1 décembre 2012 TCHAD/Nécrologie: Hommage au camarade feuMAHAMAT HISSEIN ABDELKERIM.
Le jeudi 29 novembre 2012 dans la matinée, nous apprenons la triste nouvelle du décès de notre frère et camarade de lutte Mahamat Hissein, survenu la veille du mercredi 28 novembre à Maiduguru au Nigeria après quelques semaines d’hospitalisation. Figure emblématique du Front National du Tchad (FNT) et du Front Populaire pour la Renaissance Nationale (FPRN), le défunt a consacré une partie importante de sa vie à la lutte pour la cause du peuple tchadien opprimé par des pouvoirs injustes et dictatoriaux. Feu Mahamat Hissein est aussi l’un des artisans de la récente création de l’Union Nationale pour un Tchad Libre et Démocratique(UNTLD) dirigée par Abdelkérim Affatimé Bachar. Retour sur le parcours tumultueux certes mais riche en événements de ce grand militant :
Né vers 1960 à Aoguine , un village du canton Marfa situé à 80 KM au sud ouest d’Abéché, feu Mahamat Hissein après des études coraniques faites autour de feux du « Messik *», se lança comme nombre des jeunes de sa génération vers la recherche du savoir qui le conduisit à l’Institut Islamique d’UMDURMAN au Soudan en 1976. Il se spécialisa en Droit Musulman et aussi dans le domaine de l’Imamat et de la science de prédication. Très vite, le défunt prit goût à la politique et s’identifia parmi ses anciens compagnons par son talent de tribun qui faisait de lui un activiste hors norme. C’était donc l’époque où des comités de soutien du FROLINAT se constituèrent dans les milieux estudiantins au Soudan et dans d’autres pays arabes. Feu Mahamat Hissein anima un réseau d’intellectuels arabophones, proche de la première armée du FROLINAT qui luttait pour l’officialisation de la langue arabe au Tchad. Mais sa préoccupation restait aussi la question de l’incessant exode massif des populations du Ouaddaï vers le Soudan qui datait de la période coloniale et ayant pour déclic l’hécatombe des oulémas en 1917 connu sous le nom de “Année de Coupe Coupe”, en passant par d’autres tragédies commises , cette fois ci, par les pouvoirs successifs du Tchad indépendant dont le plus tristement célèbre reste cependant le massacre de Gninguilim en 1993.
Le défunt s’interrogeait souvent sur le sort de ces millions d’exilés qui faisaient non seulement la fierté de la culture du coton soudanais dans la région de Jazeera mais constituaient également l’épine dorsale de l’agriculture des bords du Nil.
Vers les années 80, il regagna le pays après un bref exil en Libye. A N’djamena, il enseigna à l’Institut Roi Fayçal et continua son activisme politique dans des organisations arabophones. Il fut aussi l’un des membres fondateurs de l’Union des Jeunes Musulmans du Tchad. A la création du Front National du Tchad(FNT) dans les années 90, Mahamat Hissein fut l’un des proches collaborateurs du feu Alhariss Bachar qui signa en 1993 un accord de paix avec le régime d’Idriss Deby. La non application du dit accord entraina la rupture qui se traduisit par l’attaque de la ville d’Abéché en 1994 par des éléments du FNT connus sous le sobriquet d’”Absoforok”.
Le FNT sortait de cet événement affaibli et divisé en deux : l’aile dure prit la direction de la frontière soudanaise et l’autre sous la houlette du “Général “Daoud Hamad rallia au pouvoir du MPS. Dr Alharis Bachar bloqué à l’hôtel du Chari réussit à s’échapper du filet de la police politique du Régime de N’djamena grâce aux géniales stratégies de Mahamat Hissein. Ils traversèrent tous les deux le Chari pour se retrouver au Nigéria. Alharis tenta donc de regagner sa troupe suivant l’axe Nigéria- Cameroun- RCA- Soudan tout en désignant Mahamat Hissein d’y rester afin de représenter leur mouvement en Afrique de l’Ouest. Après la mort du Dr Alharis, le FNT sombra dans une crise de direction et la troupe resta durant de nombreuses années sans chef politique. Alors commencèrent des tractations qui conduisirent au choix du colonel Adoum Yacoub , ex Président du Mouvement pour la Démocratie et le Développement qui procedera avec le groupe du FNT à la création du front populaire pour la rénaissance nationale (FPRN )en 2000.Le FPRN est donc né de la fusion entre MDD représenté par Adoum Yacoub et le défunt Abdraman Abdélkérim et le FNT conduit par Alio Abdoulaye, Adam Abdallah Tounoussi et bien entendu feu Mahamat Hissein . La nouvelle organisation connaitra une évolution en dents de scie et ne parviendra pas à exister en tant que pivot du changement en dépit de son ancienneté. En janvier 2009, ayant consenti de se fondre dans l’Union des Forces de la Résistance (UFR) dirigée par Timan Erdimi, le FPRN s’était vu doté de moyens matériels et financiers colossaux fournis par les autorités soudanaises qui juraient jadis sur les eaux du Nil de faire partir Idriss Déby du pouvoir. Cette manne créa de dissensions au sein des camarades d’Adoum Yacoub qui se recroquevillait autour d’un petit groupe de charognards préoccupé par des profits immédiats et insoucieux de la question de la lutte. Feu Mahamat Hissein s’opposa farouchement à ces pratiques du gang et tenta d’organiser ses jeunes camarades à prôner des réformes au sein du mouvement .Devenu gênant par ses prises de positions dans la gestion catastrophique du FPRN, il se vît marginalisé et encaissa plusieurs coups perpétrés par le noyau dur d’Adoum Yacoub composé de Habib Adam dit Abridjélé, véritable exécuteur des sales besognes, de Mahamat Abdelhagh Yacine et bien sûr de Alio Abdoulaye.En Janvier 2010, à Khartoum,Habib Adam dit Abridjelé accompagné de Alio , de Mahamat Abdalhagh Yacine et un des gardes du corps de Adoum Yacoub du nom de Hissein Doubba armé de pistolet descendirent dans la chambre à coucher de Mahamat Hissein pour le menacer de mort. Le lendemain, Mahamat Hissein saisira par une plainte les instances de l’UFR notamment le secrétariat général assuré par Dr Abakar Tollimi et la délégation aux affaires juridiques sous la responsabilité du Dr Ali Gaddaye . Cette opération de tentative d’assassinat fut soigneusement montée. Et le principal instigateur fut Habib Adam dit Abridjelé qui, il faut le souligner bien avant cela, avait fait, au cours d’une assemblée des comités populaires du FPRN à Khartoum, jurer Mahamat Hissein sur le Saint Coran de ne pas trahir les idéaux du mouvement. L’histoire retiendra donc aujourd’hui que Mahamat Hissein n’a ni renié ses convictions ni trahi les idéaux pour lesquels il s’est donné corps et âme jusqu’au jour où le Seigneur l’a rappelé à Lui .Il nous quitte en homme propre autrement dit en homme révolutionnaire à l’image de ces grands personnages des livres doctrinaires qu’il ne cessait de se délecter dans son vivant, sans aucune dette et sans être impliqué dans des détournements honteux des PGA qui constituaient actuellement des capitaux de certains à Khartoum, Juba et ailleurs. Jouiront donc t-ils ceux là des biens acquis sur le sang et les souffrances de leurs frères ? « That Is the question ».
En rendant hommage au camarade feu Mahamat Hissein Abdelkerim, nous n’oublions pas d’exprimer nos condoléances à son épouse Souad Imam Moukhtar et à sa fille et partageons avec elles cette énorme douleur. Persuadés par le courage et la patience qui ont toujours caractérisé la veuve Souad Imam Moukhtar et sa fille devant l’engagement de leur défunt époux et père dans une longue cause, nous leur exprimons notre entière solidarité tout en priant le Seigneur pour l’éternel repos au paradis de l’âme de notre frère et camarade de lutte disparu. A Dieu , nous appartenons et c’est àLUI que nous nous retournons.
Ahmat Yacoub Adam
Combattant de la Résistance
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