Cela fait donc 12 mois que des hommes, en bande organisée, ont franchi toutes les lignes et ont privé le Président HH de sa liberté. Le priver de sa liberté pour occuper le terrain et continuer à l’accabler. Sans relâche depuis plus 14 années. Le priver de sa liberté et l’empêcher d’organiser sa défense, pour qu’ils déroulent leur tapis de mensonges. Le priver de sa liberté pour déstabiliser son entourage, mais aussi décourager ceux qui souhaiteraient apporter leur contribution, leur soutien. Alors face à cette guerre qui nous est menée par cette coalition internationale, nous nous défendrons jusqu’au bout. Résolument.

Nous le ferons pour nous mêmes, d’abord mais aussi, pour l’histoire, pour empêcher une réécriture de notre histoire sous nos yeux, pour enfin, tous ceux qui ont sacrifié leurs vies, qui ont été mutilés, blessés et en ont gardé des séquelles, pour aussi quelque part, leurs enfants, soumis à cette terreur médiatique et tétanisés par la chape de plomb qui pèse sur leurs parents. Quand on a subi la guerre avec la Libye et été témoin de tous les crimes commis par les groupes politico-militaires à la solde de Khaddafi, on se dit : « On ne peut pas se taire. » Pour ces jeunes tchadiens tombés par milliers sous le régime de Tombalbaye, mais aussi pour toutes les familles musulmanes massacrées par les Codos et leurs bandes au Sud, mais aussi victimes des interventions militaires étrangères. Aujourd’hui, certains tchadiens profitent à fond des revenus pétroliers. Est- ce que cela aurait été possible si le projet de fusion, avec la Libye, voulu et conclu par Goukouni, avait abouti ? Si ce projet n’avait pas été combattu par le Président HH. Les poursuites contre le Président Habré ne le concernent pas lui seul, contrairement à ceux que certains croient. Défendre son histoire, l’histoire de l’engagement de nombreux fils du Tchad est un combat important pour l’avenir. Pensez-vous que le Président HH aurait pu mener le combat contre la Libye sans l’engagement total des fils du Tchad ?

Non ! Alors comment accepter que le sacrifice de tant de valeureux fils de ce pays soit piétiné et qu’on veuille tout simplement l’effacer de nos mémoires. Ces fils du Tchad sont-ils des soldats inconnus ? Non, loin de là. Il y a, dans l’histoire, des peuples qui n’ont rien accompli de sensationnel. Malgré cela, des spécialistes se plient en quatre pour leur inventer des faits glorieux qui sont commémorés chaque année. Le silence comme réponse à la réécriture et à la falsification de notre histoire contemporaine, ne pourra plus jamais être corrigé parce qu’il aura raté le coche et le temps T. Il est stupéfiant de relever, combien il est important, pour ceux qui nous dominent de détruire des symboles à travers des hommes qui les incarnent. Détruire un certain type d’africain afin qu’ils n’en inspirent pas d’autres. Il n’est pas important de détruire les élites, car elles sont toutes domestiqués, corrompues et complices. C’est pourquoi de tous temps, on a juste éliminé le leader qui dérange, dés qu’on a compris qu’il n’était pas dans le système françafricain. Autrefois, on les assassinait, aujourd’hui, on les poursuit sans relâche. Bienvenue en terre sénégalaise : Hissein Habre entre les mains de la Françafrique.

Dans ce combat, les armes sont inégales : ils ont entre leurs mains : la force brutale de l’Etat du Sénégal, ils possèdent les réseaux et les relais de l’intoxication médiatique des ONG, véritables instruments de corruption. Ils ont pu compter sur la présence menaçante mais aussi, Ô combien active de certains pays comme la Belgique, l’ Union Européenne pour allécher et promettre des lendemains meilleurs (visas, travaux de consultance, obtention de marchés financés par l’Union Européenne) à tous ceux qui participent pour faire avancer ce complot et du contraire à tous ceux qui les contrediraient. Et bien sur, les pétrodollars tchadiens, véritables armes de mobilisation et de positionnement dans cette affaire. A Dakar, le Pétrole coule….. Une affaire, une guerre, un procès, des milliards, du bruit, de l’intox, de la corruption à haut débit (Deby ?), tout cela à la fois, oui, tout, sauf de la justice. 14 années de harcèlement judiciaire, de diffamation, de combat judiciaire, 7 décisions de justice, 3 juridictions impliquées (sénégalaise, cour communautaire de la CEDEAO et CIJ de la Haye) une condamnation à mort en 48 h, une tentative d’enlèvement, de nombreux pays impliqués. Une affaire hors normes à tous points de vue. Une affaire françafricaine. 14 années d’un long processus de violations de toutes sortes. Violation du Droit d’Asile, violations de la procédure pénale, non respect des décisions de justice par leur remise en cause, illégalité des Chambres Africaines. Et enfin, africanisation de la procédure en la déportant auprès de l’Union Africaine, procédure totalement illégale et au finish, naissance d’un monstre : les Chambres Africaines Extraordinaires.

Tout a commencé par un beau matin ensoleillé, le 2 février 2000, dans cette grande capitale sénégalaise devenue champ de bataille, la guerre commença par un grand roulement de tambours, tam-tam, vuvuzelas exécuté par les chefs d’orchestre des médias françafricains rassemblés et unis sur le front médiatique (RFI, TV5, AFP, France 24, JA..), puis relayés par les tambours majors locaux et les batteurs de Tamas.

Nous vîmes sur ce champ de combat plusieurs lignes de front, en première ligne : les fantassins, la chair à canon ; les plaignants tchadiens sélectionnés majoritairement sur la base d’un casting ethnico-religieux, ils étaient utiles sans plus. Leurs histoires personnelles arrangées pour les besoins de la cause n’intéressaient personne, au fond, ils étaient des pions sur cette ligne de front. A leurs côtés, se bousculaient les soldats première classe : la Force Noire ; la ligne de recrues africaines : ONG sénégalaises sans aucune exception, très utiles car en terrain connu, on compte sur leurs réseaux de relations personnelles pour convaincre le plus de monde, sur leur zèle, sur leur voracité aussi pour convaincre les récalcitrants qu’il y a à boire et à manger dans cette affaire ( démonstration par l’exemple, abandon de postes d’un de leur chef de guerre pour se consacrer à l’affaire). Juste derrière eux, sont rassemblés les ONG tchadiennes spécialisées dans les attaques contre le président HH, elles complètent le bataillon..,simples doungourous . Sur le flanc droit, nous avons les tirailleurs tchadiens de nationalité belge, survivants de l’ancienne formule des tirailleurs africains de nationalité française, embusqués, entrainés et prêts : ce sont les renforts en attente d’intervention. Tout autour, en hauteur, sont positionnées les vuvuzelas, les tambours, trompettes, tams-tams, n’oublions pas que l’affaire Hissein Habré est une guerre françafricaine, elle doit s’adapter à l’art de la guerre made in Africa et gérer le moral des troupes sur le champ de combat. Comme jadis, les troupes allaient en guerre soutenues par les griots qui galvanisaient les hommes, les encourageaient, chantaient leurs exploits, vantaient leur courage, et bien, modernité oblige, tout autour de ce théâtre d’opérations, les hauts parleurs des médias françafricains sont en mode open 24h sur 24h, ils résonnent puissants pour terroriser et couvrir tous les secteurs avoisinants, diffusion satellitaire à l’appui. Leurs échos se propagent et sont relayés par les FM locales, trépignantes et surexcités, enfin une vraie guerre dans laquelle on peut se lâcher totalement, sans risque aucun. Enfin, on participe à un moment historique. L’homme Africain fait l’Histoire !

A l’arrière, une grande tente abrite l’Etat Major, le QG des opérations qui coordonne les attaques sur le front. Sous la tente se tient un Conseil de guerre rassemblant tous les membres de la coalition pour la liquidation du Président HH. Au centre, une grande table, au bout, une chaise vide, la place du Maître de céans, celle du boss des boss, Kadhafi intervient en mode visioconférence de sa caserne de Bab AL Aziza, il assure de sa participation pleine et entière au financement des chefs pour que le boulot soit fait et que Habre paye ce qu’il a fait à la Libye dixit son porte-parole M Ali Triki. Sa voix étant à peine audible, sa seule vision sur cet écran grandeur nature a suffi à rassurer quant à la disposition d’une ligne de crédits illimitée. 14 ans après, ils ont toujours autant d’argent, entre temps, après la mort du tyran c’est Deby qui finance la troupe, comblant ainsi le vide laissé par son tuteur.

Reed Brody, Manager en chef des opérations, est bien visible, il a, sous le coude, de nombreuses banderoles (lutte contre l’impunité, justice) prêtes à être distribuées aux porte étendards sur les premières lignes de front.

Il a tenu à apporter aussi son Book ; un impressionnant carnet d’adresses pour les recrues de toutes sortes ; articles de presse, nègres pour écrire un livre, journalistes pour faire un film, ou pour écrire des articles, ou encore panelistes pour assister à des conférences. Il est l’officier chargé de mobiliser, de sensibiliser les troupes sur le front. Autoritaire, en vrai chef, il utilise tantôt la carotte (des dollars pour des articles) tantôt la chicote, (refus de travailler avec Feu Ismael Hachim qui exigeait sa part du pactole pour sa contribution à la farce), il impose parfois le port d’un uniforme pour ses recrues en conférence de presse, indices d’autoritarisme. Il veille menaçant sur la ligne de front, gare à ceux qui fléchissent, une frappe chirurgicale les atteindra aussitôt, exemple : le missile H (rapport sur l’homosexualité au Sénégal) balancé sur le Sénégal pour prouver sa capacité de nuisance. Il dispose d’une importante ligne de crédits. Du cash distribué aux ONG sénégalaises, aux avocats et même à des journalistes pour les corrompre.

En face, se trouve le siège Sénégal dont l’occupant a été Wade pendant 12 longues années puis fin de règne oblige, Macky SALL y siège dorénavant.

Si Reed Brody estime qu’il occupe une place de choix dans le dispositif offensif, Wade ne veut pas s’en laisser compter et tient à démontrer qu’il est le Maître du jeu, Habré étant à Dakar, que les petits malins ne l’oublient pas et pas question de blabla avec la bande des ONG ! Ses interlocuteurs seront Khaddafi et Deby. Wade signifiera à ses amis, ses nombreuses cartouches pour atteindre la cible : violations des décisions de justice, tentative d’enlèvement pour livraison au Nigeria, mise en résidence surveillée de la cible, relance par le déplacement de l’affaire vers l’UA. Wade tonne : « La théorie du mandat de l’UA est notre invention, et elle a permis de contourner les décisions de la justice de mon pays. Rien ne peut se faire sans le Sénégal, aussi les milliards doivent prendre la route de Dakar ou rien ne sera possible. Que les choses soient claires, c’est un partenariat gagnant-gagnant que propose le Sénégal. »

En face du siège Sénégal, une étiquette signale, côte-à-côte, la France, la Belgique et l’UE.

Le représentant de la France tient son dossier sous le coude. Il contient les 58 communiqués du Quai d’Orsay sur l’affaire Habré, même, si on n’a pas de pétrole, on a des idées et des médias qui comptent en Françafrique.

Il prend la parole et souligne sa contribution : le matraquage et le lynchage médiatique c’est nous, radios, télé, journaux, interviews, déclarations en mode continu pendant 14 ans, c’est pas rien. Aide par octrois d’ordinateurs à des journaux au Tchad qui attaqueront sans relâche Habré. Lobbying de nos ambassadeurs à Ndjamena, à Dakar pour pousser des gens à aider la cause. Relations personnalisés avec des grands journalistes qui font des émissions dans les radios et télévisions sénégalaises pour qu’ils attaquent Hissein Habré. Le sabotage des informations de la défense de Habré, c’est aussi notre travail. Aucune diffusion dans les médias françafricains, puis nous avons fait mieux, aucun média françafricain n’assiste aux points de presse des avocats de Habré. C’est du boulot de professionnel. Ensuite, la France a aidé aussi par des déclarations de son Président Sarkozy, la voix de la France est loin d’être négligeable dans ses anciennes colonies et sur le continent noir. Je pourrai rajouter que lors des audiences à la Cour de justice de la CEDEAO, la France était représentée au tribunal pour bien montrer aux juges l’engagement de la France dans la guerre afin qu’ils comprennent le message. D’ailleurs, je tiens à préciser au Conseil que mon frère et ami belge était à mes cotés pour exécuter notre plan d’intimidation de la Cour de Justice de la CEDEAO. »

Le représentant Belge est impatient de parler, finalement, il a la parole.

« Nous Belges, sommes des coriaces, l’Afrique nous en connaissons un bout. Après avoir massacrés des siècles durant les Congolais, nous avons désormais fait de la chasse aux dirigeants noirs un instrument de notre diplomatie. Nous avons bien compris la demande du Guide de la Jamahiriya, nous avons, sans hésitation, distribué quelques nationalités à des Tchadiens pour créer le lien de rattachement pour permettre à nos juges d’agir en faisant le boulot avec subjectivité et parti pris. Quand nous avons perdu la première bataille devant les juridictions sénégalaises, nous étions au fond du trou et ce sont les autorités politiques belges qui ont envoyé des renforts pour nous éviter la débâcle totale. Et la Belgique a envoyé sur le front ses troupes fraiches exigeant l’extradition de Habré. Nous avons essuyé un revers mais on ne s’avoue jamais vaincu et nous sommes revenus à la charge en bombardant littéralement le gouvernement sénégalais de demandes d’extradition, 5 au total, c’est aberrant mais la Belgique pensait qu’il fallait maintenir le moral de nos troupes. Mais nous avons compris que l’ennemi tentait de nous avoir à l’usure. Les autorités belges en ont fait, alors, une affaire de l’Etat belge et ont saisi la CIJ et mobiliser toute la crème de professeurs de Droits et d’avocats pour aller à la conquête des positions de la CIJ. La Belgique reste donc un acteur important dans notre coalition pour la liquidation de HH. Nos juges ont constitué et fabriqué des dossiers à charge uniquement, ils nous seront forts utiles le moment venu. »

Le Tchad prend à son tour la parole : « Nous sommes les premiers à avoir commencé l’opération de liquidation de HH quand les français m’ont contacté pour que je trahisse HH, j’ai foncé et sans relâche pendant ses 23 années, avec tous les présidents du Sénégal, je les ai approchés pour qu’on lui crée des problèmes. Peut-il y avoir une affaire HH sans moi, sans ma contribution politique et financière, j’ai encouragé les ONG, je les ai financés et mis une équipe pour les encadrer. Mieux que cela, un signal fort a été lancé pour que nul n’en ignore. Je suis allé à la télé, j’ai interrompu les programmes et j’ai fait un discours terrible pour que toute la population comprenne mon pétage de plomb et que personne ne bouge ou ne pipe mot. C’est moi qui fournit les hommes de troupes en vivres, équipement, armes et munitions, je prends en charge la logistique et régulièrement des enveloppes sont distribués à eux et à ceux qui les encadrent .C’est moi qui assure aussi, en haut lieu, à Dakar, car si au sommet, la volonté n’y ait pas et bien, rien ne va bouger. Sans arrêt, j’ai contribué en donnant des marchés publics, surfacturés, j’ai dépanné régulièrement le pouvoir sénégalais, j’ai donné une contribution à l’effort de guerre et de diffamation à certains journaux comme le Quotidien. Aujourd’hui, je contribue aussi au financement des CAE et du Consortium chargé de nous aider en arrosant la presse massivement sans faire de jaloux, tout le monde sera servi. J’ai fait des déclarations intempestives pour les haranguer sur le terrain et terroriser les autres. J’ai donné sans compter d’ailleurs, on m’a même attribué au cours d’une même cérémonie deux prix, j’ai été l’homme de l’année au Sénégal alors qu’aucun président sénégalais n’a pu l’être. Mon frère et ami belge a démontré sa contribution et bien, moi aussi, j’ai agi rapidement quand j’ai senti que nos troupes s’embourbaient sur le front et commençaient à avoir le cafard, j’ai convoqué mes juges et en 48 h, j’ ’ai condamné HH à mort, histoire de les motiver. »

Le Représentant du Sénégal a sollicité la parole, à nouveau. « Merci chers amis, nous avons tous bien travaillé en parfaite collaboration mais la cible est là, debout, aussi, il urge d’avoir une troupe d’élites, un commando qui parte à l’assaut. Autrement dit, un groupe muni de moyens colossaux que nous allons encadrer, conseiller et accompagner dans cette opération. Le Sénégal se propose de constituer cette Task Force.

Etes-vous sûr de pouvoir le faire ? dit quelqu’un autour de la table. Oui ! Cette force sortira des entrailles de l’Etat du Sénégal, mais le concours de tous sera utile pour que la naissance de cette troupe d’élite soit prise en charge, qu’elle puisse grandir vite et être capable d’agir. Le tour de table fut rapide. C’est ainsi que l’Etat du Sénégal donna naissance aux Chambres Africaines Extraordinaires : le monstre vit le jour dans une salle pleine de bruit à deux heures du matin : l’heure du diable ! (A suivre….) 

La Rédaction du site Hissein Habré http://www.hisseinhabre.com/spip.php?article325

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