Naïfs sont ceux qui s’aventurent à prédire, avec exactitude, de ce qu’il adviendra de notre pays demain. Partout, à entendre parler nos compatriotes, seule la situation qui prévaut dans notre pays domine les conversations. Certains s’improvisent donneurs de leçons mais ne veulent, surtout, pas retrousser les manches et s’engager dans la lutte à bras-le-corps. D’autres, encore, font le choix de s’attaquer aux problèmes mondiaux et, donc, font diversion en évitant d’attaquer le taureau par les cornes. Enfin, il y a ceux qui s’interrogent, transits de peur, sur le devenir de notre pays. Pointant du doigt le peuple ou se pointant, mutuellement, les doigts pour s’excuser indéfiniment. C’est qui, au final, le peuple ? N’est-ce pas, moi, toi, le voisin ?

Le dénominateur commun de tout ce monde est la soif du changement. Mais qu’entendent, réellement, les Tchadiens par changement ? Aspirons-nous à un changement crédible, concret, en phase avec notre temps, c’est-à-dire l’instauration d’un Etat de droit digne de ce nom, la bonne gouvernance, la justice sociale, l’indépendance de l’autorité judiciaire au sens strict du terme, la prise en compte du bien-être du peuple ou bien se contenter d’un changement à minima ? Dans tous les cas, les récents évènements tragiques qui, de par leur nature, c’est à dire l’exécution des prisonniers enchainés et se trouvant entre les mains de l’Etat, ont révolté, choqué et secoué l’opinion nationale. La liste des massacres, aussi horribles les uns que les autres, commis par des individus armés et protégés par le régime en place, n’a fait que s’allonger. Tout ceci démontre qu’il y a urgence absolue à agir. Mais, la question est d’agir comment ?

A ceux qui appellent de leurs pieux vœux à une insurrection populaire, rappelons que ce cas de figure n’est possible que, lorsque l’armée observe une stricte neutralité. Mieux, elle se tient prête à empêcher la moindre effusion de sang et, donc, laisser la volonté populaire se traduire dans les faits. Or, ce n’est pas le cas, dans la réalité, de notre pays. Le régime mafieux, corrompu et criminel, en place depuis plus de vingt-six (26) années a organisé une garde prétorienne surarmée pour qui la sacralité de la vie humaine n’a aucun sens, composée uniquement des partisans de ce même régime et disposée à le défendre et à défendre les acquis des protégés du régime, au détriment d’une armée nationale désarmée et désorganisée sciemment pour assurer la pérennité et la survie de ce régime.

En ce qui concerne la diaspora tchadienne en France, elle s’illustre par son manque d’efficacité, d’organisation et surtout par l’absence d’une stratégie de lutte commune. A partir de maintenant, il est temps que les égos, les calculs politiciens et les ambitions personnelles s’effacent au profit de l’intérêt supérieur de la nation tchadienne. Ensemble, nous pouvons impulser une nouvelle forme de lutte et, ainsi, susciter l’adhésion de nos compatriotes de l’intérieur, de France et d’ailleurs, autour d’un projet fédérateur. Ensemble, nous pouvons protéger nos compatriotes confrontés à la réalité de la lutte sur le terrain, face aux méthodes arbitraire de ce régime finissant, et relayer les doléances de notre peuple auprès de la communauté internationale. Et, enfin, ensemble, nous pouvons travailler en étroite collaboration avec les mouvements politico-militaires pour que la lutte armée s’articule autour d’un projet fédérateur et reflète, aussi, la diversité de notre pays.

Mahamat Saleh ABDERAHIM DAHAB

Militant pour l’instauration d’un Etat de droit, de la justice sociale et la bonne gouvernance.

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  • Un article plein de sens.Bravo mon chèr!

    Commentaire par Grace yinda le 20 avril 2017 à 14 h 01 min
  • Votre opinion sur le « le paradoxe tchadien », me semble juste et pertinente. Mais à savoir, le paradoxe tchadien est-il pas l’expression du système de mal gouvernance dans notre pays? En effet, un peuple est à l’image de de son Etat. Le grand défis qui reste à lever par les Tchadiens de l’intérieur et ceux de la diaspora en particulier, est de se poser la question sur les racines profondes du mal tchadien et, de proposer des au peuple Tchadien les voies et moyens susceptibles de répondre à leurs attentes. Pour cela, nous devrions impérativement connaître qui, sommes-nous? D’où venons-nous, que voulons-nous? On ne peut construire le Tchad future sans connaître le passé du Tchad, ni avoir confiance en soi, ni le refus du mimétisme et ni le refus d’assistanat susceptible d’aliéner nos valeurs socioculturelles traditionnelles. Il est donc impératif de proposer de thèmes de réflexion sur ces problématiques permettant à la diaspora Tchadienne de tous les pays afin d’y apporter sa contribution. Car ne dit on pas que, « le problème politique est un problème de tout de le monde et le problème de tout le monde est un problème politique ».

    Commentaire par Seidou Traore le 25 avril 2017 à 2 h 01 min
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