Mon propos, tout en se limitant à la gestion du Personnel et des RH par l’Ambassadeur Cherif, se veut d’abord de faire appel à quelques notions de gestion administrative, ou plus largement, à celles du management, nécessaires pour le suivi de mon regard.
 
L’administration publique, par définition, constitue l’ensemble des unités institutionnelles (gouvernement, État, institutions, établissements publics). Loin de tout intérêt personnel partisan, celles-ci produisent des services non marchands (ne donnant droit à aucune contrepartie financière) ou des opérations de redistribution des revenus et des richesses nationales.
 
Leurs ressources proviennent des contributions obligatoires majoritairement. L’intérêt général : la qualification de service public est soumise au respect de critères fondamentaux. On distingue 3 principes communs à tous les services publics : mutabilité, continuité et égalité. L’intérêt général est défini comme ce qui est pour le bien public. Autrement dit, la capacité des individus exerçant dans l’administration publique à transcender leurs appartenances et leurs intérêts pour exercer la suprême liberté de former ensemble une société politique. Cette capacité est verticale et se doit d’être transmissible. Une administration compétente et apolitique est une condition d’intégrité vis-à-vis du citoyen : des motifs partisans ne doivent en principe pas interférer dans les décisions de l’administration. C’est dans cette logique, et par extension, qu’une administration supposée neutre est nécessaire pour assurer la continuité du service public en cas d’alternance politique a la tête de l’État et de changement à la tête d’une institution étatique. La compétence ou le savoir-faire professionnel est l’ensemble des connaissances acquises par un agent (sur le papier et sur le terrain) dans un ou plusieurs domaines de spécialités précisément évaluable et transmissible, mise en œuvre dans un milieu professionnel, aboutissant à la performance de celui-ci, et partant de l’institution ; la performance étant le degré d’accomplissement des objectifs poursuivis. Une institution performante doit être à la fois efficace et efficiente. Le leadership : est l’établissement de la finalité et les orientations de l’institution. La création et le maintien d’un environnement interne dans lequel les personnes peuvent pleinement s’impliquer dans la réalisation des objectifs de cette institution. L’implication du Personnel : A tous niveaux les agents demeurent l’essence même d’une institution et une totale implication de leur part permet d’utiliser leurs aptitudes au profit de ladite institution. Autrement dit, l’administration du Personnel est un moyen, en ce sens que c’est l’ensemble des tâches administratives nécessaires à la gestion des RH qui elles, sont une finalité. La gestion des RH désigne un travail de mise en œuvre de méthodes pour favoriser l’écoute, la communication et la prise en compte des aspirations du Personnel. Ce processus a pour objectif d’améliorer le bien-être des agents et la productivité de l’institution dans son ensemble. Objectivité vs subjectivité : l’objectivité s’oppose à la subjectivité. Elle s’exprime généralement en termes de neutralité, d’impartialité, de désintéressement, ou d’impersonnalité. Il s’agit d’une prise de distance du sujet vis-à-vis de lui-même. L’individu objectif est censé, au moment de porter un jugement, abandonner tout ce qui lui est propre (idées, croyances ou préférences personnelles) pour atteindre une espèce d’universalité. A l’inverse, la subjectivité permet à l’auteur d’exprimer ses sentiments personnels. Est subjectif ce qui dépend de moi ou d’un point de vue particulier. Un jugement est dit subjectif s’il reflète les passions, les préjugés et les choix personnels d’un sujet. L’imprégnation et l’appropriation de ce qui précède permettent à tout gestionnaire du Personnel et des RH de travailler en toute neutralité et par voie de conséquence dans l’intérêt commun. L’Ambassadeur Cherif Mahamat Zène est un haut cadre du MAEIATE. Et ce n’est pas fortuitement qu’il a été élevé à la dignité d’ambassadeur. Cette élévation découle logiquement de « bons et loyaux services rendus » à l’État a l’issue de son passage, d’abord à Addis-Abeba comme Ambassadeur, Représentant permanent auprès de l’UA et la CEA, puis Ambassadeur, Représentant permanent auprès des Nations Unies à New York. Ce cumul d’expériences professionnelles diplomatiques africaine et mondiale lui a valu d’être rappelé à Addis lors du mandat à la Présidence de l’UA assure par le Chef de l’État en 2016. De ce parcours, ne lui reste que le poste d’Ambassadeur, Représentant permanent auprès de l’UE à Bruxelles pour boucler son cursus diplomatique. Néanmoins, il est passé à une vitesse supérieure, celle d’être nomme ministre et d’avoir exercé à la tête du MAEIATE pendant deux années.
 
Cependant, en dépit de cette fulgurante ascension, l’Ambassadeur Cherif traine avec lui une tare dont il se départ difficilement, celle de sa mauvaise gestion du Personnel et des RH. Son péché originel est celui qui revient de manière récurrente : l’amalgame entre ses sentiments personnels et la gestion administrative du Personnel. En globalement 8 années d’exercice à la tête de l’ambassade du Tchad en Éthiopie, il a fait rapatrier de force 4 diplomates, ses collaborateurs, pour des broutilles pour la plupart, soit en moyenne 1 diplomate tous les 2 ans. J’ai été personnellement témoin oculaire et auriculaire de violences verbales, d’insanités proférées et d’agression presque physique (n’eut-été mon interposition) entre lui et l’Attache de Défense de l’ambassade. Naturellement et comme à l’accoutumée, c’est l’Attache de Défense qui en a payé les pots casses du fait des pouvoirs (démesurés) accordes aux ambassadeurs en général, lesquels en usent et en abusent à leur guise, faisant ainsi des ambassades leur propriété privée, pour ne pas dire familiale. La cause de cette incartade ayant couté le départ précipité dudit Attache est une histoire de quartier qui a été transposée à la chancellerie, entre la Secrétaire de l’ambassade et le fils de celui-là. Rien à voir avec la collaboration professionnelle entre Chef et subordonnée. Tout simplement parce que la famille de l’Ambassadeur s’en est mêlée. Mais je vous fais l’économie des faits et gestes débordants de l’Ambassadeur Cherif avec les membres du Personnel de l’ambassade (votre temps étant précieux), pour ne retenir que le dernier cas me concernant (Dieu sait s’il y en a eu plusieurs). Alors que, de mon état de 1er Conseiller à l’ambassade d’Addis, je fus appelé à d’autres fonctions, notamment en qualité de 1er Conseiller à l’ambassade à Pretoria en janvier 2017, et dans l’attente de mes frais de départ, l’Ambassadeur Cherif fait venir a Addis mon remplaçant, lui notifie une prise de service et à moi une cessation de service, en mai 2017. Ceci, en totale violation flagrante de la règle en vigueur régissant les ambassades en matière de mutation ou de rappel des membres du Personnel. Cette règle stipule, faut-il le rappeler, que le diplomate ou l’agent rappelé ou appelé a d’autres fonctions reste en poste dans l’exercice de ses fonctions jusqu’à la réception effective de ses frais de transport, de ceux des membres de sa famille et de leurs bagages. Le motif avance est que j’ai refusé de travailler. Faux. Il a cessé de lui-même de m’orienter les taches et de me donner des instructions. En fait il m’est fait le reproche de ne m’être pas pleinement investi dans un rôle de protocole lors d’une fête organisée à l’ambassade, rôle d’ailleurs ne relevant pas de mes attributions.
 
Avant la notification de cessation de service, et par l’entremise du 2eme Conseiller de l’ambassade, il me demande de libérer la résidence de l’État ou je logeais avec ma famille. Ce à quoi je n’ai pas obtempéré. Et pourtant, il a maintenu dans cette même résidence de l’État la famille du Conseiller économique lequel a été appelé il y avait belle lurette a d’autres fonctions non étatiques en dehors d’Éthiopie. Deux poids deux mesures. Suite à cette injuste notification, je lui ai adressé une lettre de rappel avec copie au SG, mettant à nu sa gestion calamiteuse du Personnel basée sur les émotions.
 
J’ai donc dû payer de ma poche ces frais pour rentrer à N’Djamena, ne pouvant aller directement à Pretoria ou mon prédécesseur attendait justement ses frais de rapatriement. Le comble, ces frais supportés par moi-même ne m’ont jamais été rembourses, au motif bancal que je n’étais pas rappelé mais appelé à d’autres fonctions. Le choix m’avait-il été offert pour faire autrement que de rentrer au Tchad ? Dans mon attente à N’Djamena de mes frais de transport pour Pretoria et de ceux de rapatriement de celui que j’y remplace, l’Ambassadeur Cherif fut nommé fin 2017 Ministre des Affaires Étrangères. Je me rappelle avoir dit au Directeur administratif et financier du ministère que Dieu m’abandonnait, à la publication du décret de nomination de mon frère-ennemi. Effectivement automatiquement, celui-ci fait suspendre en février 2018 mon salaire de diplomate d’Addis qui courait toujours, le Secrétariat General ayant fait de mon cas une entorse au principe pour ne pas couper ce salaire. 3 mois plus tard, en mai 2018, comme pour me donner le coup de grâce, le poste de 1er Conseiller à Pretoria est purement et simplement supprime, dans la foulée de la suppression d’une dizaine d’autres. Suite à cela, j’introduis une demande de reprise de service au ministère et c’est en aout 2018 qu’il me met à la disposition de la Direction générale, nouvelle version du Secrétariat général, sans fonction précise et donc sans bureau, dédaignant royalement ainsi mon grade de Ministre plénipotentiaire et mes 6 années d’expériences diplomatiques acquises à Addis. Parallèlement, il fait nommer des incompétents directeurs de service. Et même un DG qui s’est révélé incompétent et défaillant et qu’il a tôt fait de relever de ses fonctions et de muter, paradoxalement, à un autre poste stratégique. Dieu sait si pendant mon séjour à Addis j’ai contribué à bien faire fonctionner l’ambassade. Bilingue de mon état (français-anglais), j’étais au four et au moulin, presque le seul à abattre dans les deux langues la masse des tâches à accomplir dans nos relations bilatérales (Éthiopie et pays sous juridiction) et multilatérales (UA et CEA), outre les réunions a Addis et missions à l’extérieur plus leurs comptes rendus et autres rapports.
 
Je voudrais prendre ici à témoin le Personnel de l’ambassade, l’ancien CEMGA (gestion par l’ambassade et également à travers moi d’une quarantaine d’officiers tchadiens en formation en aviation militaire a Addis), et une personnalité et non des moindres, l’Ambassadeur Ahmat Awad Sakine, ancien Ministre des Finances, ancien Ambassadeur, Représentant permanent à Addis, actuellement Représentant permanent de l’UA auprès de l’UE. Venu des Finances a la diplomatie, il s’est révélé un diplomate accompli, affable, sociable et très managérial. Vivement qu’il soit nommé à New York pour parfaire son cursus diplomatique ! J’ai, en ma qualité de 1er Conseiller et adjoint de l’Ambassadeur, collabore avec lui a Addis pendant 3 années lorsqu’il y était Ambassadeur, Représentant permanent auprès de l’UA et la CEA. Contrairement à l’autre, il avait certes parfois des sautes d’humeurs comme tout humain d’ailleurs mais se ressaisissait rapidement et mettait au-devant de la scène le bien-être de l’agent et l’intérêt général au détriment du nombrilisme et de la rancune. Je signale que c’est lui, lors de son passage à Pretoria comme Ambassadeur, qui a proposé mon nom au Ministre du MAEIATE d’alors, actuel Président de la CUA, pour ma nomination comme 1er Conseiller à Pretoria. Cette expérience acquise au prix de beaucoup de sacrifices mérite-t-elle d’être balayée d’un seul coup de balai ? Que non ! En 6 années d’exercice a Addis, c’est à la fin de mon service que l’on me trouve subitement des poux dans les cheveux. Qui veut noyer son chien…, dit l’adage. Cela dit, la suppression du poste de 1er Conseiller à Pretoria ne répond à aucune justification ni logique quelconque, et donc difficilement potable à mon sens. Réduire les dépenses de l’État, me semble-t-il alors que parallèlement d’autres contradictions voient le jour, du genre la création d’une ambassade au Mali. Dans quel intérêt ?
 
Comment un diplomate avise ne peut-il pas appréhender la notion de région en Afrique dans son analyse géostratégique (Nord, Sud, Est, Ouest et Centre) ? Trois ambassades (Algérie, Égypte, Maroc) dans la seule région d’Afrique du Nord sont pourvues du poste de 1er Conseiller, sauf en Afrique australe ou l’Afrique du Sud est l’unique pays à accréditer une ambassade du Tchad. Quel est l’apport potentiel de ces pays du Nord au Tchad, dont l’Afrique du Sud en est dépourvue ? Supprimer le poste de 1er Conseiller à l’ambassade du Tchad en RSA, c’est faire preuve de cécité intellectuelle et de défaillance diplomatique.
 
Rappelons que l’Afrique du Sud est la 2eme puissance économique continentale, derrière le Nigeria, comptant à elle seule les 2/3 du PIB sous régional. En raison de sa position stratégique majeure, économique, politique, diplomatique et sécuritaire, tous les États de l’Afrique australe gravitent autour d’elle telles des satellites, notamment au sein de la SADEC, et se rallient naturellement autour de sa position pour faire bloc lors des grandes résolutions à prendre au sein de l’UA a Addis. Comment l’Ambassadeur Cherif ayant participé pendant 8 années aux assises de la CUA a-t-il pose un tel acte ? En me sacrifiant, il a sacrifié l’intérêt général. Comme il ne pouvait pas me remplacer à ce poste avant même que je ne pris fonction (cela aurait paru trop grossier) il a préféré, pour faire bonne mesure, supprimer simplement le poste. Actuellement, la 2eme personnalité de cette ambassade est le Conseiller économique. Quoique suppose haut cadre, celui-ci vient généralement du Ministère des Finances et ne saurait être une personne ressource du MAEIATE car il regagnera son ministère de tutelle a l’issue de sa relève à l’ambassade. Est-il ou seront-ils bilingues(s) pour seconder l’ambassadeur ? J’en doute fort. La réalité, la triste, est que l’Ambassadeur Cherif a assouvi sa rancœur voire sa haine à mon encontre et ce, gratuitement. Il n’a pas pu me décamper de l’ambassade d’Addis comme à son habitude. Dieu sait combien de fois il m’a poussé au bout pour pouvoir découdre avec moi, mais je ne lui ai jamais prêté le flanc, mais ai souffert atrocement intérieurement de sa collaboration. Mortel comme moi, il s’est employé à couper mon « lougouma » divin et retarder ainsi mon cursus. Mais Dieu est clément et miséricordieux car je suis d’une nature résiliente. Mon lougouma, comme le sien d’ailleurs, passera via la voix et le bras d’une tierce personne, inchallah ! Comment l’homme politique qu’il est devenu aujourd’hui, susceptible de diriger le Tchad de demain, n’arrive pas à se défaire de la subjectivité latente, persistante et manifeste qui transparait toujours dans ses prises de décision en matière de gestion des RH ? Je fais abstraction des déboires qu’ont connu les membres du bureau du syndicat du ministère, pourtant partenaire social constructif et légalement reconnu par la loi fondamentale. En fait, et pour finir, la suppression des postes et la création de nouveaux autres dans les ambassades entreprises par lui, loin de toute rationalité susceptible de bénéfice au ministère, et partant au pays, ne sont que pure supercherie.
 
Dans les nouveaux postes crées, il distille savamment ses proches. Dans ceux supprimes, sporadiquement, il restitue un poste et y place un sien. Insensiblement et dans la durée, les ambassades vont se retrouver truffées de ses parents, amis et autres proches, au détriment de beaucoup d’agents du ministère qui n’ont jamais expérimenté la vie d’ambassade et qui finiront la carrière de façon incomplète. Et pourtant, le principe de rotation leur en donne droit. Heureusement que son départ du ministère, intervenu ni très tôt ni trop tard, libère tout de même.
 

Kettong Doradji MAEIATE

<dkettong@yahoo.fr>

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