#TCHAD#Autocratie#Urgent : Bientôt un sultan zaghawa pour les Tamas et les prémices d’un génocide.

Aspect génocidaire du régime Déby dans le Dar Tama. Responsable des acte le Gouverneur Mahamat Délio
Depuis l’arrivée de Deby et son ethnie au pouvoir en 1990, la population du Dar Tama est soumise à une insécurité planifiée et organisée suivie d’un nettoyage ethnique perpétrée par des milices Zaghawas du BET créées pour l’occasion. C’est ainsi qu’après avoir organisé le pillage systématique et généralisé des ressources de la population Tama constituées pour l’essentiel du bétail et de céréale, les milices de Deby entreprennent une politique de la terre brûlée et de dépossession des terres agricoles. Cette stratégie ayant pour objectif final de vider la région de sa population et de la remplacer par l’ethnie de Deby.
Les évènements qui se produisent depuis le mois d’août 2018, montre la volonté du président Deby et son ethnie de poursuivre une entreprise de nettoyage ethnique. De nombreux villages Tama ont été brûlés. Des exécutions sommaires et de viols sont commises quotidiennement. Les exactions ont atteint une telle ampleur que la population Tama est contrainte à l’exil dans le Darfour soudanais. Elle se retrouve prise en étau entre deux milices hostiles : celle du président Deby (au Tchad) et celle des Janjawid du Darfour (au Soudan). La situation de cette population qui se retrouve aujourd’hui sans territoire et dans l’insécurité totale est dramatique.
La stratégie élaborée par Deby et les siens d’évincer les Tama de leur région – propice à l’agriculture et à l’élevage – fait écho dans la presse depuis les années 2000. De nombreux articles font état de cette tragédie. Exemple : L’article intitulé « Disparition programmée du Dar-Tama » ou les rapports d’Amnesty International et de Human Right Watch sur les agressions contre des civils au Dar-Tama. Ces documents sont consultables sur Internet.
L’entreprise de dépossession du Dar-Tama est confiée à des proches parents du président Deby. Il y a d’abord son oncle : le général Mahamat Saleh Brahim (commandant de la GNNT), puis son cousin : Mahamat Derio Tangual (gouverneur de la région Wadi Fira) et enfin son neveu : Bachar Gardia Assad (sous-préfet de Guereda) et accessoirement sultan par intérim du Dar-Tama.
Pour atteindre cet objectif, la première phase du plan a consisté à remplacer le sultan en place Haroun Mahamat par Yayou Garfa, dans le seul but de diviser la communauté Tama. Il est aujourd’hui en résidence surveillée à Biltine, remplacé par le neveu de Deby (Bachar Gardia Assad). Après cette première phase s’ensuit une subdivision des 14 cantons que compte la région de Guereda à l’origine en une multitude de cantons et un remplacement de tous les anciens chefs de cantons par des proches de la famille régnante.
Enfin pour parvenir à cet objectif, la famille Hamat (une fratrie de 11 personnes dont le père est de l »ethnie Four du Darfour et la mère de l’ethnie zaghawa) pré positionné dans des postes importants doit servir de tremplin. Il y a d’abord, Atteib Hamat occupant le poste de commandant de brigade de Guereda. Ensuite, Ibrahim Hamat qui fait partie de la police politique de Deby, l’ANS (Agence Nationale de Sécurité). Enfin et surtout Souleymane Hamat, un analphabète au sens littéral du terme, est aujourd’hui, à la fois, délégué MPS de Guereda, maire de la ville et chef de canton. Il est nommé général de l’armée et consenti pour devenir très bientôt sultan des Tama. Il est vrai que le Tchad est le seul pays au monde où on trouve des généraux analphabètes, mais là on vient de franchir un cap supplémentaire en nommant au grade de général, un civil qui n’a jamais fait l’armée. Toutefois, les préparatifs pour l’investir sont au stade d’achèvement.
Le gouverneur Mahamat Derio Tangual est à la manœuvre pour l’organisation d’un simulacre d’élections, le dépôt des candidatures se clôturant le 10 octobre. Il est bien entendu que seuls les chefs de cantons sont appelés à participer à cette « élection ». Il est même prévu qu’en cas de contestation de la population, il sera remplacé par un certain Adam Mahamat Douda (un natif de la région, issue d’une famille de forgerons, venue s’installer dans le Dar-Tama dans les années 30), devenu allié de Souleymane Hamat et nommé chef de canton par ce dernier.
Pour revenir quelques années en arrière, il faut rappeler que les exactions dont est victime la population du Dar-Tama par l’ethnie du président ne datent pas d’aujourd’hui. En 2006 déjà, Deby en personne n’hésite pas à exécuter de ses propres mains – et à bout portant – plusieurs officiers Tama, notamment les colonels Ahmat Haroun Abdoulaye et Abdoulaye 44, malgré l’interposition de ses collaborateurs pour le dissuader. Depuis le mois d’août 2018, les exactions contre cette communauté revêtent désormais les caractéristiques d’un génocide organisé. Sinon comment peut-on expliquer les massacres de plusieurs dizaines de personnes et les tentatives d’annihilation de toute une population.
Quelques faits du mois d’août :
· Au début du mois dans le canton Bali, des jeunes Zaghawa tentent de dérober à un jeune Tama sa moto, une altercation s’ensuit. Un jeune Zaghawa trouve la mort lors de cette rixe. Le soir même les Zaghawa brûlent tout le village.
· Début du mois toujours, un autre attaque est organisée sur le village de Goz Filé (canton de Sounoute) : 4 personnes sont tuées (Ibrahim Ousman, Mahamat Ibrahim Cherif, Yacoub Adam et Kommounar Issaka) et 1 blessé (Abdullah Adoum).
· Le 21 août 2018, au village Birkigné (canton d’Erne), toute une famille, femmes et enfants sont massacrées (la famille d’Abdallah Abdoulaye) dans son champ sans aucune raison, si ce n’est celle de faire paître leur bétail dans le champ de la victime.
· Le 24 août 2018 à 5 heures du matin, une attaque est menée dans le village de Harouba (canton de Djimezé) sans faire de victime, la population ayant fui en traversant la frontière pour rejoindre le Darfour.
· Le 25 août 2018, à la suite d’une tentative de vol de bétail dans le village Gozdigué, un affrontement oppose les propriétaires du bétail aux voleurs. On déplore 8 morts parmi les propriétaires (Tama) et 2 du côté des voleurs (Zaghawa). Tout le village est contraint de fuir vers le Soudan par crainte d’exaction.
Le 25 août 2018, une voiture venant de la zone de recherche aurifère est prise pour cible. Douze passagers du véhicule sont blessés dont le chauffeur Mahamat Adam qui meurt de ses blessures à l’hôpital de Guereda. À la suite des évènements du mois d’août, le Com Légion, Haroun Sabour (de l’ethnie Tama), fait un rapport qu’il présente au gouverneur Mahamat Derio Tangual, le 18 septembre 2018. Celui-ci lui adresse une fin de non-recevoir avant même de prendre connaissance et d’assener la menace que de toute façon le sort des Tama est scellé. Le Com Légion est dépossédé de sa voiture de fonction et renvoyé de son poste. Les faits relatés au mois d’août ne représentent que la partie émergée de l’iceberg de la réalité qui est autrement plus alarmante et d’une ampleur jamais égalée.
À l’instar des autres citoyens du Tchad, les Tama n’aspirent qu’à vivre en sécurité. Ils ne méritent certainement pas de subir ces violences pour la simple raison qu’ils vivent dans une région voisine de celle de Deby. Dans ces conditions, le devoir d’informer et d’alerter l’opinion nationale et internationale – dans le silence total aujourd’hui – s’impose avant qu’il ne soit trop tard.

TOUGRO LAWMAAB

tlawmaab@yahoo.com

Tchadanthropus-tribune

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