président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR, opposition), Souad Awad, directrice générale de la Maison de la femme, Djimtebaye Lapia, Yodamne Marie, et Walendom Robertine.

Rencontre avec Assimi Goïta

Début août, une délégation du comité conduite par Jean-Bernard Padaré a effectué une mission à Bamako afin de consulter les autorités de la transition malienne et de s’inspirer de leur expérience.

« Le Mali et le Soudan peuvent nous servir d’exemple, comme le Burkina Faso a servi d’exemple au Mali », explique le deuxième vice-président du comité, de passage à Jeune Afrique. La délégation a notamment échangé avec le président de la transition malienne, Assimi Goïta, et le colonel Malick Diaw, élu à la tête du Conseil national de transition malien. « Il s’agit de consulter pour anticiper les difficultés, notamment en ce qui concerne les problématiques de pressions politiques. Il faudra bien sûr adapter le système au contexte tchadien », explique Jean-Bernard Padaré.

93 postes à pourvoir.

Les contours du futur CNT tchadien sont déjà définis. Quelque 93 postes de membres seront à pourvoir (contre 121 au Mali), dont les candidats seront proposés par douze collèges différents : les partis politiques représentés à l’actuelle Assemblée nationale, les partis qui n’y sont pas représentés, les organisations de jeunesse, les corporations professionnelles, les organisations de femmes, les militaires, les chefferies traditionnelles, la diaspora, les organisations de défense des droits humains, les personnes souffrant d’un handicap, les syndicats, auxquels s’ajoute un quota réservé au président du CMT, Mahamat Idriss Déby, chef de l’État.

Le dépôt des dossiers de candidature devrait intervenir d’ici la fin du mois d’août 2021

 Le nombre de postes à pourvoir par collège n’est à l’heure actuelle pas encore défini et est encore en discussion. Selon nos informations, le CNT devra toutefois être composé d’au minimum 30 % de femmes et le comité ad hoc a prévu de favoriser des candidatures de jeunes de moins de 35 ans. Chaque collège devra proposer deux fois plus de candidats que de postes à pourvoir dans sa catégorie, en veillant à garantir la représentation d’un maximum de régions du pays.

Selon nos informations, le dépôt des dossiers de candidature devrait intervenir d’ici la fin du mois d’août. Les onze membres du comité examineront ensuite les candidats un par un sur des critères qui sont eux aussi en cours de définition. Les élus devront toutefois impérativement détenir la nationalité tchadienne, disposer d’un casier judiciaire vierge et d’un certificat médical attestant de leur aptitude physique à occuper le poste. Le comité statuera ensuite sur leur « expérience » et leur « patriotisme ».

Jeune Afrique Par Mathieu Olivier

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