À l’instigation de Paris, les géants de la défense français ont proposé à l’armée tchadienne des drones d’observation. Mais ils sont perplexes quant aux capacités de financement de N’Djamena, qui pourrait se tourner vers l’industrie turque, sur fond de rapprochement entre « Kaka » et Erdogan.

Sollicité à plusieurs reprises par le président du Conseil militaire de transitionMahamat Idriss Déby (dit « Kaka« ), et son ministre de la défense, Daoud Yaya Brahim, Paris a prié l’industrie de défense française de s’impliquer davantage dans le renforcement de l’Armée nationale tchadienne (ANT). Celle-ci se prépare à devoir repousser des offensives rebelles prévues au début de l’année 2022. Parmi les besoins exprimés par l’ANT et adressés à la ministre des armées Florence Parly ainsi qu’au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves, Le Drian figure de nouveaux moyens aériens dédiés à l’observation. N’Djamena cherche en effet à se doter de drones pour mener à bien des missions de surveillance le long de ses frontières poreuses.

Un répit financier de courte durée

Pressés par le gouvernement français, les leaders tricolores Thales et Safran sont entrés en contact avec le haut commandement tchadien, mais presque à reculons : c’est que les caisses de l’État tchadien sont désespérément vides. N’Djamena ne bénéficie que jusqu’à décembre de l’Initiative sur la suspension des services de la dette mise en place par le G20 pour lui offrir un répit financier. Or les deux géants français s’imaginent mal s’engager sur des contrats d’une valeur inférieure à 50 millions, voire 100 millions d’euros – des sommes hors de portée du Tchad. À ces difficultés de financement s’ajoutent les réticences de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) : Safran en avait déjà fait les frais en septembre pour la vente de boules optroniques destinées à équiper deux Cessna que N’Djamena veut convertir en avions de surveillance (AI du 14/09/21).

Pour tenter d’assainir les finances de l’État tchadien, Mahamat Idriss Déby est allé à Doha courant septembre en vue de renégocier la dette de N’Djamena envers le géant du trading Glencore, dont le Qatar est actionnaire. Les nouvelles discussions en cours pourraient en définitive profiter à l’industrie de défense turque, Ankara et Doha entretenant de très étroites relations militaro-diplomatiques. La semaine dernière, « Kaka » a justement rendu une visite officielle au président turc Recep Tayyip Erdogan, au terme de laquelle de nombreux accords ont été signés, notamment en matière de coopération sécuritaire. Les très dynamiques fabricants de drones Turkish Aerospace Industries (TAI) et Baykar courtisent d’ailleurs déjà le Niger voisin (AI du 04/10/21).

Tchadanthropus-tribune avec Africa Intelligence

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