L’actualité nationale, il y a peu, a été dominée par une agitation estudiantine qui précéda et suivit la fameuse vidéo infâme de matraque des jeunes manifestants, largement partagée sur la toile et diffusée à travers le media-monde. Pis, les concernés ont réfuté l’appel du Chef du Gouvernement sommant de reprendre le chemin de la classe un lundi. Dans ce sillage, sans se rendre compte, l’étudiant tchadien avec grand « E » s’est invité dans l’arène de la lutte politique.


Depuis quand les choses ont commencées? Pourquoi un tel phénomène maintenant? D’où est parti ? Ces questions doivent être posées autant que la nature même de l’évènement. Essayons d’apporter en toute modestie, des éléments de réponse.


Dans un élan de mobilisation patriotique,  une manifestation des jeunes étudiants qui avait au départ pour mobile contre le port de casque motocyclette, a tournée en une véritable insurrection poussant le régime à une répression inouïe dont le paroxysme est atteint par cette vidéo exhibant l’humiliation. C’est une méthode habituelle du clan au pouvoir pour dissuader les révoltes. On se souvient de l’épouvantable qu’immorale vidéo sur la petite Aché-Fouda. Cette fois-ci, disons peine perdue. Pour preuve, Non seulement le court-métrage de torture a fait le tour du monde, mais les victimes, c’est-à-dire les étudiants, ont assumé et tenu tête aux bourreaux. Ils sont appui par un sursaut national de soutien de toutes les couches sociales, tous les courants politiques particulièrement venant de la diaspora. Tant mieux !


Une rétrospective lointaine des choses s’impose pour mieux cerner le contour de ce réveil de l’étudiant tchadien. Jadis, embourbé, borné dans des esprits restrictifs, géographiques de Nord-Sud ou Est-Ouest (quelle banalité !), et idées mesquines ethnocentrique du genre Ouaddaï-Arabe, Gourane-Sara, Gambaye -Toupouri, Kanembou-Hadjaraï. Un type d’étudiant reflétant une répartition schématique du pays dans sa composante cartographie et sociologique avec pour conséquence la paralysie des organisations estudiantines. Résidence, regroupement, amitié, affinité, soutien, engagement etc… tous se justifiaient selon l’appartenance définie. Des Ingrédients incompatibles à l’idée de la construction d’une Nation qui, aux jalons, se met de facto grâce à une élite visionnaire projectible dans l’avenir qui sera issu forcement de classe estudiantine d’aujourd’hui.


Mais depuis un certain temps, une tournure inhabituelle se déroule. A ma souvenance, exactement en mois-ci de l’année passée, les choses ont attiré l’attention quand des compatriotes étudiants cotés Algérie ont manifesté, main dans la main, pour réclamer leur bourse.  A visage découvert – faits habituels que chez les opposants politiques en exil- placard brandi, prescription et parole clairement dénonciatrices, scandant en chœur devant l’ambassade du Tchad en Alger. Leurs dirigeants arrêtés, emprisonnés puis libérés tout en ayant gain de cause. Une première.


Puis quelque mois après, c’est du côté de Ouaga que ça bouge lorsque l’Ecole 2IE au Burkina a mise à la porte nos compatriotes prétextant que l’Etat tchadien n’a pas verser sa part de contribution. En plus des actions menées en Alger suscitées, ceux de Ouaga conduisit le combat devant l’Ambassade jusqu’à des échauffourées comptant des blessés dans leur rang, fort heureusement légers. Un fait nouveau.


Ensuite, le tour de Dakar. Après que le ministre tutelle ait effectué une visite officielle, il promu une aide sociale aux étudiants tchadiens (sans bourse) au Sénégal. La délégation envoyée pour la circonstance, fidèle à ses coutumes, propose une petite somme de 50.000F par tête. Rigolant ! Sachant qu’il s’agit d’une aide sociale et non d’un dû, les étudiants déclinent en toute sagesse l’offre malgré la forte déception et demande à travers leur Association (ASEET/S) gentiment aux mandataires de repartir avec leur argent. Un merci plein de sens. La délégation prend conscience et les invitent au tour d’une table ronde. Ils négocient et obtiennent gain de cause. Un autre fait nouveau, diffèrent dans le style.


Enfin, les petits frères écoliers du pays ne sont du reste. En Octobre passé, en soutien à leurs profs en grève, les élèves affrontent la police et sèment le chaos dans les grandes villes (N’Djamena, Moundou, Sarh, Abéché). Quelques mois après la ville de Doba bouscule, à seul, quand un proviseur cupide exigea une somme exorbitant au dossier du Bac. Même scène désolation mais cette fois il y a grave : mort d’homme. Ça, c’est radical.

 
Fait marquant, toutes ces revendications différentes dans leur forme, mais de même but, se déroulèrent dans une unité nationale exaltante, brandissant haut la couleur nationale. A tel en sein que même ceux égosillant souvent pour le régime, tels des griots affamés, n’ont pipé un mot. Ni leur les Co-ethniques ou co-régionnaires n’ont osé ouvrir la bouge. Peu importe si c’est par contrainte ou par adhésion, c’est un avancé majeur en matière de citoyenneté.

 
Par un communique du Ministère tutelle, le régime exhorte les camardes du pays à regagner les classes. Niet ! Ils refusent. Ça, c’est une Résistance ça.


Nul doute que tous ca est l’expression d’un ras-le-bol comprimé résultant d’une politique malveillant, irresponsable menant le pays vers une impasse. Comme pour dire, que les « E » ont compris le régime en place qui ne satisfait que leurs desiderata égoïstes au lieu de gérer. Promesse du fer de lance est tenue, voire respectée.


Ensemble des phénomènes, premier du genre  dans la jeune histoire, autrefois tumultueuse, de notre pays. Cela dit, si jamais ce genre de tendance continu dans l’état d’esprit des jeunes, socle d’une nation, on est incontestablement sur la bonne voie. Mieux, s’il résistante aux aléas politiques, se confirme au fil du temps et se consolide dans les pensées, et oui, il y a bien un nouveau prototype d’Etudiant Tchadien disposé à servir le pays au prix le plus  cher du sacrifice.


Néanmoins, quoi qu’il en soit, il est temps, les gars, de se démarquer de la génération postcoloniale sur tous les plans (tout un débat) et transformé ce réveil en une prise de conscience collective générationnelle pour se lancer dans la civilisation moderne qui, dans son âme, consiste en une Expression de la liberté dans la gouvernance et une course à la Technologie de la vie. Au-delà, il est même possible de songer à une participation dans l’histoire évolutive du monde en œuvrant sur un aspect des apports humainement bénéfiques à travers un pays modèle. Peut-être, qu’il faut finir par cette citation que l’auteur ne laisse pour autant n’entrevoir aucun choix dans ce contexte précis.

 

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots » dixit Martin Luther King.

 Mahamat TOGOI

Etudiant à l’UCAD de Dakar (Sénégal)

 

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