Elle est depuis plus de 5 ans à la mission des nations unies au Congo, mais revient fêter les 15 ans du journal qu’elle a crée.
«Le journal statistiquement a fait le tiers de son parcours de vie. C’est peu de chose, mais en même temps c’est beaucoup dans la vie d’un journal. Ce parcours est d’autant significatif que l’environnement économique mondial, le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, avec l’arrivé de la presse en ligne, rendent plus que compliqué la croissance de la presse papier dans le monde », lance Mme Sy Koumbo Singa Gali, fondatrice du journal l’Observateur à l’ouverture des manifestations. Elle a fait comprendre qu’aujourd’hui, il est devenu peu banal de parler de l’agonie de la presse écrite. « Dans certains pays, notamment en France qui est pour nous une référence en cette matière, la situation est telle que l’Etat s’efforce, depuis plusieurs années déjà, de maintenir sous perfusion, la presse quotidienne nationale et régionale, dans le souci de maintenir un pilier de la démocratie », indique la fondatrice. Concernant la liberté d’expression, elle cite quelques exemples pour illustrer ces faits: En 2010, selon elle, les subventions publiques de l’Etat représentaient 12 pour cent des recettes des titres de presse. Et si le secteur devait se passer des aides directes et indirectes dont ils jouissent de la part de l’Etat, le manque à gagner pour les journaux français serait de près d’un milliard d’Euro. 
Le cas du Tchad
D’après Mme Sy Koumbo Singa Gali, fondatrice du journal l’Observateur, le Tchad ne fait pas figure d’exception, car avec l’euphorie des libertés retrouvées des années 90, qui ont conduit à la libéralisation des espaces publics, beaucoup de journaux ont vu le jour, enrichissant ainsi considérablement l’espace médiatique. Mais au fil du temps, il y a eu, non seulement, un écrémage naturel, mais les conditions économiques, voire politiques, ont forcé certains journaux à mettre la clef sous le paillasson. «L’Observateur et une dizaine d’autres tels NDjaména Hebdo, Le progrès, le temps, notre Temps pour ne citer que ceux la, ont survécu, non sans avoir traversé toutes sortes de péripéties», indique-t-elle. 
Pour elle, les années 90, ont été les années militantes, ou les journaux ont plus fait du militantisme qu’autre chose. Puis vinrent les années 2000, où il fallait passer de l’amateurisme militant au professionnalisme via une mise en place de véritables entreprises de presse. « Grace à l’aide des organisations internationales des médias, des institutions comme l’Union européenne et l’organisation internationale de la Francophonie, mais aussi de certains pays développés tels la France et les Etats-Unis, les journaux ont pu renforcer leurs capacités, tant au niveau journalistique qu’administratif. L’Etat tchadien n’a pas été en reste. Le début des années 2000 a été une période faste ou grâce au «boum pétrolier » entre guillemet, les journaux ont connu leur seule période de vache grasse». 
Grace à cet environnement favorable, le journal l’observateur atteignait pour la première fois entre 2002 et 2005 un tirage entre 4000 et 5000 numéros par semaine alors que la publicité représentait 70 pour cent de son espace publiable, ce qui ne lui valu pas que des couronnes auprès du HCC. « Mais la vie du Journal l’Observateur c’est aussi tous les déboires qu’il a connus. Deux fois la prison pour la directrice de la publication en 1997 et 2005, une fois pour le rédacteur en chef en 2005; sans compter toutes les pressions politiques mais aussi économiques qui ont failli écourter son existence. Certes, on ne peut pas dire aujourd’hui que tout cela est derrière, mais la décrispation amorcée après le durcissement de la situation due aux malheureux évènements de N’Djamena en février 2008, permet aujourd’hui à L’Observateur et autres journaux de travailler dans un climat beaucoup plus apaisé», a souligné Mme Sy Koumbo.
L’aide à la presse au centre de sa préoccupation
L’aide à la presse consacrée par la loi sur le régime de la presse est aussi une réalité aujourd’hui. Car, d’un montant de seulement 50 millions de FCFA il y a une dizaine d’année, elle a substantiellement augmenté ces 5 dernières années atteignant les 200 millions de FCFA. « C’est un point à mettre à l’actif de l’Etat tchadien » se réjouit la fondatrice de l’Observateur. Mais pour elle, cette aide ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Car l’Etat ne doit pas donner d’une main pour reprendre de l’autre. « Aujourd’hui en reversant les journaux qui bénéficiaient d’un régime fiscal spécial vers la fin des années 90 et le début des années 2000, dans le régime normal des grandes entreprises, on n’est pas moins tenté de parler de l’asphyxie financière via le FISC. L’Etat doit aider à revoir cette situation », affirme Mme Sy Koumbo Singa Gali. Elle a profité de l’occasion pour remercier le Premier Ministre, chef du gouvernement, un ami de la presse qui a dès le début soutenu le journal dans ce projet. Une mention spéciale est adressée au Ministre de l’information et de la Communication, porte-parole du gouvernement qui est un jeune frère et confrère qui sans son aide matérielle et financière, cet événement n’allait pas avoir lieu.
 

 

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