Camarades journalistes, Camarade militants des droits de l’Homme et de la démocratie 

J’ai l’honneur de m’adresser à vous aujourd’hui afin de vous exposer une situation qui, en mon avis, intéresse tous les défenseurs des droits de la personne humaine, de la démocratie et du développement, qu’ils soient journalistes, acteur de la société civile, homme politique, homme d’état, scolaire et universitaire, paysan ou fonctionnaire, homme ou femme.

 

Tout d’abord, je vous remercie d’avoir sacrifié votre temps à la présente communication que je vous propose. Ce remerciement me parait mérité en ce que c’est pour la deuxième fois que je prends la parole devant un tel auditoire autour de la même cause.

 

En effet, il y’a environ 6 mois, en marge du colloque international sur la sécurité au sahel organisé par le forum civique du Mali en partenariat avec la Fondation Gabriel Péri de France et la Fondation Rosa Luxembourg d’Allemagne, je m’entretenais avec vous sur le même thème : c’était en novembre 2014. Ce thème dont il est encore question aujourd’hui, c’est le cas du Professeur Ibni Oumar Mahamat Saleh, de son vivant professeur de mathématique, leader de l’opposition politique pacifique tchadienne jusqu’à sa disparition le 03 février 2008.

 

Camarades chers amis, Monsieur les journalistes beaucoup d’entre vous connaissent ce dossier.

L’objet de mon intervention d’aujourd’hui est de rappeler son contenu et de dire l’évolution qu’il connait.

 

Comme vous le savez, le professeur Ibni oumar était enlevé dans la nuit du 03 février 2008 à N’Djamena par la garde personnelle du président du Tchad. Depuis lors, malgré toutes les requêtes de sa famille dont je suis l’un des membres ainsi que toutes les démarches d’institutions nationales et internationales telles le sénat français, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Amnesty International, Human Right Wach (HRW), l’assemblée nationale, la commission nationale d’enquête tchadienne, on n’a plus retrouvé des signes de la vie du professeur Ibni encore mois sa dépouille. Le professeur a disparu dans des conditions qui nous permettent d’affirmer qu’il a été assassiné après avoir été torturé sauvagement.

 

En effet, il est établi qu’il a été enlevé chez lui-même par des militaires au service d’Idriss Deby.

 

Je rappelle qu’après avoir servi à l’université d’Orléans en France, en Algérie à l’université de Niamey, le professeur IBNI était rentré au Tchad ou il alors qu’il enseignait à l’université de N’Djamena dont il était le recteur, il fut plusieurs fois ministre dans les années 90 puis dirigeant d’une ONG Suisse dénommée Bureau d’Appui pour la Santé et l’Environnement (BASE) et porte-parole de la coalition des partis politiques pour la défense de la constitution et la démocratie, opposition politique, démocratique au pouvoir du président Deby que le professeur ibni quittait en raison de ses convictions pour la démocratie et les droits de l’homme.

 

Le régime tchadien dont la responsabilité de la disparition du professeur n’est plus à démontrer avait pensé devoir éliminer le chef de fil de l’opposition politique tchadienne à la faveur d’un autre mouvement qui lui, était armé, précisément la rébellion qui a menacé de renverser Idriss Deby en 2008.

 

Or, le professeur Ibni Oumar était connu pour ses positions publiques qui condamnait la violence, comme mode de prise de pouvoir politique ou comme unique moyen de gouvernance. Du reste, en tant que membre d’association scientifique internationale et de l’international socialiste, feu Professeur Ibni était suivi chaque jour et n’est connu qu’en tant que universitaire et militant pacifique pour la démocratie et le progrès.

 

Ainsi, après les travaux de la commission nationale tchadienne d’enquête, la résolution de l’assemblée nationale française pour une enquête indépendante, après la saisine du procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), le conseil des droits de l’Homme en Suisse qui est un organe intergouvernemental du système des nations unies ainsi que celle du comité internationale contre la torture de New York de 1984 ratifié par le Tchad, le cas Ibni Oumar n’a pas connu d’évolution significative au Tchad. 

 

C’est pourquoi, je considère qu’il s’agit d’abord d’un cas de grave violation de droit de l’homme qui doit être défendu comme tel. Je considère également que la famille du feu professeur (puisque nous considérons qu’il est décédé) a droit à voir sa dépouille et à en disposer afin de lui organiser une sépulture digne d’un père de famille.

 

A l’heure actuelle, le régime tchadien qui détient la clef de l’énigme, n’a donné aucune suite à notre souhait relative à la dépouille de feu professeur Ibni.

En outre, j’ai tenu à vous exposer ce cas parce qu’il me parait être un cas flagrant d’atteinte aux valeurs démocratiques, un cas de haute mal gouvernance.

 

En effet, si feu Professeur Ibni Oumar a été victime d’enlèvement, de traitement cruel et dégradant de la part d’agent du président Deby, c’est sans nul doute parce qu’il était le leader de l’opposition démocratique qui revendique, au Tchad des élections libres et transparentes, le respect des droits de l’Homme, la disparition de la violence politique illégale qu’elle vienne du pouvoir ou des rebellions, des politiques de développement de base etc.

 

Ainsi, nous estimons qu’il s’agit là d’une obstruction à la démocratisation nécessaire des mœurs politiques tchadiennes en particulier et africaine en générale.

 

J’ose donc espérer que les uns et les autres selon qu’il s’intéresse simplement aux droits de l’homme, ou la démocratisation de la vie politique africaine ou encore à une politique socialiste qui associe libertés des individus à des conditions d’existences décentes, trouveront des motifs à faire de la cause de la famille de Ibni Oumar que je représente ici et de certains milieux politiques socialistes tchadiens et africains qui étaient ceux du feu professeur et dans lesquelles nous militons actuellement, leur cause, d’autant qu’elle est une cause universelle.
 

Je puis vous informer que nous sommes à pieds d’œuvre pour que les résolutions de l’assemblée nationale française, la saisine du procureur de la cour pénale international soit suivi d’effet afin que le gouvernement tchadien dise au moins ce qu’il en est de la dépouille de feu professeur Ibni et même plus généralement afin que le processus démocratique connaisse une avancée au Tchad et partout en Afrique

En restant disposé à répondre à vos questions éventuelles, je vous remercie beaucoup

 

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