Le Conseil de Paix et de sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA) a reporté sine die la réunion qui devait se réunir ce lundi 10 mai, pour statuer sur la conduite à adopter vis-à-vis de la transition au Tchad, où la situation est relativement instable depuis le décès brutal en avril dernier de son Président, Idriss Deby Itno.

Lors de cette réunion virtuelle, l’UA devait notamment décider s’il faut sanctionner le Tchad, après l’entorse faite à la Constitution après la mort du président Deby. La légitimité du Conseil militaire de Transition (CMT) qui a pris les pleins pouvoirs au Tchad est ainsi en jeu.

L’UA aura comme référence le Rapport de sa mission qui a récemment travaillé au Tchad, et qui propose de tenir compte du fait que ce pays « est un verrou essentiel contre le terrorisme en Afrique et qu’il est fragile ». Et que l’organisation africaine déroge « exceptionnellement » à ses principes et accompagne la Transition au Tchad.

Cette réunion décisive devait se tenir après de nouvelles violences le week-end écoulé dans la capitale tchadienne N’Djamena et dans d’autres localités du pays, où des populations ont répondu à l’appel du mouvement “Wakit Tama” pour manifester dans les rues contre la junte militaire qui a pris le pouvoir. Les manifestations ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre.

Initialement prévue, ce lundi 10 mai, la réunion du Conseil Paix et sécurité de l’Union africaine s’ouvrira demain, mardi 11 mai, à Addis-Abeba. Une réunion cruciale pour le Tchad car y sera présenté le rapport de la délégation ayant enquêté sur le processus de transition ouvert après la mort d’Idriss Déby, il y a trois semaines, et la prise du pouvoir par un Conseil militaire de transition constitué de quinze généraux.

L’Union africaine doit à présent décider de sanctionner ou de ne pas sanctionner le Tchad pour la prise de pouvoir qui s’est faite en dehors des règles constitutionnelles. Une décision à prendre sur les bases, donc, du rapport de la délégation du Conseil paix et sécurité de l’UA qui a séjourné à Ndjamena.

D’ores et déjà, les discussions s’annoncent tendues. Les conclusions de la délégation ne seront présentées que mardi mais, selon certaines indiscrétions, elles iront dans le sens d’un accompagnement des autorités de transition et non d’une suspension du Tchad des instances de l’Union africaine et ce, afin de conserver l’appui du Tchad et de son armée, dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.

Cette indulgence est assortie de conditions sur la durée de la transition – dix-huit mois maximum – ou encore sur l’organisation d’un dialogue national inclusif aboutissant à un partage du pouvoir avec les civils.

Revenus de Ndjamena la semaine dernière, les auteurs du rapport ont rencontré les nouvelles autorités, à commencer par le chef du Conseil militaire de Transition et fils du président défunt, Mahamat Idriss Déby – à plusieurs reprises même – ainsi que les chefs de l’opposition et de la société civile.

Ils ont forcément scruté, aussi, le dérouler de la journée de samedi, avec une manifestation de la coordination citoyenne Wakit Tama, autorisée sous condition, finalement interdite mais tolérée puis, violemment réprimée.

Si les recommandations présentées mardi seront suivies, la non-suspension du Tchad, en dépit du caractère anticonstitutionnel de la prise du pouvoir par le CMT, serait contraire aux principes de l’Union et ferait figure d’exception. Certains pays membres y sont farouchement opposés.

Tchadanthropus-tribune avec RFI

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