05/08/2016: TCHAD/Sport/JO: La Tchadienne Bibiro Ali Taher, porte-drapeau du Tchad aux Jeux olympiques de Rio. Âgée de 28 ans, licenciée du Stade Sottevillais, spécialiste du 5000 mètres, était à Hérouville, dans le Calvados, en France la semaine dernière. Là où, pour elle, tout a commencé.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce grand rendez-vous?

Je me suis préparée tout le mois d’avril, jusqu’au 5 mai, au Kenya. Ça fait six ans que je m’entraine là-bas. Nous avions douze séances prévues chaque semaine, soit deux à trois séances par jour, avec une altitude de 2600 m. Ensuite, je suis partie à Durban, au mois de juin, pour participer aux championnats d’Afrique du Sud. J’y ai terminé 8e, avec les minima olympiques en prime. C’est une expérience inoubliable d’aller courir en Afrique. Je suis devenue une autre personne après avoir observé les champions kényans en conditions d’entraînement.

Vous allez représenter le Tchad à Rio. Quel sentiment cela vous procure?

(Elle sourit). Je suis allée début juin au Tchad pour voir ma grand-mère et rencontrer la fédération. Ça faisait 17 ans que je n’y avais pas mis les pieds. C’est important pour moi, je vais représenter tout le peuple tchadien. Je suis très engagée dans l’humanitaire. Je ne pense pas à l’argent quand je cours. J’apporte notamment un soutien matériel à une école catholique au Kenya. Le Tchad a également besoin de beaucoup de soutien pour développer son sport, sortir des champions, donner l’envie à ces gens de sortir de la pauvreté. Je suis moi-même issue des quartiers difficiles à Hérouville-Saint-Clair.

Vous allez même porter le drapeau de la délégation tchadienne lors de la cérémonie d’ouverture vendredi…

Au Tchad, il n’y a pas beaucoup de filles qui courent en demi-fond. Elles sont plus sur le 400 m ou le 200 m. À Durban, suite à ma 8e place, on m’a appris que j’allais être porte-drapeau. Ça m’a vraiment touché. J’ai hâte d’y être, c’est un honneur. Les gens là-bas me connaissent. Je sais qu’ils vont encore m’appeler « la Normande » (rires).

Justement, que vous a apporté la Normandie (elle est arrivée à Hérouville à l’âge de 7 ans)?

Le Stade Sottevillais m’a beaucoup aidé à vivre de ma passion. Je regrette un peu que la ville d’Hérouville ne m’ait pas plus aidé dans ma jeunesse. Sinon, je serais restée pour représenter le club au haut niveau. J’en suis partie en 2008. Aujourd’hui, le Stade Sottevillais est ma deuxième famille. Ils ont repoussé mes limites. C’est important d’avoir le soutien de sa ville ou de sa région, financier ou mental. J’ai grandi dans le quartier Haute Folie. Je reviens de loin. Je suis comme Youssef El-Arabi (joueur du SM Caen de 2008 à 2011). On veut représenter au mieux notre ville dans des sports différents. Ma famille vit toujours ici. J’ai reçu beaucoup de petits mots de soutien de footballeurs, de basketteurs. Ça fait super plaisir ! J’aime Hérouville, je resterai Hérouvillaise1.

Quels seront vos objectifs à Rio sur le 5000 m?

Je vais tenter de finir dans les 10 meilleures. À Durban, j’ai terminé derrière les Éthiopiennes, ce qui est plutôt bon signe. J’ai signé mon record personnel (17’32’’), sous 35 degrés. Je pense que je peux passer sous les 17 minutes, je l’ai dans les jambes. Je vais tout faire pour rentrer en demi-finale.

Recueilli par Christophe Penoignon pour activ.ouest-france.fr

 

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