Les dirigeants du mécanisme tripartite ONU-Union africaine-Igad se plaignent des interférences des Etats-Unis, du Royaume-Uni, des Emirats arabes unis et de l’Arabie saoudite dans le dialogue politique soudanais.

Le « Quartet pour le Soudan », qui rassemble les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, prend trop de place. C’est du moins l’avis de l’ambassadeur marocain Mohamed Belaich, envoyé spécial au Soudan du président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat. Dans un briefing, le 2 novembre, au Conseil de paix et sécurité de l’UA – présidé en novembre par la Namibie -, dont Africa Intelligence a obtenu une copie, Belaich dénonce des « interférences extérieures » dans le dialogue politique soudanais. Il regrette que le Quartet (ou « Quad ») « influence des acteurs clés du processus » et agisse comme un « mécanisme parallèle » au mécanisme officiel.

Depuis le premier trimestre 2022, le dialogue est facilité par une médiation tripartite regroupant les Nations unies (ONU), l’UA et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Est). Cet arrangement avait été obtenu par Moussa Faki Mahamat (AI du 28/01/22) à l’issue d’une lutte acharnée entre son directeur de cabinet, Mohamed al-Hacen Lebatt, et le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Soudan, Volker Perthes (AI du 30/03/22).

Jouer la montre

Dans son briefing au Conseil de paix et sécurité, Belaich a notamment pointé du doigt le double jeu du Quad, qui « soutient publiquement le mécanisme tripartite », censé être impartial, alors qu’« il est de notoriété publique que [le Quartet] est sympathisant des FFC-CC ». Ces politiques issue de l’implosion des FFC liée au coup d’Etat du 25 octobre 2021 (AI du 28/10/21) perpétré par le général Abdel Fattah al-Burhan. Les FFC-CC s’opposent notamment à la participation au dialogue politique de partis proches de l’ancien président Omar el-Béchir (au pouvoir de 1989 à 2019), ce que regrette aussi Belaich.

Depuis le 27 octobre 2021, le Soudan est exclu des instances de l’UA, et le Conseil de paix et sécurité de l’organisation examine régulièrement l’avancement de la situation. Le pays est aujourd’hui dans l’impasse. Le 4 juillet 2022, les militaires aux commandes du pays se sont retirés du dialogue, laissant le soin aux civils de former un nouveau gouvernement. Tout comme ils ont prétexté les divisions au sein de la classe politique pour se saisir du pouvoir en octobre 2021, ils sont aujourd’hui soupçonnés de miser sur ces mêmes clivages pour jouer la montre et se maintenir en place (AI du 04/11/22).

Antoine Galindo

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