Face à la baisse du prix du pétrole, à l’insécurité liée à Boko Haram et au réchauffement climatique, le Tchad affiche une certaine résilience. Les défis qu’aura à remplir Idriss Déby Itno dans le cadre de son nouveau mandat n’en demeurent pas moins nombreux.

Réélu le 10 avril dernier, Idriss Déby Itno devra relever de nombreux défis à la tête de son pays. Outre la chute du prix du pétrole, le Tchad doit en effet faire face à l’impact désastreux du réchauffement climatique sur le secteur primaire ainsi qu’à la poussé djihadiste dans la région du Lac Tchad. Il devra tâcher de redonner espoir à son peuple, de plus en plus inquiet par le coût élevé de la vie, l’austérité budgétaire et la corruption. Près de la moitié des Tchadiens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, et le pays est confronté à l’insécurité alimentaire et à la faiblesse de l’investissement dans les ressources humaines. Sur le plan environnemental, le désert tchadien avance d’un kilomètre par an, tandis que le Lac Tchad est passé de 25 000 km2 à 3 350 km2 en 50 ans.

Malgré cela, Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990, peut tirer une certaine fierté de son bilan. Longtemps gangrené par l’instabilité politique, le Tchad est aujourd’hui un pays en plein essor économique. Selon l’Africa Performance Index (API), « l’amélioration de l’orientation budgétaire du pays et les mesures significatives de réduction de la dette ont permis à la machine économique et financière du Tchad d’opérer dans le bons sens ». Ainsi, la croissance nationale moyenne enregistrée entre 2009 et 2014 est de 6,6 %, tandis que le PIB par habitant a progressé de 7,3 % de 2011 à 2015. Une politique de libéralisation et de diversification économique a permis de limiter les dégâts liés à la crise pétrolière et d’encourager le développement des autres activités économiques.

La diversification de l’économie est d’ailleurs une des trois priorités du gouvernement pour son nouveau quinquennat, les deux autres étant l’amélioration de la qualité de vie des Tchadiens et la mise en valeur des ressources humaines. Engagée depuis quelques années, la politique de diversification a permis de développer le secteur des nouvelles technologies de l’information et la communication (NTIC), grand pourvoyeur d’emplois. Afin de tirer la croissance, Idriss Déby Itno compte particulièrement sur l’agriculture et l’élevage, et mise sur l’exploitation de nombreuses potentialités minières dont regorge son pays. « Le salut ne viendra jamais des ressources pétrolières », a en effet rappelé le président à l’occasion de son investiture.

Le processus de développement enclenché par le Tchad se traduit également par la construction d’infrastructures à travers le pays. Pour son nouveau quinquennat, Idriss Déby Itno souhaite prolonger l’effort réalisé ces dernières années en matière d’infrastructures sanitaires et scolaires, le but étant d’offrir une couverture sanitaire universelle aux Tchadiens. Il s’est également engagé à élargir la couverture en eau potable à 83 % (contre 53 % actuellement) et a renouvelé sa promesse de construire 3 000 km de routes bitumées ainsi qu’un grand réseau ferroviaire pour relier le Tchad au Soudan, au Cameroun et au Nigeria.

L’amélioration du climat des affaires et la mise en place d’un vaste programme énergétique font également partie de la stratégie élaborée par le président pour consolider la croissance. Le chef de l’Etat aspire à faire du Tchad un pays favorable aux initiatives privées, nationales ou internationales. L’ouverture aux capitaux étrangers, en particulier chinois, est à l’ordre du jour, et le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour inspirer la confiance des entrepreneurs locaux et des partenaires internationaux.

Or, comme l’expliquait récemment le Premier ministre tchadien, Albert Pahimi Padacké, préserver la paix au Tchad est « la condition préalable à toute entreprise nationale de progrès économique et social ». Le pays compte pour cela sur le soutien des Occidentaux, qui ont fait du Tchad un partenaire incontournable dans la guerre contre les islamistes. Mais l’insécurité aux frontières demeure un problème majeur, la présence de Boko Haram continuant de court-circuiter les routes de commerce, lieux d’attaques du groupe terroriste. Très endetté, le Tchad devra faire face à cette menace tout en limitant ses dépenses.

La rigueur, la transparence dans la gestion des ressources publiques et la réduction du train de vie de l’Etat sont les solutions annoncées par Idriss Déby Itno, qui a également promis une « lutte implacable » contre toutes les formes de prévarication et de crimes économiques. Mais il devra protéger sa population des conséquences néfastes d’une politique austère et libérale qui doit encore montrer sa capacité à redistribuer les richesses.

 

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